16 septembre 2001

À lire tout ce qui s'est écrit au cours des derniers jours sur la tragédie du World Trade Center, à entendre tout ce qui s'en est dit, j'en viens presque à me sentir mal de ne pas être personnellement plus affecté que cela par cet évènement. Peut-être est-ce parce que j'ai tellement appris au fil des années à me détacher rapidement des évènements tragiques de ma vie que cela ne se manifeste plus seulement dans ma vie personnelle.

Petite randonnée en forêt hier avec de nombreux amis. Le sujet a bien sûr alimenté les conversations, surtout en fin de journée. J'essayais d'expliquer mon point de vue à Lolita, de lui faire comprendre que je refusais de laisser cet évènement tragique m'affecter davantage que les dizaines, voire les centaines d'autres évènements tout aussi tragiques qui ont eu lieu par le passé et qui ont à peine fait les manchettes.

Pas que j'essaie de minimiser l'ampleur du drame qui s'est déroulé pratiquement sous nos yeux cette semaine, loin de là. C'est surtout que je refuse de me laisser accorder plus d'importance à ces morts-là qu'à tous les autres morts qui se déroulent dans des circonstances tout aussi tragiques un peu partout dans le monde. Je refuse d'avoir dans ma tête deux catégories d'êtres humains: ceux dont le sort me touche et ceux dont le sort m'indiffère.

Un mort est un mort. Un homme qui fouille les débris de ses mains pour retrouver un proche disparu; une femme qui relit encore et encore la dernière lettre de son conjoint avant qu'il ne périsse dans une catastrophe; un enfant éploré qui hurle en vain au milieu d'une rue déserte le nom de sa mère; tout ces scénarios sont des drames qui arrivent quotidiennement partout de par le monde, dans tous les pays, à des gens de toutes races et de toutes croyances.

Quotidiennement.

Mais pendant que vous lisez ces lignes, il y a en ce moment sur la planète des millions de couples qui se serrent l'un contre l'autre, des millions de père qui soulèvent en riant leur fils à bout de bras, des millions de baisers, de caresses, d'orgasmes, des millions de mères qui bordent leur enfant et l'embrassent sur le front en lui souhaitant "bonne nuit mon chérie" dans des centaines de langues différentes, mais avec la même lumière dans le regard.

Nous sommes beaux et pleins d'amour. Ne l'oublions jamais.


Lolita, Nikita et CaroLargo avaient aussi une quatrième colocataire à Montréal cet hiver. Je n'en ai pas parlé ici car je la connaissais très peu, ne l'ayant rencontré qu'une seule fois. Elle était avec nous hier, en randonnée, avec son nouveau chum. Ils ne se connaissent que depuis quelques semaines, s'étant rencontrés en voyage.

Elle devait partir à nouveau en voyage la semaine passée. Ce voyage était prévu depuis longtemps. La rencontre fortuite de sa nouvelle flamme l'a incitée à retarder son départ de quelques semaines.

L'un des vols qu'elle devait prendre était le vol 11 en provenance de Boston qui s'est écrasé dans l'une des tours du World Trade Center.


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