20 février 2002

Bonjour Laqk,

Est-ce que je devrais comprendre que cette belle amitié franche et sincère devrait être jetée aux oubliettes ??? Je peux comprendre que tu as eu besoin d'un certain recul, de t'éloigner un peu... Mais le silence total devient peu à peu absence de toute relation... Bref, j'aimerais, si tu as décidé de mettre fin à tout, pouvoir arrêter d'attendre de tes nouvelles.

Sincèrement,

Nikita

Mais, très chère, si tu voulais avoir de mes nouvelles, tu n'avais qu'à m'en demander ! ;-)

Ne t'ai-je d'ailleurs pas fait parvenir, le 25 décembre dernier, un courriel de voeux pour le temps des fêtes qui est demeuré sans réponse ? Je n'en ai d'ailleurs pas fait trop de cas, me disant que ce que tu vivais à ce moment là devait probablement monopoliser tes pensées et tes préoccupations.

Mais plus sérieusement, je ne voudrais pas que tu prennes personnellement mon silence. L'hiver est toujours une période de l'année où je me rebiffe un peu, où je m'isole davantage. Cependant, cette année, je me serais bien vu avoir une vie un peu plus active. Si ce n'avait été que de moi, je m'occuperais à chaque fin de semaine, que ce soit une randonnée en raquette, une fin de semaine dans un refuge en bois rond en pleine forêt, ou Dieu sait quoi d'autre. Mais le destin a voulu que cette année je sois entouré de personnes qui ont bien d'autres chats à fouetter que de s'occuper de moi. Ne serait-ce que Copine avec ses multiples occupations, Cousine et toi avec vos grossesses respectives, Lolita avec sa clinique, son chum et ses diverses activités ésotériques, et... et c'est tout ! Je viens de faire le tour de mon entourage.

Alors je crois bien que si je veux faire quelque chose du reste de mon hiver, je ferais aussi bien d'arrêter d'attendre après les autres et de m'arranger de mon côté pour faire mes activités seul.

J'ai d'ailleurs décidé de me construire un sauna au sous-sol, et si je peux finir par avoir un peu moins de travail au bureau pour me permettre de prendre quelques demi-journées de congé pour faire les démarches logistiques (renseignements, permis à la ville, etc.), et bien je vais peut-être m'y mettre avant la fin de l'année... ;-)

J'aurais bien aimé profiter de la soirée de samedi dernier pour faire un peu de "catching up" avec les personnes que je n'ai pas vu depuis un certain temps, mais je n'étais vraiment pas du monde. Je fais depuis la semaine dernière un abcès à une dent, et en fin de semaine il me faisait particulièrement souffrir. Maintenant ça va un peu mieux, les antibiotiques semblant avoir eu un certain effet, mais j'ai quand même l'impression que cet abcès progresse davantage qu'il régresse, et je ne serai vraisemblablement pas soulagé avant que le dentiste n'ouvre ma dent pour faire sortir le pu, ce qui ne se produira pas avant mardi prochain, date de mon rendez-vous.

Pour finir, il faut que tu comprennes quelque chose de moi (et là encore, cela ne te concerne pas toi en particulier, mais tout le monde en général): À l'exception peut-être de Copine, un tas de petits gestes, de petits comportements probablement tout à fait banaux pour ceux qui les posent, mais beaucoup plus significatifs pour moi, me portent de plus en plus à croire que je revêts un peu d'importance pour beaucoup de monde, mais beaucoup d'importance pour personne.

Par exemple, j'ai été très surpris de recevoir ton courriel ce soir, car franchement je ne m'attendais pas à ravoir de tes nouvelles. Pour ma part, quand je ne répond pas à un courriel, c'est que je m'attend à voir en personne dans les prochains jours celle qui ne l'a fait parvenir. Ce fut le cas cet automne quand tu m'avais écris et que nous nous sommes vu la fin de semaine suivante lors de notre randonnée. Par contre, t'ayant écrit à Noël et n'ayant pas eu de réponse presque deux mois plus tard, il était clair pour moi que c'était toi qui avait décidé de couper les ponts.

Autre exemple: Lolita n'a cessé de solliciter ma présence depuis les fêtes pour résoudre ses problèmes d'ordinateur et d'accès à l'Internet, et j'étais toujours heureux de mettre mes talents à son service. Mais depuis qu'elle n'a plus de problème avec sa machine, elle ne me donne plus signe de vie, ni au téléphone ni par courriel. Que dois-je en conclure ?

Pour finir: Apparemment, Cousine était déçue de ne pas m'avoir vu chez Copine en fin de semaine. Mais j'ai su par cette dernière que Cousine avait invité Copine ainsi qu'un ancien collègue de travail à aller la voir chez elle en fin de semaine prochaine. Ai-je reçu une invitation moi ?

Peut-être me trouveras-tu très puéril. Et je conviens que chacun de ces incidents, pris individuellement, s'ils ne m'arrivaient que très rarement, n'aurait même pas assez d'impact pour me faire lever un sourcil. Et j'ai beau essayer de ne pas paranoyer, mais quand ce genre de petite chose m'arrive régulièrement, et de la part d'à peu près tout le monde dans mon entourage, et bien à quelle conclusion veux-tu que j'en arrive ? Pourquoi les gens semblent si surpris quand je leur dis que même après presque deux ans, je n'arrive pas encore à me sentir le bienvenu, à me sentir à ma place parmi notre groupe ?

Je n'essais pas de faire pitié, je n'essais pas d'attirer la sympathie, ni de vous faire sentir coupable. Je ne peux tout simplement pas exiger de qui que ce soit de m'accorder plus d'importance dans leur vie que celle qu'ils veulent bien m'accorder. Mais tu dois comprendre que j'essais simplement de conserver le peu de dignité humaine qui me reste. Tu ne pourras probablement jamais comprendre ce que c'est que de vivre continuellement avec l'humiliation d'avoir à quêter comme un mendiant, jour après jour, année après années, le minimum d'attention et d'amour qui m'est nécessaire pour seulement réussir à survivre d'un jour à l'autre...

Alors, à défaut de partager mon point de vue, peut-être pourras-tu au moins essayer de comprendre pourquoi, avec les années, je suis devenu si réticent à accorder aux autres plus d'importance qu'ils ne m'en accordent eux-mêmes...

Ouf... ce courriel se voulait court au début... Je suppose que je me suis laissé emporter.

Je suis toujours ouvert à toi et à ton amitié.

Laqk
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