11 février 2002

Un dentiste peut-il admirer un sourire, savourer un baiser sans penser à son travail ?

Agréable journée marquée par la présence de la collègue avec qui je m'entend si bien. Nous risquons de nous voir beaucoup plus régulièrement car elle a commencé aujourd'hui à travailler sur un contrat à temps plein.

De plus en plus de complicité entre nous. Conversations ludiques pleines de sous-entendus, mais de moins en moins sous-entendus.

En arrivant dans la salle à dîner, elle parcourt la pièce du regard, puis se dirige immédiatement vers ma table, passant avec quasi-indifférence devant celle où prennent place ses collègues. L'un d'eux lui lance sans retenue et d'une voix assez forte pour que tout le monde dans la pièce l'entende:

- On le sait bien ! Elle va aller s'asseoir avec son beau Laqk !

La conversation s'amorce entre nous (nous parlons tout le temps), conversation à laquelle se joignent quelques autres collègues. Elle sort ses crudités et son plat de jambon, se rend compte qu'elle a oublié ses ustensiles, et déclare:

- Tant pis, je vais manger mon jambon avec mes doigts. Ça ne vous dégoûte pas j'espère ?

Ce à quoi je répond, tout de go, sans réfléchir, en la regardant droit dans les yeux:

- Je te regarderais manger n'importe quoi avec tes doigts...

S'ensuit immédiatement une séance de fou rire quasi inextinguible durant laquelle elle passe bien prêt de s'étouffer.

Plus tard en après-midi, je suis allé la voir à la pause. Encore une fois nous avons beaucoup blagué ensemble. À un moment donné, après lui avoir dit "ce n'est qu'une blague" à la suite d'une de mes facéties, elle me demande:

- Ce que tu m'as dit tout à l'heure au dîner, c'était une blague aussi ?

Elle me regarde, un sourire espiègle aux lèvres. Je reste silencieux quelques instants, avant de lui répondre:

- Non, ça c'était sérieux.

- C'est bien ce que je pensais, me répond-elle.

Puis, comme si de rien n'était, elle enchaîne sur un autre sujet.

La pause s'est prolongée un peu. Nous avons jasé trois quart d'heure.

Je suis allé aussi loin avec elle que je peux me le permettre, étant donné sa situation matrimoniale. La balle est dans son camp maintenant. Même si je ne sais pas trop quoi penser de tout ça, ni ce que je ressens pour elle, une chose est certaine: si la chance m'est donnée, je ne laisserai pas passer cette opportunité, comme je l'ai fait de toutes les autres opportunités que le destin m'a offertes depuis le début de ma vie.


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