8 octobre 2001

J'ai vu mes premiers flocons de la saison aujourd'hui. La masse d'air froid et instable qui stagne sur nos régions depuis quelques jours nous a apporté ce cadeau. La chute de neige n'a duré que quelques minutes, et les flocons étaient plutôt grossiers et fondants. Étrangement, je n'ai pu m'empêcher de sortir, pieds nus, sur ma galerie, face au vent, pour les sentir fondre sur mon visage.

J'ai passé trois journées plutôt solitaires (what else is new ?). J'ai entrepris hier un travail que je remet à plus tard depuis trop longtemps. J'ai rassemblé tous les papiers qui s'accumulent chez moi depuis neuf ans: relevés de compte, talons de paye, comptes de taxes, d'électricité, de téléphone, factures diverses, etc, dans toutes sortes de piles disséminées un peu partout, et j'ai entrepris de rassembler tout ça en une seule grosse pile, pour ensuite séparer, trier et classer tout ça par catégorie et par année.

J'ai partagé mon temps des deux derniers jours entre cette tâche et travailler sur mon ordinateur avec mes outils de manipulation audio et vidéo. Seule pause: visite chez mes parents hier en fin d'après-midi, où j'ai appris de la bouche de mon beau frère qu'il risque fort de perdre son emploi à cause des fusions municipales. Great. Je me sentais presque gêné de lui parler de ma promotion après ça.

Je lisais la Scrib l'autre jour et cela m'a fait penser à une chose. J'ai souvent remarqué que certaines femmes ont tendance à confondre assurance et arrogance chez un homme. Pire: elles vont volontiers admettre que tel homme est arrogant, fendant, voire déplaisant et désagréable, et elle n'en diront pratiquement que du mal, pour finalement se retrouver au lit avec lui peu de temps après. Plusieurs de mes amies étaient comme ça il y a quelques années. Chaque fois qu'elles me racontaient une histoire du genre, ça me rendait furieux. Pour deux raisons. Premièrement, ça me rendait malade de savoir que ce trou de cul avait réussi à avoir ce qu'il voulait avec son attitude d'homme préhistorique, et que ce succès ne ferait que l'encourager dans son comportement. Ensuite, j'étais profondément déçu que mes amies aient fait preuve de si peu d'estime d'elles-mêmes en couchant avec ce prétentieux imbu de lui-même.

Et il y avait aussi une autre raison, que je suis moins fier d'admettre. Beaucoup de mes amies étaient des femmes que je désirais beaucoup. J'aurais aisément pu tomber amoureux de certaines d'entre elles. Et de voir que ces hommes chiants et arrogants réussissaient en quelques pirouettes à avoir ce que je désirais tant depuis si longtemps me mettait littéralement hors de moi.

Comprenez-moi bien. Je ne fréquentais pas mes amies seulement dans l'espoir de coucher avec elles. Mais il est vrai que je ressentais une attirance sexuelle pour plusieurs d'entre elles. J'ai toujours eu tendance à m'entourer de très belles femmes, ce qui n'aidait pas les choses, et me rendait aussi très populaire auprès de mes amis masculins célibataires. J'avais tendance à les voir comme des rapaces. Aujourd'hui, je comprend qu'ils n'étaient coupables que de vouloir la même chose que moi.

Vous savez quoi ? J'en ai marre de me sentir coupable de désirer ce que tous les hommes et femmes ont désiré à un moment ou un autre de leur vie depuis l'aube de l'humanité. J'en ai marre de tout ces putins de psys qui essaient de nous convaincre que si on n'est pas capable de sentir totalement serein dans la solitude c'est qu'on a un problème de dépendance affective. Je commence à me demander si mon problème ne vient pas davantage du fait que j'ai trop écouté ce que tout un chacun me disait pour essayer de comprendre ce que je devrais être, qui je devrais être.

Merde, j'ai pas envie d'être tout ce que les autres veulent que je sois. Je veux être moi. That's it, that's all.

La passion m'a tellement fait souffrir au fil des années que je l'ai lentement étouffée en moi. Et maintenant j'ai peur, peur de ne plus pouvoir la ressentir, peur de ne plus pouvoir me le permettre.

Quand la passion n'est plus, que nous reste-t-il ?


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