8 mai 2002

Je ne sais pas trop comment qualifier cette journée.

Journée de merde ? Journée de cul ?

Pourtant, non.

Elle a plutôt bien commencé, cette journée. Il faisait beau, j'ai passé du bon temps à ma pause ce matin avec mes collègues. Le soleil réchauffait mon visage à ma pause cet après-midi. J'ai réglé plusieurs dossiers durant la journée et les choses allaient bien.

Et puis, comme d'habitude, j'ai quitté le bureau en fin de journée. Le soleil brillait encore. Je suis arrivé à ma voiture, j'ai ouvert ma portière comme d'habitude, et je me suis aperçu que ma vitre du côté droit avait éclaté. Il y avait des petits morceaux de verre partout dans l'habitacle.

Et mon tableau de bord central était arraché.

Et mon stéréo d'auto n'était plus là.

Sur le coup, ma réaction m'a un peu surpris. Ou devrais-je plutôt dire mon absence de réaction ? Je suis retourné calmement au bureau, ou l'agent de sécurité a appelé la police pour moi. Ils m'ont dit de me rendre à la centrale pour faire une déclaration et obtenir un numéro de dossier. Puis, sur le chemin du retour, comme il faisait plutôt frais aujourd'hui, j'ai gelé comme un rat dans ma voiture. J'ai appelé mon agent d'assurance en arrivant ici, puis je me suis attelé à la tâche de passer l'aspirateur dans mon véhicule pour en éliminer la plus petite trace de verre brisé de tous les racoins les plus obscurs, tâche que j'ai terminé vers 21h avec ma lampe frontale.

Moi qui avait mis dans mes tâches de laver et nettoyer ma voiture de fond en comble, en voilà une partie de faite.

Avec tout ça, je n'avais pas encore souper.

En prenant mes messages, j'ai constaté que mon père m'avait appelé sur l'heure du souper. Pour m'annoncer une mauvaise nouvelle.

Cet après-midi, l'une de mes tantes est décédée.

Elle avait quatre-vingt-cinq ans. Elle n'était plus dans la fleur de l'âge, comme on dit. Elle était très proche de nous quand nous étions plus jeunes. Elle était comme un autre membre de la famille. Toujours présente, toujours invitée lors des occasions spéciales, Noël, jour de l'An, etc. Voyez-vous, elle était "vieille fille", comme on dit. Elle n'avait ni enfant, ni mari. Elle avait toujours été seule. Elle nous gâtait beaucoup, nous étions les enfants qu'elle n'avait jamais eu, qu'elle aurait tellement aimé avoir. Mais le destin en a décidé autrement. Toute sa vie, elle a toujours connu la solitude et l'isolement. C'est ainsi qu'elle a vécu les dernières années de sa vie. Cela fait deux ans que je ne la voyais plus.

Elle n'était pas heureuse. Je crois que d'aussi loin que je me souvienne, elle ne l'a jamais vraiment été.

Elle a eu quelques problèmes cardiaques au début de la semaine dernière. À première vue, cela ne paraissait pas si grave. Puis, son état s'est détérioré progressivement durant la semaine, jusqu'à aujourd'hui.

Mon père dit qu'elle n'a pas combattu. Qu'elle s'est laissée aller sans lutter. Comme si elle accueillait la mort comme une délivrance.

Je ne veux pas finir mes jours comme elle.


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