22 novembre 2001

Bordel de maudite soirée de merde. Putain que j'en ai marre.

Mais c'est pas normal de toujours se faire chier chaque fois qu'on se retrouve avec son groupe d'amis, merde de merde ! Des amis, c'est supposé nous faire nous sentir bien, pas mal !

Pour faire une histoire courte, on peut résumer en disant que j'ai passé toute l'ostie de soirée à regarder une chandelle sur une table.

J'avais pourtant fait des efforts pour réaménager mon horaire de travail, pour avoir assez de temps pour ce petit souper en l'honneur de l'anniversaire de Copine, parce que c'est mon amie et que je l'aime. La réservation était pour 18h30 dans un chic restaurant. J'avais déjà averti tout le monde que je ne resterais probablement pas tard, car la nuit passée était ma première bonne nuit de sommeil depuis un certain temps et je voulais en faire suivre quelques autres comme ça afin d'être en pleine forme samedi. Je voulais quitter à 21h au plus tard.

Tout le monde était à l'heure au resto. 18h30.

On a reçu nos entrées à 20h30.

Et pendant ces deux heures je n'ai pratiquement parlé à personne. Tout le monde parlaient entre eux de choses qui ne m'intéressaient pas, ou dont je n'étais tout simplement pas au courant. Et de toute façon, je n'arrivais même pas à comprendre les conversations; j'étais assis au bout de la table, la musique dans les oreilles, et je n'entendais strictement rien de ce qui se disait à l'autre bout. Heureusement que Salma, qui semblait se sentir un petit peu exclue elle aussi, échangeait quelques mots avec moi à l'occasion.

Et devinez qui était assis juste en face de moi ? JG ! Bordel, plus le temps passe, plus il m'énerve celui-là. Il essayait de me faire la conversation, naturellement, et moi je n'en avais rien à foutre. Et j'étais là, comme un beau con, à essayer de faire suivre une conversation qui ne me disait strictement rien, à faire semblant de rire de ses farces insignifiantes.

Et il y avait toujours cette culpabilité d'être encore une fois le casseur de party, l'air bête qui gâche le fun de tout le monde.

Voyons les choses en face bordel de merde ! Ça fait plus d'un an que je fréquente ce groupe de pseudo amis. Il me semble que je devrais peut-être commencer à me sentir bien avec eux non ?! Je sais ce que c'est, me sentir bien avec des gens, ça m'est déjà arrivé vous savez !

Alors pourquoi est-ce que je continue à me fendre le cul pour essayer de trouver ma niche parmi eux, en culpabilisant sur mon incapacité à y arriver, en me culpabilisant moi-même en me disant que tout est de ma faute, que c'est moi qui n'est pas correct ?

C'est pas ça l'amitié, bordel de merde !

J'SUIS PAS BIEN AVEC EUX ! MERDE !!

Dans le fond, il n'y a que Copine et Lolita avec qui j'ai envie d'être. Les autres, j'en ai rien à cirer !

Et encore, parlons-en de Lolita. Il y a des périodes où on est vraiment bien ensemble, où nous partageons une belle complicité, où une belle énergie circule entre nous. Et puis il y a d'autres fois où nous ne sommes absolument pas sur la même longueur d'onde, où tout ce qu'elle peut dire me semble totalement con ou totalement déconnecté de la réalité.

Je crois que mon plus gros problème avec Lolita, c'est que je ne m'affirme pas suffisamment face à elle. Lorsque nous sommes du même avis ça va, mais dès qu'elle se met à délirer sur des choses totalement "space", j'ai beau essayer d'être ouvert d'esprit, mais là je décroche complètement. Et au lieu de lui exprimer clairement mon opinion, je hoche la tête, pour ne pas la froisser, pour rester dans ses bonnes grâces, et j'essaie de me convaincre que c'est moi qui n'est pas normal, que je suis trop rationnel, trop cartésien, trop étroit d'esprit, pas assez ouvert...

Et j'en ai marre de ça aussi !

D'ailleurs, vous savez la chose la plus agréable qu'elle m'a dit durant le souper ce soir ?

"Ben voyons Laqk, es-tu parmi nous ?"

Et ce, sur un ton légèrement agressif, presque méprisant.

Tout ça pour dire que lorsque j'ai eu fini mon repas, vers 21h45, j'en avais vraiment marre. J'ai demandé l'addition et je suis parti alors que les autres entamaient le dessert. Copine a vraiment eu l'air déçue de voir que je m'étais emmerdé toute la soirée (elle au moins, elle me connaît suffisamment pour avoir daigné le remarquer), et je me sentais mal pour elle, car j'aurais aimé pouvoir lui offrir ce que j'ai de mieux à offrir pour cette occasion spéciale. Mais j'en ai marre de toujours me sentir comme si tout était de ma faute tout le temps. Autrefois, je blâmais l'univers entier pour tous mes malheurs. Avec les années j'ai appris à reconnaître mes torts, à voir les choses dont j'étais moi-même responsable et qui me rendaient malheureux. Mais bordel de merde, faudrait pas tomber dans l'autre extrême et croire que tout est de ma faute !

Et comme si la soirée n'était pas suffisamment merdique comme ça, je n'avais même pas assez d'argent liquide sur moi pour payer le putain de stationnement de merde ! Il a fallu que je redescende de ma voiture et que je retourne dans l'édifice du resto pour retirer de l'argent au guichet automatique.

Théoriquement, je reçois chez moi le même groupe, samedi soir prochain pour passer le cap de mes quarante ans. J'ai bien envie de tout foutre en l'air tiens, de tous les envoyer paître, de tout annuler. C'est mon anniversaire bordel ! Pourquoi est-ce que je serais obligé de le passer en compagnie de personnes qui me font chier ?!

Soit j'annule tout, soit je dis à tout le monde que j'annule et je recontacte seulement les personnes avec qui j'ai envie d'être.

En plus, je voulais profiter de cette soirée pour présenter Lola à mon groupe, mais est-ce que j'ai vraiment envie de la leur présenter ? Il n'y a que Copine dont j'ai vraiment envie qu'elle fasse la connaissance, et peut-être aussi Lolita. Mais dans le cas de cette dernière, si je veux vraiment en venir à entretenir une relation saine avec elle, il va vraiment falloir que j'apprenne à m'affirmer devant elle, à dire ce que je pense et ressens, que ça lui plaise ou non.

Je vais me laisser la nuit pour refroidir un peu. Après on verra.

J'étais furieux parce que le service minable auquel on a eu droit au resto m'empêchait d'aller au lit à l'heure que j'avais planifiée. Et pourtant, une fois arrivé ici, j'ai pris un bon trois quart d'heure de plus pour écrire ce billet et le mettre en ligne. Mais c'est pas grave. Il fallait que ça sorte, comme ça, sur le vif. Je ne voulais pas trouver le sommeil sans avoir sorti ces idées noires de ma têtes, sans les avoir partagé avec vous, mes lecteurs et lectrices, les seules personnes à qui je peux vraiment me sentir libre de me montrer tel que je suis, autant dans ma magnificence que dans mon ignominie.


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