31 décembre 2002

Il y a des choses qui me mettent complètement hors de moi.

Et je ne parle pas là des choses classiques comme la violence, la misère, l'injustice et la faim dans le monde. Ces choses me mettent hors de moi depuis toujours.

Non, c'est d'autre chose que je parle. Ce matin, en "zappant", je suis tombé sur une émission que j'ai déjà regardé à quelques reprises. Cette émission parle de la démarche que suivent certaines personnes qui ont recours à la chirurgie esthétique pour différentes raisons. On commence toujours par nous présenter la personne, qui nous parle un peu d'elle, pendant environ cinq minutes, avant de finalement nous dire de quel genre de chirurgie il sera question.

Dans l'émission de ce matin, nous faisons la connaissance d'une jeune femme de vingt-quatre ans, professionnelle, avec beaucoup de classe et de charme. En fait, elle était absolument magnifique. Pendant tout le temps où on nous la présente, où elle nous parle d'elle-même et où on la voit dans différentes situations de son quotidien, je me fend le cul en quatre pour essayer de deviner de quel genre de chirurgie esthétique cette jeune femme, superbe et splendide, peut bien avoir besoin.

Et puis elle nous parle de son nez. Et là je m'exclame

QUOI ?!?!?!

Il est vrai qu'elle a un nez un peu aquilin, et elle dit se plaindre de la petite "bosse" sur son nez, que cela la dérange beaucoup, et qu'elle pense depuis longtemps à se faire opérer pour cela, que cela l'aiderait beaucoup à regagner son amour propre et son estime de soi.

Mais bordel de merde, où est-ce que notre monde s'en va si l'amour propre de petites connes de ce genre repose entièrement sur un détail aussi insignifiant ? Je l'ai dit et je le répète: cette femme était superbe, absolument superbe, et jamais en cent ans je n'aurais pu deviner que la chose qu'elle voulait changer était son nez.

Si j'avais été un chirurgien esthétique et que cette femme était venue me voir pour son "problème", je l'aurais sortie de mon bureau à grands coups de pied au cul. Comprenons-nous bien: je n'ai rien contre la chirurgie esthétique comme telle, et je trouve même que certains de ces hommes et femmes sont de véritables artistes, parfois même des génies. Par exemple, dans un autre épisode de la même émission, On nous a déjà présenté un petit bébé de quelques mois qui était né avec une horrible malformation, une abominable tumeur grosse comme le poing en plein milieu du visage qui écartait ses yeux et englobait presque totalement son nez au point de le faire disparaître, et une partie de sa lèvre supérieure. Ça me brisait le coeur de voir un petit bébé si horriblement défiguré. Et bien les chirurgiens qui ont travaillé sur son cas ont accompli rien de moins qu'un véritable petit miracle. Après deux opérations, ce bébé avait maintenant un visage tout à fait normal: yeux, nez, lèvre, tout était parfait. Seule une très légère ligne de peau rose entre ses yeux et le long de son nez trahissait l'existence de la tumeur qui l'avait jadis défiguré.

Vous me trouverez peut-être sévère dans mon jugement, mais selon moi, la femme dont il était question ce matin n'était rien d'autre qu'une connasse, une petite connasse gâtée et précieuse qui a eu la vie trop facile et qui ne sait rien des vrais valeurs de l'existence. Ce n'était pas d'un chirurgien esthétique dont elle avait besoin, mais d'un psychologue. Non, même pas d'un psychologue, plutôt de deux ou trois bons coups de casserole en fonte en travers de la tête, question de lui mettre un peu de plomb dans sa petite cervelle.

J'ai énormément pitié de la génération qui est en train de grandir avec le spectre du culte du corps. La faible estime de soi entraînée par ce genre d'attitude et d'obsession face à l'apparence physique est à l'origine d'un nombre incalculable de problèmes de société: anorexie, boulimie, pauvreté, violence conjugale, et j'en passe. En tant que société, il devient urgent de changer nos valeurs, de faire de nouveaux choix, de redécouvrir l'essentiel de l'existence. À quoi bon régler des problèmes d'envergure planétaire comme la pollution, la disparition de la couche d'ozone ou le réchauffement de la planète, si c'est pour peupler ce nouveau monde par des gens malheureux et déconnectés de l'essentiel ?


Et bien voilà. Plus que quelques heures avant la nouvelle année. Cette fois, pour la première fois depuis quatre ans, je passerai la Saint Sylvestre seul. Et cela me laisse remarquablement serein, du moins si je me compare aux autres années où j'étais seul à cette même date.

Il y a définitivement quelque chose qui a changé en moi. Pour le mieux j'espère.

Je regarde dehors, le temps est doux, et je me dis que j'irai peut-être faire une petite marche dans la nuit, question de prendre un peu l'air, et peut-être aussi de satisfaire ma curiosité concernant les activités du nouvel an dans mon voisinage.

Alors à vous tous et toutes, je souhaite la plus merveilleuse des années. Et on se reverra l'an prochain. :-)


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