12 mars 2002

Je trouvais qu'elles se faisaient attendre cette année. Mais une agréable surprise m'attendais à mon retour de chez mes parents. Elles étaient là, assez loin, presque sur l'autre rive du lac. Une cinquantaine d'outardes qui ont décidé d'y passer la nuit. Même ici, de mon salon, les fenêtres fermées, je peux en entendre une ou deux glousser de temps en temps.

Je suis vraiment inondé par les sons du printemps ces temps-ci. Hier soir, je suis allé prendre une marche autour du lac, pour m'aider à casser mes nouvelles chaussures. À part les grenouilles qui s'en donnaient à coeur joie, et les carouges à épaulette qui se répondaient les uns les autres, je pouvais entendre le gloussement guttural d'un butor. Il était très près de moi, de ce côté-ci du lac. Ils ont l'habitude de nicher dans le marais sur l'autre rive, mais cette fois, il semblerait que celui-ci ait choisi de s'installer du côté des habitations, pour une raison que j'ignore. Je crois d'ailleurs l'avoir vu dans la matinée, juste à côté du quai chez mes voisins. Lorsqu'il a prit son envol, j'ai reconnu la courbure caractéristique des ailes de cette famille d'oiseau, mais son envergure était trop petite pour qu'il s'agisse d'un grand héron. J'en ai donc déduit qu'il s'agissait du butor.

Et puis ce matin, j'ai vu un grand rapace se poser au sommet d'un grand arbre mort près de la rive. Il était brun pâle, et sa tête était de couleur plus claire que le reste de son corps. Un rapide coup d'oeil à travers mes jumelles a confirmé ce dont je me doutais déjà: il s'agissait d'un magnifique balbuzard. Peut-être était-il seulement de passage, mais sa présence ce soir encore sur le même arbre me porte à croire qu'il a peut-être commencé à construire son nid dans la parages. Si tel est le cas, ce serait la première fois depuis que j'habite ici qu'un balbuzard adopterait mon lac pour y faire son chez-soi.

Ce qui était fascinant, c'était de voir l'indifférence dont faisait montre les autres oiseaux à son endroit. Il arrive souvent que cet arbre mort reçoive la visite d'un quelconque rapace. Et dans ce cas, la panique s'empare toujours de toute la gent ailée des environs, et corneilles, quiscales et carouges font montre d'une rare coopération pour chasser l'intrus. Mais les balbuzards sont inoffensifs pour les autres oiseaux, puisqu'ils se nourrissent exclusivement de poissons. Et de toute évidence, les autres oiseaux savent déjà cela.

Espérons que j'aurai souvent la chance d'assister à ses plongeons spectaculaires cet été.


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