9 septembre 2001

La journée ne s'est pas du tout déroulée comme je l'aurais souhaité.

Ce matin, j'ignore pourquoi, j'ai eu envie de reprendre contact avec la soeur de l'ancien chum de Cousine. Malheureusement, le numéro de téléphone que j'avais n'était plus le bon.

Puis, tout à coup, j'ai pensé à CaroLargo. Il y avait une éternité que je n'avais pas eu de ses nouvelles. La journée était si chaude, si magnifique, je me disais que ça aurait été bien de la passer en sa compagnie et de prendre de ses nouvelles, question de savoir où elle en était rendu dans sa carrière et dans sa vie en général. Nikita m'a donné son numéro de téléphone et je l'ai donc appelé.

Elle semblait totalement ravie (et très surprise) d'avoir de mes nouvelles. Je lui ai proposé de me rendre visite (elle s'est prise un appartement non loin de chez moi). Ayant beaucoup de travail à faire en préparation de son emploi qui commence demain, elle m'a dit qu'elle ne pourrait être chez moi qu'en milieu d'après-midi. Qu'à cela ne tienne, j'en ai donc profité pour alterner entre bronzage au soleil et un ménage bien nécessaire. Finalement, elle m'a rappelé pour me dire qu'elle n'aurait pas fini son travail avant l'heure du souper. Nous avons convenu d'essayer de nous voir un soir cette semaine.

Je me suis donc dit que je pourrais profiter du reste de l'après-midi pour aller cueillir des mûres dans ce petit coin que moi seul connaît. Grosse déception en arrivant sur place, les mûriers avaient été complètement dévalisés, et apparemment depuis un certain temps. Pas un seul petit fruit en vue. Ça m'apprendra à toujours remettre à plus tard...

Depuis plusieurs matins maintenant, je me réveille en entendant le chant du huard. Il semble qu'il n'ait pas encore décidé de partir rejoindre ses ti-namis sur la côte est américaine. Ce soir, j'ai décidé de lui rendre visite.

Je glissais sur l'onde à bord de mon canot lorsque j'ai aperçu une silhouette solitaire au loin. Après m'en être suffisamment approché j'ai immédiatement reconnu l'allure caractéristique d'un huard. Il ne m'a cependant pas laissé l'approcher et est disparu sous l'eau, pour réapparaître quelques minutes plus tard derrière moi. Ils font toujours ça les huards. Quand ils plongent, bien malin est celui qui peut dire où ils réapparaîtront.

J'ai continué ma ballade jusqu'à l'autre bout du lac. Une légère brise descendant des montagnes soufflait dans mon dos, et pendant un long moment je n'avais même plus besoin de ramer. La brume d'humidité flottant dans l'air donnait au paysage une allure absolument féerique. J'aimerais avoir assez de talent pour trouver les mots qui rendraient justice au paysage qui défilait lentement devant mes yeux.

Plus le temps passait et plus le ciel s'assombrissait. Je commençait à voir quelques petites chauve-souris glisser au dessus de la surface de l'eau. Alors que je revenais vers chez moi, toute la magnificence de ce paysage noyé dans la brume s'étalait devant mes yeux. À ma droite, je regardais cette maison sur le bord de l'eau. Éclairée de l'intérieur, on pouvait très bien voir à travers les grandes baies vitrées l'éclairage incandescent se reflétant sur les chaudes boiseries. Puis deux ombres, deux silhouettes, celle d'un homme prenant son jeune fils dans ses bras pour le monter à l'étage. C'est exactement le genre de maison que je désire: Plafonds hauts, mezzanine, aires ouvertes, deux étages, façade entièrement vitrée du toit aux fondations.

Et puis les montagnes devant moi, noyées dans la brume... les silhouettes des arbres se découpant sur un ciel blanchâtre de plus en plus sombre. J'étais à quelques dizaines de mètres de la rive quand une demi-douzaine de chauve-souris se sont misent à danser autour de mon canot, leur vol silencieux suivant à la perfection le contour de ma propre silhouette ainsi que celle de mon canot. Ma surprise initiale fut bien vite remplacée par un large sourire qui se dessina sur mon visage. Leur ballet aérien se prolongea en silence puis elles disparurent comme elles étaient venues. J'allais accoster dans la pénombre, lorsque je me retournai une dernière fois pour regarder le lac, et je vis, en contre-jour de la blancheur de l'eau reflétant le ciel, la silhouette du huard qui glissait lentement sur l'onde...

Après avoir grimpé mon canot sur la rive, j'entendis, par les fenêtres ouvertes de la maison de mes voisins, les rires de la gardienne qui s'amusait avec leur bambin. Et à ma grande surprise j'esquissai un sourire...

Bon sang mais que m'arrive-t-il donc ?

Et pour couronner le tout, l'une de mes plantes avait profité de l'occasion pour fleurir et embaumer tout mon salon de son parfum délicat.

Disons que cette soirée a sauvé ma journée.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]