20 mai 2002

À moins que les choses ne changent radicalement dans les prochains jours, il semble que nous nous enlignons vers le mois de mai le plus froid et le moins ensoleillé de toute l'histoire de la météo.

Les arbres sont toujours dénudés chez moi, bien qu'on commence lentement à voir de légères teintes de vert et de rouge dans les montagnes. Apparemment, les pauvres plantes ne savent plus trop à quoi s'en tenir.

Les animaux, eux, semblent avoir fait leur deuil du printemps et ont commencé leurs activités normales. Les grenouilles chantent toutes les nuits, malgré les températures très froides. Tous les oiseaux ont commencé à nicher, en gardant espoir que les insectes seront finalement au rendez-vous quand viendra le temps de nourrir leur progéniture dans quelques semaines. Et ce soir, sur le bord du lac, j'ai vu un petit rat musqué vaquer à ses occupations.

Oui, le temps était moche. Oui, le fond de l'air était froid. Mais dans cet air, ont commençait à percevoir ce mélange d'odeurs si caractéristiques, ces parfums qui, bien que plus discrets, jouent un aussi grand rôle dans notre reconnaissance de la saison printanière que les sensations que nous procurent nos autres sens, dont nous avons davantage conscience, comme l'ouïe ou la vue.

Peut-être est-ce ce temps plutôt moche qui fait que je ne ressens aucune culpabilité à ne pas avoir profiter du plein air durant les deux derniers jours (même si j'ai quand même profiter de la journée pour ramasser les feuilles mortes sur une autre grande partie de mon terrain). Ou peut-être est-ce quelque chose qui change en moi. Quelque chose qui fait que cette émotion négative a de moins en moins d'emprise sur moi.

Je suis quand même content de moi aujourd'hui. J'ai finalement réussi à télécharger un fichier sur lequel j'essayais de mettre la main depuis des semaines. Souvent, le découragement s'emparait de moi, et je me sentais comme dans un cul de sac, croyant que j'avais essayé tout ce qu'il y avait à essayer. Mais, refusant l'échec, je finissais par avoir une autre idée, essayer autre chose. Et cela me mettait sur une autre piste qui me menait nulle part, mais me donnait une idée qui m'amenait sur une autre piste, et ainsi de suite.

C'est toujours comme ça avec moi dans le domaine de l'informatique. Je ne subis jamais l'échec. Je passe régulièrement par toutes les émotions négatives: irritation, épuisement, angoisse, colère, découragement, écoeurement chronique. Mais toujours, invariablement, je reprend sur moi, je relève mes manches, je fais le vide dans mon esprit, et je laisse mon intuition et mon instinct me guider vers de nouvelles voies. Et toujours, invariablement, je finis par réussir. Comme je le répète souvent, j'ai une confiance absolue en moi dans ce domaine. Au plus profond de moi, je suis toujours intrinsèquement convaincu que, peu importe le temps que cela prendra, je finirai invariablement par triompher.

Et je suis toujours estomaqué de voir à quel point une seule et même personne peut avoir des niveaux de confiance en soit si diamétralement opposés, si absolument bipolaires, dans deux domaines différents de sa vie.

Si seulement le principe des vases communicants pouvaient s'appliquer à l'estime de soi. J'accepterais bien d'en avoir un peu moins sur le plan professionnel et un peu plus sur le plan relationnel...

Parlant de relation.

J'ai complètement laissé passer l'anniversaire de Consoeur.

Ce n'est pas dans mes habitudes. Malgré tout ce qui s'est passé entre nous, malgré la façon dont notre relation s'est détériorée, je n'ai jamais oublié de lui faire part de mes bons voeux pour cette occasion. Je m'en faisais un honneur et un devoir. C'était pour moi comme un fil d'Ariane entre elle et moi, comme une façon de lui faire comprendre que mon éloignement n'a jamais été un désir de couper les ponts avec elle, mais plutôt un respect de son propre choix de prendre ses distances avec moi.

Il faut dire que son anniversaire est arrivé à peu près dans le même temps où je me suis fait défoncer ma voiture, et que cet évènement a beaucoup occupé mes pensées ces derniers temps.

Enfin. Peut-être devrais-je lui en glisser un petit mot lorsque je la reverrai, même si cela n'arrive plus très souvent.


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