8 février 2002

Un tiens vaut mieux que deux claques sur la gueule  ;-)


Je voulais écrire mercredi soir, mais toutes ces histoires de CEV m'ont un peu perturbé et j'ai trouvé mes petites angoisses bien insignifiantes. Mais là je me dit: merde ! C'est pour ça que j'écris ce putain de journal non ? Alors here goes...

Je joue dans les montagnes russes depuis quelques jours. La collègue avec qui je m'entend si bien est apparue à l'improviste hier après-midi dans un bureau où je travaillais et nous avons jasé au moins deux bonnes heures ensemble (oui, sur les heures de bureau ! Une fois n'est pas coutume, et puis merde, y a des choses plus importantes dans la vie que le travail !). Je lui ai évidemment demandé de m'accompagner à Cuba (oui, et sans son chum. Qu'il aille se foutre lui, elle me plait bon !) mais elle a à regret décliné mon offre, because pas une cenne qui l'adore. Je lui aurais bien offert de lui payer son voyage mais ce serait aller un peu trop loin je crois.

On s'est encore trouvé plein de points en commun. Par exemple, on aime tous les deux jaser au lit avant de faire dodo.

Tout ça pour dire que je marchais sur mon petit nuage hier en fin de journée.

Puis aujourd'hui je l'écoutais parler avec un autre de mes collègues. Les mêmes fous rires, le même genre de complicité. En apparence du moins. Et je me disais merde, dans le fond, je ne suis rien de spécial pour elle. Elle jase avec tout le monde, elle aime tout le monde, et tout le monde l'aime. Je ne suis qu'un parmi tant d'autre.

Est-ce anormal ou malsain pour moi de désirer me sentir unique auprès d'au moins une personne sur cette terre ? C'est ma vie, et je me sens plus comme un figurant que comme l'acteur principal...


Décidé de retourner chatter hier soir. Sais pas pourquoi. Ça m'a pris comme ça. Vous savez sur qui je suis tombé ? Jeune Lectrice. C'était bon de reprendre contact avec elle. Depuis les premiers jours où nous avons commencé à échanger, j'ai toujours senti une belle complicité avec elle, qui ne se limitait pas à nos conversations d'ordre sexuel. Il n'y a aucun jugement entre nous, seulement une liberté totale de se parler de n'importe quoi et d'être ce qu'on est. On s'écoute se raconter nos vies, nos opinions, nos émotions.

C'est relaxant d'échanger avec elle. Très relaxant, pas compliqué. Et très stimulant par moment... ;-)


Deux soirs cette semaine, alors que je montais au labo en fin de journée, j'ai surpris Consoeur et l'amant présumé en grande conversation. Cela n'a rien de surprenant en soi, il va souvent jaser un peu avec elle avant de quitter le travail. Mais cette fois, c'était différent. Pas de plaisanterie, pas de rire. Ils parlaient à voix basse, sachant que j'étais à côté, alors que d'habitude ils n'ont que faire de ma présence.

Hier je travaillais avec l'amant présumé. À un moment donné il m'ouvre son courriel en pleine face et je vois un message de Consoeur, les premières lignes duquel disent qu'elle le remercie de cette "belle conversation qui lui fait a fait du bien et l'a comblée". Était-ce par pudeur, ou par peur de souffrir plus que je ne souffre déjà, je ne saurais le dire, mais j'ai détourné le regard pour ne pas lire la suite.

Et ce midi, l'amant présumé dînait avec nous dans la petite salle. Il était en grande conversation avec un autre gars du bureau.

Et c'est là que j'ai appris qu'il se séparait de sa femme.

Il faut être un aveugle, les yeux bandés et dans l'obscurité totale pour ne pas en arriver à la même conclusion que moi.

Ça m'a fait un noeud dans l'estomac.

Il y a des années que je n'espère plus rien d'elle, que je n'y crois plus. Mais de savoir, d'avoir la certitude que ce n'est plus possible, ça réveille une vieille blessure.

Je me rappelle encore de chacune des fois, au cours de toutes ces années, où ses lèvres se sont posées sur mon visage, où j'ai senti la douce caresse de sa peau sur la mienne. J'ai parfaitement en mémoire cette fin d'après-midi où j'étais allé lui parler dans son local et où, par peur d'abuser de son temps, je m'étais levé pour partir. Elle m'avait pris par les épaules, m'avait rassis sur ma chaise et m'avait dit tout simplement: "Reste avec moi."

Je vois comment ils se parlent, comment ils se regardent. Je vois cette flamme dans leurs yeux. Je sais que je ne pourrai jamais compétitionner avec ça.

Je dois accepter de renoncer. Je dois cesser de traîner cet espoir impossible. Je dois vivre ce deuil.

Mais ça fait mal.


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