13 juin 2002

Sept.

Il y a sept petites araignées dans ma salle de lavage.

Elles sont de taille et d'espèce variées. Elles se sont toutes faites une petite toile, chacune dans un coin. Et elles attendent une proie. Certaines ont été chanceuses. Mais la plupart vont attendre très longtemps. Je devrais les mettre dehors. Elles ont beaucoup plus de chance de faire une bonne vie là.

En arrivant du travail hier soir, cinquante-trois (je les ai compté) outardes m'ont accueilli alors que je suis allé faire saucette. Quelques minutes plus tard elles ont pris leur envol. Malheureusement je n'ai pas pu les observer comme j'aurais voulu car elles se sont immédiatement mises en formation pour s'envoler direction sud, donc en s'éloignant de moi.

Et puis je me suis fait réveiller trois fois cette nuit.

La première fois, par un oiseau inconnu, mais fort probablement de la famille des hiboux ou chouettes.

La deuxième fois, par un huard. Et oui. Espérons qu'un couple décidera d'élire domicile sur le lac encore cette année.

La troisième fois, par un merle.

Et vous croyez que je vais me plaindre ? Laissez-moi rire...

J'ai passé tout l'après-midi au soleil aujourd'hui. Quand je suis arrivé sur le bord du lac ce midi, un rat musqué grignotait une tige de nénuphar sur la berge. En me voyant, il s'est lentement glissé dans l'eau, calmement, sans s'énerver. Son pelage était sec, il devait donc être là depuis un certain temps. Je suis resté debout, à le regarder s'éloigner. Une fois arrivé à une certaine distance, il s'est immobilisé. De toute évidence, il faisait preuve d'autant de curiosité envers moi que moi envers lui. C'est quand j'ai finalement décidé de me glisser dans l'eau qu'il a lui aussi disparu sous la surface de l'onde.

J'aime le genre de relation que j'entretiens avec les animaux de mon entourage. Ceux qui me connaissent sont souvent surpris quand je leur parle de mes rencontres inopinés avec la faune de mon voisinage. Ils se demandent comment je fais pour les observer d'aussi près et aussi longtemps. Tout est une question d'attitude. Les animaux ne comprennent pas notre langage parlé, mais notre non-verbal et notre attitude en disent long sur nos intentions. Règle générale, s'ils sentent qu'on est simplement curieux à leur égard et qu'on ne nourrit aucune intention malveillante, ils vont se détendre et nous laisser les regarder. Il est important de bien sentir les messages qu'ils nous envoient et de respecter leur espace vital. Deux règles d'or: ne jamais les regarder dans les yeux, et ne jamais chercher à cacher notre présence; ce sont là deux attitudes de prédateur, et ça les rend excessivement nerveux.

Avant le souper, j'ai voulu faire une dernière saucette. Je suis donc sorti, nu, et j'ai ramassé au passage ma serviette de plage que j'avais laissé dans l'herbe dans ma cour. Arrivé sur le bord du lac, je suis arrivé presque face à face avec une demoiselle qui faisait du kayak. Ne voulant pas lui imposer ma nudité, j'ai enroulé ma serviette autour de ma taille et j'ai attendu qu'elle passe. Elle semblait un peu mal à l'aise car de toute évidence, vu la distance qui la séparait de moi lorsque je suis arrivé, elle n'a pu faire autrement que constater que j'étais nu. Arrivée à ma hauteur, elle m'a néanmoins salué avec un petit sourire, salutation que je lui ai rendu. Dès qu'elle m'a dépassé, je me suis glissé dans l'eau. Quand à elle, elle est allé s'accoster chez mon voisin, et avec la distance, j'ai alors réalisé qu'il s'agissait probablement de la demoiselle avec qui il était allé faire un tour de pédalo il y a deux jours. Une chose est sûre, ce n'est définitivement pas la fille qui gardait la maison.

Voyons ce que l'avenir nous réserve...


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