25 septembre 2001

Fin de semaine qui a brassé beaucoup d'émotions, fait ressortir beaucoup de vieilles peurs que je n'avais pas senti depuis longtemps. Toutes aussi ridicules les unes que les autres bien sûr.

Le souper chez le conjoint de notre hôtesse a bel et bien eu lieu. Douze personnes, pour la plupart des anciennes collègues d'étude de Lolita et Hôtesse2 (je l'appellerai ainsi puisque le pseudonyme est déjà utilisé).

Que ce soit pendant le souper lui-même, la soirée qui a suivi, ou plus tard quand quelques uns d'entre nous sommes sortis dans un bar, je ne compte plus le nombre de fois où je me suis senti si mal, si pas à ma place, si complètement "misfit" que j'ai bien failli prendre Lolita à part et lui annoncer discrètement que je partais, tout simplement, et qu'elle se débrouille pour trouver quelqu'un avec qui revenir le lendemain.

Bien sûr, je ne pouvais blâmer qui que ce soit d'autre que moi-même pour l'état dans lequel j'étais. Tout le monde était extrêmement gentil avec moi.

Je n'étais pas particulièrement fier de la façon dont je me sentais. Et bien sûr ça n'aidait pas les choses. J'avais l'impression que c'était écrit sur mon visage, que tout le monde pouvait s'en apercevoir.

Ce dont je suis fier par contre, c'est de ne pas avoir cédé à la panique, d'être resté sur mes positions, de m'être lentement mais sûrement mêlé aux conversations, et somme toute de m'être fort bien intégré au groupe.

Décidément, je fais des progrès.

Mais je n'ai pu que constater encore une fois à quel point je suis totalement mésadapté socialement. Comment aurais-je pu avouer publiquement, devant tous, que je ne savais ni comment faire des sushi, ni comment apprêter une mangue ?

Plus tard en soirée, quand tous les invités étaient partis et que Lolita, Hôtesse2, son conjoint et moi nous apprêtions à aller dormir, les deux demoiselles m'ont fait remarquer le plus diplomatiquement possible que j'avais une façon très dévalorisante de me présenter aux gens. Et c'est vrai, j'agis toujours ainsi quand je ne me sens pas à ma place.

Encore besoin de travailler sur mon estime de moi.

Anecdote: À un certain moment durant la soirée, Lolita m'a présenté à tous comme étant son nouveau conjoint. Devant l'air hébété d'Hôtesse2, elle a tôt fait de préciser qu'elle plaisantait. Il faut dire que moi aussi j'avais l'air plutôt étonné...

Anecdote 2: Le lendemain matin, nous devions aller bruncher les quatre ensemble. Seuls Hôtesse2 et moi n'avions pas encore pris notre douche, car nous avions céder notre tour à l'une des colocataires de son conjoint qui avait un rendez-vous (et qui, par surcroît, était chez elle après tout). S'étant douchée la veille, Hôtesse2 ne désirait que se rafraîchir un peu.

J'ai donc pris possession de la salle de bain, au milieu de laquelle trônait une belle baignoire sur pied surmontée d'une pomme de douche, mais sans rideau. Une minute plus tard, on frappe à la porte, et j'entend la voix d'Hôtesse2 qui lance:

- Laqk ?

- Oui ? Lui répond-je.

- Est-ce que je peux entrer ?

Un peu surpris, je ne dis mot. Devant mon silence, elle précise:

- Je veux juste me rafraîchir un peu. Est-ce que ça te dérange que je le fasse pendant que tu prends ta douche ?

Je pouvais difficilement dire oui, étant donné que mon aise avec la nudité est bien connue.

Je l'ai donc laisser entrer et nous avons jaser un peu pendant qu'elle faisait une courte toilette et que je prenais ma douche. L'expérience était un peu étrange pour moi. Quand à Hôtesse2, je crois qu'elle désirait satisfaire une certaine curiosité à mon endroit.

Voilà, c'est fait.

Beaucoup de brasse-émotions aussi sur le chemin du retour, alors que Lolita et moi y allions à tour de rôle de confidences intimes et de partage de vieux souvenirs douloureux enfouis depuis longtemps dans nos mémoires.

Lolita est heureuse. Et moi, pas encore.

Pourquoi un oiseau voudrait-il s'encombrer d'un boulet à son pied ?

Pourtant, elle m'aime bien, Lolita.

Et moi, je l'aime bien aussi.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]