26 novembre 2001

Ben non, je n'ai pas écrit le jour de mon anniversaire. Sue me.

Voilà, c'est fait, c'est derrière moi, j'ai passé le cap de la quarantaine. La trentaine est maintenant terminée. Bon débarras. Ce ne furent certainement pas mes meilleures années et je ne les regretterai pas.

Merci à tout ceux et celles qui m'ont envoyé un petit mot. J'ai beau dire que je n'accorde habituellement que peu d'importance à mon anniversaire, n'empêche que cette date est quand même un rappel que le temps passe (trop vite), et cette année elle revêtait une importance toute particulière. Alors vos bons voeux m'ont fait du bien.

Une lectrice m'a rappelé à l'ordre samedi. J'ai repris brièvement contact avec cette nature que j'aime tant mais dont je me détache toujours trop à l'arrivée de l'hiver. Je suis sorti pieds nus dans l'herbe longue et les feuilles morte, jusque sur le bord du lac. Le fond de l'air était doux et humide, il n'y avait aucun vent. Sur l'autre rive, quelqu'un faisait brûler des branches mortes et l'odeur de ce feu parvenait jusqu'à mes narines.

Et puis les castors sont de retour. Il y a quelques années de cela ils avaient coupé les quelques saules qui poussaient sur mon terrain, juste sur la rive du lac. Mais ces arbres avaient drageonné depuis et les nouvelles pousses atteignaient maintenant au moins trois mètres de hauteur. Et bien les petites (sales) bêtes sont venus les couper à nouveau, si bien que me voilà encore privé de mon intimité sur le bord du lac. Tant pis. Il y a des années que je n'ai plus honte de montrer mon corps nu et je n'ai aucune intention de recommencer à me sentir pudique.

Mais la bronzette et la baignade nu devront attendre à l'année prochaine.

Finalement nous ne fûmes que cinq à ma soirée d'anniversaire. Copine, qui avait offert de s'occuper des invitations car elle connaissait mon horaire très chargé des deux dernières semaines, semblait mal à l'aise de m'énumérer la courte liste des personnes qui avaient confirmé leur présence, d'autant plus qu'elle savait bien qu'il ne s'agissait pas là des personnes que j'avais le plus envie de voir. Lolita était à Montréal, Lola a décliné l'invitation car elle avait une grosse journée de travail dimanche (et oui, il n'y a pas que moi qui travaille les fins de semaine), et pour ce qui est de Nikita, elle est sur le dernier droit de sa grossesse et se sentait vraiment trop fatiguée.

Copine semblait vouloir faire des téléphones de dernière minute pour tenter de rejoindre d'autres personnes mais je lui ai dit de laisser faire, que ce serait aussi bien ainsi.

Et effectivement ce fut bien. Nous n'avons pas dansé, je ne suis pas tombé en transe et n'ai pas connu l'extase, mais ce fut une soirée fort sympathique. Nous avons ri, bu du porto, parler de sexe et regarder un film. Ce que j'ai surtout remarqué, c'est l'absence totale d'anxiété de ma part, un bien-être et une détente totale. La raison ? Elle était assez évidente: l'absence de Lolita. J'ai beau aimer cette femme, nos façons radicalement différentes de voir le monde sont souvent source de stress, de frictions retenues et de non-dits dont je me suis fort bien passé.

Elle m'a laissé un message sur mon répondeur ce matin, dans lequel, entre autre, elle me souhaitait bon anniversaire et espérait que j'avais passé une belle fin de semaine. Que des choses gentilles finalement, mais il y avait quelque chose dans le ton de sa voix, quelque chose d'indéfinissable, de presque sarcastique, qui m'a laissé un goût amer. Ce message, qui se voulait gentil et qui était supposé me faire du bien, m'a mis dans un mauvais état pendant plusieurs heures. Si vous ne l'aviez pas déjà deviné, ma relation avec cette femme commence à prendre une tournure particulièrement malsaine. Il va vraiment falloir y voir. Nous allons devoir nous asseoir l'un en face de l'autre et avoir une bonne conversation. Contrairement à Consoeur, et heureusement pour elle comme pour moi, Lolita est une femme qui ne recule pas devant ce genre de mise au point. Au contraire, elle déteste les malentendus et se montre toujours disponible pour les résoudre.

Tiens, parlant de Consoeur. Le hasard (?) a voulu que ce midi, alors que nous revenions d'un dîner avec une collègue qui reprenait aujourd'hui le travail après un long et fabuleux voyage, la voiture dans laquelle nous prenions place passe juste à côté de Consoeur et de l'amant présumé qui prenaient leur traditionnelle marche du midi ensemble. J'ai pu aisément lire l'expression de son visage lorsqu'elle m'a reconnu dans la voiture. Quand je suis allé remplir les bidons de l'humidificateur en fin d'après-midi, je fus surpris de la voir sortir de son local pour venir à ma rencontre et me souhaiter un joyeux anniversaire. Elle ne m'a cependant pas fait la bise. C'était déjà un bien gros effort de sa part de prendre ainsi l'initiative. Elle a même osé prolonger un peu la conversation, me demandant comment s'était déroulée ma fin de semaine et si j'avais fait quelque chose de spécial. J'ai fait preuve de bonne volonté et j'ai laissé tomber mes barrières habituelles pour essayer de créer l'atmosphère la plus détendue possible dans les circonstances. Même si je n'y crois plus vraiment, nous devrons tous les deux mettre de l'eau dans notre vin si nous voulons en arriver un jour à renouer des relations plus ou moins normale.

N'empêche que si je n'étais pas allé à sa rencontre au laboratoire, jamais elle n'aurait pris l'initiative de venir à la mienne en descendant me voir, en m'appelant, ni même en m'envoyant un simple courriel. Elle n'en est pas encore rendue là.

Et puis je m'en voudrais de ne pas mentionner mon plus beau cadeau d'anniversaire: ce téléphone de ma petite Alegria adorée, ces quarante-cinq petites minutes de pur bonheur, comme j'en connais rarement ces temps-ci. Nous avons encore fait des plans pour nous revoir d'ici les fêtes, ce qui risque de ne pas être évident encore une fois, pour toutes sortes de raisons dont je vous ferai grâce. Mais nous y tenons beaucoup, alors je suis sûr que nous pourrons nous arranger.

Ah oui: Salma me donnait trente ans. Chouette.


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