3 avril 2002

Je joue trop à la victime ici.

C'est vrai que ma vie est entachée d'un certains nombres de problèmes plutôt emmerdants que je traîne depuis longtemps et que je semble incapable de régler, mais dans l'ensemble, mon quotidien se passe généralement assez bien. J'ai habituellement ma part d'échanges, de conversations intéressantes et de rire dans une journée. Pourtant, chaque fois que je viens ici, je finis toujours par faire le compte-rendu de tout ce qui s'est passé de merdique, ou alors je me lance dans des grandes envolées lyriques pour finalement dire que ma vie est merdique et que je suis malheureux.

C'est vrai que je me sers de ce journal pour essayer de faire de l'ordre dans mes pensées, pour tenter de comprendre mes blocages, mes angoisses et mes craintes. Mais j'ai l'impression que ce genre d'attitude m'amène finalement à faire toujours un bilan négatif de chacune de mes journées, surtout du fait que j'ai l'habitude d'écrire en fin de soirée, juste avant d'aller me coucher. Et forcément, je m'endors avec toutes ces interrogations et ces pensées sombres en tête, et ça ne peut pas être bon pour moi.

Enfin...

On verra bien si les choses vont changer avec la venue du printemps. Car oui, il est là, juste à nos portes. Même si la météo est encore plutôt ambivalente, il y a cette odeur, cette espèce d'atmosphère printanière qui flotte dans l'air. Peut-être sont-ce les jours qui rallongent, peut-être est-ce la neige sur ma galerie qui est toujours de plus en plus basse chaque fois que je rentre du travail. Peut-être sont-ce les cris des grands pics que j'ai entendus pour la première fois en fin de semaine alors que je marchais dans mon quartier en compagnie de mon ami d'enfance et de sa copine, ou ce magnifique rapace qui planait sans bruit au dessus de la cime des arbres encore dénudés.

Qui sait...

Il y a une chose que je sais cependant, c'est qu'encore une fois, j'avais raison.

J'ai reçu un courriel de Lolita aujourd'hui. Et oui. Elle.

J'avais prévu que son histoire de cul finirait par devenir bien plus que ça. J'avais raison. Elle a sous-loué son appartement. Elle habitera désormais chez ses parents pour s'occuper de sa clinique et passera ses fins de semaines chez son conjoint à Montréal.

Mais pas pour longtemps.

Car elle fermera sa clinique bientôt.

Elle est enceinte.

Ça aussi, je l'avais prédit. Je savais bien qu'elle ne pourrait pas résister longtemps à ce désir d'enfanter qui la consumait littéralement et totalement depuis plus d'un an, surtout depuis qu'elle avait tenu dans ses bras les enfants de ses copines, Nikita et Cousine.

Ce que ça me fait ? Je suis content pour elle, bien sûr. C'est vrai que son conjoint semble avoir été fait pour elle. Ils se rejoignent sur tous les plans. De plus, elle a l'âge idéal pour fonder une famille.

Mais bien sûr, d'un autre côté, ça me fait chier. Et vous savez pourquoi.

Parce que j'aurais pu vivre de belles choses avec Lolita. Même si ça n'avait pas duré. Et ça n'aurait pas duré. Mais nous aurions quand même partagé pendant un certain temps quelque chose de beau et nous en garderions un beau souvenir.

C'est il y a un an que j'aurais dû bouger. Encore une fois, j'ai laissé passer une chance inespérée que la vie m'offrait sur un plateau d'argent.

Mais je vais quand même conclure le billet de ce soir sur une note positive: j'ai eu mon dernier rendez-vous pour mon traitement de canal aujourd'hui ! Finit les piqûres et la gueule baveuse pour un bon bout de temps. À ma grande surprise, lorsque l'effet de l'anesthésie s'est dissipée, ma joue et ma gencive me faisait beaucoup moins mal que la dernière fois. D'ici deux ou trois jours, il n'y paraîtra plus.

C'est pas une bonne nouvelle ça ? ;-)


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