13 août 2002

Vous savez à quoi je pensais vendredi soir dernier alors que je faisais du canot ? Je faisais le bilan de mes échecs amoureux depuis que j'ai commencé à écrire ce journal, c'est à dire ceux dont vous avez été témoins.

Voyons donc... j'espère que je n'en oublierai pas. Il y a eu: Consoeur, Nikita, Lolita, Cousine, et plus récemment, la collègue avec qui je m'entend si bien et ma nouvelle collègue.

Que dites-vous ? Il est prématurée de catégoriser ces deux dernières comme des échecs ?

On va régler ça tout de suite.

D'abord ma nouvelle collègue: je lui ai effectivement réitérer mon invitation à venir faire du canot chez moi la semaine dernière. Ne pouvant me donner une réponse sur le champs, elle m'a dit qu'elle m'en reparlerait le lendemain.

Elle ne m'en a pas reparlé le lendemain. Ni le surlendemain. Ni hier. Ni aujourd'hui.

Je crois que le message est clair.

La collègue avec qui je m'entend si bien: Je voulais en avoir le coeur net. Je déteste le non-dit. Hier soir, je l'ai invité à venir passer la soirée chez moi, pour faire du canot, pour lui permettre d'échapper pendant quelques heures à l'étuve de son appartement, pour créer une occasion de nous voir en dehors du travail, d'échanger sans se sentir coupable de le faire pendant les heures de bureau. Elle a refusé, prétextant la fatigue.

Ce soir avant de partir, j'ai renouvelé mon invitation. Visiblement mal à l'aise, elle a de nouveau décliné mon offre, en précisant cette fois qu'elle était "bookée" toute la semaine (dans le but évident de m'empêcher de réitérer mon invitation demain, après demain, etc.). Puis, elle a immédiatement ajouté:

- Tu sais, d'habitude, dans ma vie, c'est moi qui fait les invitations...

Puis, après une courte pause:

- Laisses-moi te faire signe.

Cette dernière phrase, elle l'a rajouté par politesse bien sûr, pour me ménager un peu. Car nous savons tous qu'elle ne me fera jamais signe.

Ici encore, le message est on ne peut plus clair. Nous sommes des collègues de travail, et nous resterons des collègues de travail. That's it, that's all.

Et même si par miracle elle me faisait une invitation à court ou moyen terme, et bien ce sera moi qui refuserai. Parce que j'en ai marre de me faire trop mal dans cette histoire.

En conclusion: six échecs en deux ans et quelques mois. Et zéro réussites. Je vous met au défit de trouver pire looser dans votre entourage, vous n'y arriverez pas.

Et ça, c'est seulement depuis que j'écris ce journal. Je vous fais grâce de la liste exhaustive de tous mes échecs amoureux des dix dernières années.

En fait, ce qui est un miracle, c'est que je crois encore en la possibilité de connaître une vrai et authentique relation amoureuse de mon vivant. J'y crois juste un peu, un tout petit peu, à peine en fait, mais j'y crois tout de même.


Finalement, la collègue avec qui je m'entend si bien a bien fait de refuser mon invitation lundi soir, car nous n'aurions pas pu faire de canot. Si vous voulez avoir une idée de ce dont a l'air la Bosnie, venez faire un tour chez moi.

Hier soir, à 19h15, un orage cauchemardesque s'est abattu sur mon petit coin de paradis. Jamais je n'avais vu ça en dix ans. Des trombes d'eaux sont tombées avec une telle intensité qu'on se croyait en pleine tempête de neige. Je ne voyais plus ni le lac, ni l'autre côté de la rue, ni aucun de mes voisins. La pluie était accompagnée de vents ouragantesques qui ont tout dévasté dans mon quartier, déracinant des arbres, certains centenaires, arrachant des branches, emportant boîtes à malle et meubles de patio. Un véritable enfer. Aucune description ne peut rendre justice à un tel niveau de destruction. C'était vraiment terrifiant de voir des arbres de plusieurs dizaines de mètres se courber de quarante-cinq degrés sous la force des vents.

Ça a duré un grand total de cinq minutes.

Tout de suite après l'averse, tout les gens du quartier sont sortis spontanément de chez eux, comme pour voir de leur propres yeux l'ampleur des dégâts, comme pour s'assurer qu'ils n'avaient pas rêvé. Mon voisin a perdu trois arbres, l'un d'entre eux cassé en plein milieu comme un cure-dent. J'ai été plus chanceux: aucun dégât chez moi, même si mon terrain était littéralement jonché de branches cassées et de feuilles arrachées. Je suis allé redonner à mon voisin les quelques chaises de patio qui étaient rendues sur mon terrain.

En allant me promener dans le quartier, je ne pouvais que constater à quel point l'orage avait fait des dégâts. Au moins une maison sur deux avait subi un quelconque dommage: branche cassée tombée sur un garage ou la toiture, arbre déraciné effondré sur une piscine creusée, fils électriques arrachés, etc. Tout mon quartier a perdu l'électricité à 19h15 hier. Nous ne l'avons récupéré que vingt-sept heures plus tard, un peu avant de commencer à écrire ces lignes. Je commençais à m'inquiéter sérieusement pour le contenu de mon frigo. Je verrai demain ce qu'il en est.

D'ici là, je vais aller faire dodo, dans la chaleur moite de la canicule.


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