28 mars 2002

Putain que j'en ai marre de cette ostie de succession ininterrompue de coups de pieds dans les couilles qu'on a le culot d'appeler la vie. Je vous le dis tout de suite, si rien n'est pour changer, si c'est pour continuer comme ça pendant les quarante autres ostie d'années qui me restent, je vais vous arrêter ça tout de suite, drette là, Parce que j'en ai plus que mon crisse de voyage.

Pourquoi les gens comme moi existent ? À quoi ça sert, des personnes qui ne savent que faire du mal à ceux qui les entourent ? Quelle sorte d'ostie de sadique est le destin pour créer des pathétiques créatures comme moi et s'amuser à les regarder se débattre avec l'existence et souffrir toute leur crisse de vie ? Sans compter qu'il n'a même pas la miséricorde pour leur donner assez de courage pour se tirer une balle dans la tête et en finir une bonne fois pour toute.

J'ai plus envie de travailler moi. Ce crisse d'après-midi de merde n'en finit pas de finir. Plus capable de me concentrer sur rien. Juste le goût de m'en aller chez moi, dans mon trou enterré de neige, de me coucher dans mon lit pour m'endormir. Plus conscience de rien quand je dors. Plus de peine, plus de souffrance, et je ne fais plus de mal à personne. Avec un peu de chance, je ne me réveillerai plus. Ça fera une vie pathétique de moins dans cette ostie d'existence sale.


Pas le goût de mettre mon billet en ligne ce soir. Parce que les paragraphes qui précèdent on été écrits sur le coup du moment. Ils sont un instantané de souffrance. Et que j'en ai marre de ne vous offrir que ma souffrance. Il y a plus que ça en moi. Beaucoup plus.

Mais c'est écrit. Et ça doit être publié.

Alors la moindre des choses, c'est que je vous donne une explication.

Disons que la collègue avec qui je m'entend si bien risque de changer de pseudonyme dans les prochains jours.

Juste une remarque. Une toute petite remarque de ma part. Quelque chose que je considérais absolument banal et anodin. Drôle à la limite. Une autre de mes nombreuses plaisanteries qui la font toujours tant rire d'habitude. Jamais en cent ans aurais-je pu me douter que cette remarque ait pu être le moindrement offensante.

Mais je devrais savoir depuis le temps que mon jugement est nul.

Sa réplique, précédée d'un long silence, était si cinglante que j'en suis restée sans voix, complètement figé.

Que dire de plus, je l'ai blessée. Je ne voulais pas la blesser. Pas elle.

Tout est gâché maintenant. Tout est foutu en l'air, une fois de plus. Je ne lui imposerai plus ma douloureuse présence désormais. Je serai poli et courtois si je la croise, et ce sera tout. Je n'irai plus la voir à son bureau, et je vous paris ma paye qu'elle ne lèvera pas le petit doigt pour me donner signe de vie. Son contrat finit dans deux semaines de toute façon. Elle va partir et je vais l'oublier avec le temps. C'est mieux ainsi de toute façon. J'étais en train de tomber dans le piège encore une fois.

Et les autres ? À quoi cela me sert-il maintenant de chercher à les connaître ? Ça va encore finir comme ça finit toujours. Je vais les aimer, je vais leur faire mal.

Je suis génétiquement taré. Si j'étais né il y a cent mille ans, je serais mort depuis belle lurette. J'aurais été incapable de survivre par moi-même, et incapable d'attirer suffisamment la sympathie des autres pour qu'ils prennent soin de moi. Alors la sélection naturelle aurait fait son oeuvre et mes gènes déficients auraient été éliminés du bagage génétique de notre espèce.

De là à dire que je suis un mort en sursis, il n'y a qu'un pas.

Pour l'instant, je vais continuer à vivre. Je vais continuer à écouter des émissions que personne n'écoute, à pratiquer des activités qui n'intéressent personne, à lire des livres dont tout le monde se fout.

Et je vais attendre que cette pleine lune soit passée.


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