15 octobre 2001

Première journée à vous écrire à l'aide de mon écran neuf de dix-sept pouces. Je sais que j'avais dit que je ne ferais plus aucune dépense pour l'informatique pour un bon bout de temps, mais je me suis dit que si je voulais vendre mon ancien ordinateur, il fallait bien que je fournisse un écran avec, et comme je n'en avais qu'un seul, aussi bien donner mon vieux et m'en acheter un neuf.

C'est étrange comme cette fin de semaine marquée par la nostalgie fut également rehaussée par la compagnie de mes deux seules racines restantes. D'abord Lola qui m'a appelé à l'improviste vendredi soir. Ce fut toujours aussi agréable d'échanger avec elle. Elle a beaucoup été marquée par les évènements du 11 septembre et je crois qu'elle avait besoin d'en parler.

La relation entre Lola et moi est vraiment la meilleure preuve que deux personnes qui le désirent vraiment et qui sentent une profonde affinité l'un envers l'autre peuvent faire marcher une relation. Lorsque nous nous sommes connus il y a onze ans, nous avions deux cultures personnelles très différentes, ce qui entraînait souvent des malentendus. Nous avons dû, au fil des mois, nous construire un langage commun pour arriver à nous rejoindre.

Cependant, je m'inquiète un peu pour elle ces temps-ci. Je remarque qu'elle a beaucoup tendance à s'isoler, à se replier sur elle-même depuis quelques mois. Elle qui avait toujours mille aventures abracadabrantes à me raconter lorsque nous ne nous étions pas vu depuis quelques semaines à peine, ses expériences se limitent presque exclusivement à son travail depuis plus d'un an. Ce n'est pas la Lola que je connais de se complaire de la sorte dans l'isolement. Elle est trop belle, trop intelligente et trop talentueuse pour se limiter de la sorte.

Mais au fond, je ne devrais pas m'inquiéter. Lola a vécu tant de choses, subit tant d'épreuves et de difficultés qu'elle a traversé avec brio, qu'elle n'a certainement pas de leçons à recevoir de moi en ce qui a trait à sa façon de vivre sa vie. Elle pourra toujours compter sur mon indéfectible amitié pour l'accompagner dans son cheminement de vie, quel qu'il soit.

Mon ami d'enfance m'a aussi appelé dimanche matin, et nous avons passé l'après-midi ensemble à nous balader dans la nature et à nous émerveiller devant les ossements d'un jeune orignal probablement happé par une voiture et précipité au fond d'un ravin en bordure de la route.

J'ai menti avant hier, en disant que de l'époque de mes vingt ans il ne me restait rien. Je connaissais déjà assez bien cet ami d'enfance à cette époque, même si nous ne nous fréquentions pas beaucoup. Ce temps passé avec lui hier, les conversations que nous avons eu, les souvenirs que nous avons échangé, m'ont aidé à me ressourcer un peu, à mettre de l'ordre dans mes pensés, à y voir plus clair sur ce que je désire vraiment et sur la façon dont je veux vivre le reste de ma vie.

J'aimerais bien que Lolita en fasse partie. Je ne sais trop comment ni sous quelle forme, mais je sais que notre rencontre n'a pas été fortuite, que nous avons quelque chose à apprendre l'un de l'autre. Je ne sais pas encore quoi ni comment. L'avenir nous le dira.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]