10 janvier 2002
Et bien. Moi qui croyais que je faisais face à une bonne grippe, j'avais tort.
C'était une excellente grippe.
Une vachement excellente grippe. En fait, la grippe la plus forte et la plus virulente de toute ma vie. Et aujourd'hui est la première journée où j'ai vraiment commencé à prendre le dessus.
Quatre jours de fièvre. J'ai dormi vingt heures par jour durant les trois derniers jours. Un sommeil perturbé, malsain, peuplés d'images troublantes et complètement chaotiques. Frissons, engourdissements, douleurs généralisées aux muscles et aux articulations, étourdissements, vue embrouillée. Je n'étais capable que d'absorber des liquides; eau, jus et soupe. La nourriture solide ne rentrait tout simplement pas. Il m'arrivait souvent de me lever en pleine nuit, complètement détrempé de sueur, alors qu'à d'autres moments je devais me plonger dans un bain bouillant pour mettre fin à une crise de frissons incontrôlable.
Un téléphone lundi matin m'a tiré d'un sommeil dans lequel je ne faisais que tomber puis ressortir de façon intermittente. J'avais l'esprit tellement confus que cela m'a pris une bonne minute, passée à répondre simplement par des oui et des non à mon interlocutrice, avant de finalement reconnaître Lolita.
Comme je commençais à me sentir mieux hier soir j'ai envoyé un courriel à mon patron pour lui signaler qu'il était possible que je sois de retour au travail aujourd'hui. Mais à mon lever ce matin j'ai vite changé d'idée en réalisant que j'étais encore tellement étourdi que prendre la route aurait été beaucoup trop risqué.
Je me sentais quand même beaucoup mieux, et en allant faire un tour à la salle de bain j'ai pris la peine de me regarder comme il faut dans un miroir pour la première fois depuis quatre jours.
J'ai eu peur. Et je n'exagère pas.
Barbe d'un semaine, joues creuses, teint blafard et cireux, yeux rouges, bouffis et pochés, cheveux gras et complètement chaotiques. J'ai donc pris la peine de me raser et de prendre ma première douche depuis samedi dernier, tout simplement parce qu'aujourd'hui était la première journée où j'avais enfin retrouvé assez de forces pour rester debout suffisamment longtemps pour pouvoir prendre une douche.
Et puis j'ai vérifié ce que je craignais: j'ai perdu au moins deux kilos, en quatre jours.
Bien que j'aie encore des problèmes de vision et d'étourdissements, j'ai senti lentement mon énergie me revenir durant la journée. Mon premier déjeuner solide de ce matin m'a sûrement aidé pour cela, même si cela m'a pris presque une heure trente à l'ingurgiter. C'est aussi la première journée où je ne suis pas allé me recoucher. J'en ai donc profité un peu pour faire le tour de la maison et constater les dégâts. Les poubelles débordent de partout, le comptoir de cuisine est dégueulasse et jonché de vaisselle contenant les restes desséchés des aliments que j'avais essayé d'ingurgiter sans succès, et que je n'avais même pas la force de rincer avant de retourner m'effondrer dans mon lit. Et ça, c'est sans parler de mes draps dans ma chambre à coucher... difficile de croire qu'un corps humain malade puisse produire tant de cochonneries...
Alors même si je n'ai toujours pas un appétit à tout casser, je devrais être bon pour m'envoyer derrière la cravate quelque chose de consistant ce soir, avant de prendre un peu de cette énergie nouvellement retrouvée et de faire un ménage complet de ma chambre à coucher, et de pallier au plus pressant dans le reste de la maison.
Durant les derniers jours, toutes mes craintes, mes angoisses, mes interrogations existentielles sur la solitude, le passage du temps, tous ces questionnements avaient complètement disparus. Le peu de conscience et de lucidité que j'avais à ma disposition était totalement monopolisé par une seule pensée, un seul et unique désir irrépressible: DORMIR !
Mais maintenant le pire est passé. Mes pensées sont claires, je me sens de plus en plus en forme, la toux rauque et grasse qui m'inquiétait un peu depuis deux jours est en train de s'éclaircir, et je devrais définitivement pouvoir me rendre au travail demain pour la dernière journée de la semaine, question de surtout pouvoir souhaiter la bonne année à mes collègues qui n'étaient pas de retour de vacance la semaine passée. On a d'ailleurs dit aux nouvelles cette semaine que la souche d'influenza qui serait responsable de la saison de la grippe cette année allait être particulièrement virulente. Et bien croyez-le ! Je sais de quoi je parle. N'empêche que mon magnifique système immunitaire a fait un travail splendide et m'a encore une fois débarrassé, sans complications et sans (trop de) dommages collatéraux, d'une cohorte de sales bêtes qui en ont pris pour leur rhume...
J'ai retouché à mon ordinateur aujourd'hui pour la première fois depuis dimanche. J'ai d'ailleurs cru y constater que plusieurs diaristes avaient eus certains petits problèmes avec Blogger...
Vous me permettez d'esquisser un sourire narquois ? ;-)
Je suis méchant n'est-ce pas ? Oh, juste un peu... c'est ce qui fait mon charme ;-)