20 décembre 2002

Une diariste que je lis nous faisait remarquer il y a quelque temps que l'année 2002 est une année "symétrique". C'est un phénomène rare qui ne se produit qu'une seule fois à tous les 110 ans depuis un millénaire. Ainsi, une grande partie de la population ne connaîtra qu'une seule année symétrique de leur vivant, et le reste risque même de n'en connaître aucune.

Mais pour nous, vous et moi, c'est différent. Car si vous êtes assez vieux pour me lire c'est que vous étiez probablement nés en 1991, qui était elle aussi une année symétrique. Ainsi, nous connaîtrons deux années symétriques de notre vivant, et notre génération sera la première à vivre cela depuis presque mille ans.

Bref, nous aurons eu la chance de vivre un changement de siècle, un changement de millénaire, et deux années symétriques.

Nous sommes vraiment des êtres privilégiés, n'est-ce pas ?


Vous saviez déjà que j'ai tué mon Palm il y a quelques semaines. J'essais de le réparer depuis ce temps, mais sans succès. En désespoir de cause, j'ai fait une connerie: j'en ai acheté un autre. Et oui. Je sais, ce n'est pas raisonnable, mais je m'en fout. J'en ai marre d'être toujours raisonnable. Et puis de toute façon, je finirai éventuellement par réussir à réparer l'autre, et je le revendrai. Le marché d'occasion est bon pour ces petits machins ces temps-ci.

Mais le plus drôle, c'est qu'en revenant du magasin après ma dépense non raisonnable, j'en ai profité pour ramasser mon courrier, et j'y ai trouvé une lettre de l'exécuteur testamentaire de ma tante qui est morte il y a quelques mois et dont je vous ai déjà parlé. Et bien figurez-vous donc qu'elle m'a laissé un petit montant en héritage. Sans en préciser le montant exact, disons simplement que ça paye mon sauna.

Maintenant si seulement le destin pouvait être aussi généreux avec moi sur le plan sentimental qu'il l'est sur le plan financier...


Je suis en congé depuis hier. Cette année, exceptionnellement, j'ai décidé de prendre tous mes congés du temps des fêtes. J'ai donc dix-huit jours consécutifs sans aller travailler.

Vous me connaissez assez pour savoir que je ne suis pas particulièrement en affinité avec cette période de l'année. Pour moi, ces dix-huit jours signifient dix-huit jours de solitude et d'isolement. Mon projet de sauna risque de me tenir occupé une certaine partie du temps, mais pas tout le temps.

Pourtant, j'ai quatre invitations durant le temps des fêtes. Je n'ai rien pour le réveillon ni la Saint Sylvestre, mais j'ai un souper le soir de Noël et un autre le soir du jour de l'an, chez mes parents. Aussi, Lolita nous a tous lancé une invitation pour samedi le 28, chez ses parents. Elle sera en ville pour l'occasion, avec son conjoint et son nouveau bébé. Finalement, une de mes collègues de travail dont je n'ai jamais parlé ici m'a invité chez elle le soir du 29, avec quelques autres collègues, soit le petit groupe qui prenons toujours nos pauses ensembles. Considérant le fait que je suis un célibataire qui vit seul et dont les parents sont toujours ensemble, quatre invitations pour le temps des fêtes, c'est tout à fait normal. Je ne peux tout de même pas me comparer à une demoiselle que je connais, dont les parents sont divorcés, dont les parents de son conjoint sont également divorcés, et qui en partant ont donc huit visites à faire dans le temps de fêtes, seulement pour la famille.

Donc, si objectivement je suis sollicité de façon tout à fait normale pour un homme dans ma situation sociale, pourquoi est-ce que je ne me sens pas sollicité ? Pourquoi est-ce que je me sens encore isolé et rejeté de tous ?

Serait-ce parce que je suis tellement conditionné à associer temps des fêtes et solitude que je ne peux me débarrasser de ce sentiment ? Serait-ce parce je n'ai jamais réussi à ne pas me sentir comme un étranger parmi les amis de Lolita ?

La seule invitation qui me tente vraiment est celle de ma collègue de travail. Je ne sais même pas encore si j'accepterai celle de Lolita. Si je la rejetais, je sais que cela mettra Copine sans dessus dessous, en plus de blesser Lolita et de jeter la confusion la plus totale sur le reste du groupe, surtout la soeur de Lolita qui n'a jamais compris pourquoi je n'étais pas heureux.

Moi non plus, je ne comprend pas. Je n'ai que quelques pièces du puzzle en main. Pas suffisamment pour faire une image reconnaissable.

Et bien soit. À la différence des autres années, j'ai cette fois au moins une invitation qui me tente. Alors je vais l'accepter. Et ce sera mon beau moment du temps des fêtes. J'en aurai au moins un cette année, en fin de compte.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]