6 octobre 2001

Je suis en train de regarder "Alien, résurrection". Très bon effets spéciaux. Le sang a l'air vrai. Les tripes aussi. Mais totalement inintéressant. Tout le monde se fait tuer et on s'en fout. Un peu comme "Jurassic Park 2". Bref j'ai baissé le son pour ne pas me faire distraire de l'écriture de mon journal. J'aurais pu changer le poste aussi. Ou alors éteindre la télé.

Enfin.

Je travaillais devant mon ordinateur ce matin quand tout à coup, j'entend un pic qui frappait sur le coin de la maison. Je ne pouvais le voir par aucune de mes fenêtres. J'ai alors ouvert ma porte-patio doucement, très doucement. Il continuait à frapper. J'ai sorti la tête lentement, avec l'intention de m'approcher du coin de la porte, et j'ai vu une petite tête d'oiseau surgir du bord du mur et me regarder droit dans les yeux. C'était tellement drôle ! Il était à une cinquantaine de centimètres à peine de mon visage !

Inutile de dire qu'en moins d'une seconde il avait filé pour aller se percher sur le tronc d'un de mes arbres, où il est resté un long moment à m'observer.

Et moi, j'arborais un beau sourire.

C'est une journée typique d'automne aujourd'hui. Les quatre ingrédients principaux étaient là: grisaille, vent, pluie, froid.

Alors que j'étais dans mon bain tout à l'heure, dans le silence et la solitude, je repensais à l'état dans lequel je me trouvais quand j'étais en dépression, cette angoisse atroce qui m'étreignait, et j'essayais de comprendre pourquoi je ne ressens plus cette même angoisse maintenant. La situation était pourtant similaire: je suis seul, je m'ennuie, je me sens prisonnier de ma condition.

D'aussi loin que je peux me rappeler j'ai toujours vécu dans l'attente de l'avenir. On nous dit qu'il faut apprendre à vivre dans l'ici et maintenant, à savourer l'instant présent. Mais dans mon cas, le présent est presque toujours synonyme d'ennuie. Je vis toujours dans l'attente de quelque chose: la prochaine sortie entre amis, la prochaine fin de semaine, la prochaine journée de soleil, le prochain voyage.

Pourtant, quand l'instant présent est agréable, je n'ai aucune difficulté à m'y plonger pleinement, à en savourer chaque seconde.

C'est juste que ces périodes sont si rares.

Quel est donc la différence entre les périodes dépressives et celles où je ne le suis pas ?

L'espoir.

Quand je suis en dépression, je m'ennuie, je suis mal, et dans ma tête je ne peux plus rien imaginer, rien anticiper qui pourrait me sortir de ce mal de vivre. J'ignore si vous pouvez seulement commencer à imaginer l'intensité de l'angoisse dans lequel cet état nous plonge.

Moi si. Facilement même.

Alors que quand je ne suis plus dans cet état, même si je vis un moment qui me déplait, je peux m'enfuir dans mon imaginaire, penser à mon prochain voyage, à la prochaine fois où je contemplerai le doux visage d'une de mes charmantes amies, au moment où je rencontrerai celle qui deviendra peut-être ma compagne de vie.

Je ne sais pas aussi si vous pouvez imaginer ce qu'on ressent quand on se rend compte qu'on commence de plus en plus à développer des sentiments pour une femme, mais que si on laissait ces sentiments évoluer en amour, ce serait un amour impossible et fort probablement non partagé.

Lolita et moi n'en sommes pas du tout rendu au même point sur le plan relationnel. Elle a déjà vécu une vie amoureuse assez remplie, avec deux relations stables de plus de cinq ans chacune. Ce qu'elle recherche, c'est un homme stable, mature, qui la fera vibrer spirituellement et avec lequel elle pourra avoir des enfants et fonder une famille.

Ça ne me ressemble pas beaucoup ça.

Alors même dans l'éventualité très improbable où elle tomberait amoureuse de moi, je ne ferais que la retarder dans son cheminement personnel. Elle devrait attendre après moi, attendre ma propre évolution, et remettre à plus tard tous ses projets d'avenir pour cette raison. Je serais un boulet à son pied.

Je ne suis pas ni ce qu'elle veut, ni ce dont elle a besoin.


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