9 août 2003

Je suis resté prisonnier chez moi presque toute la semaine. C'est le désavantage de vivre dans un trou. L'isolement. Je suis complètement dépendant de ma voiture.

Mon ami d'enfance est bel et bien venu me chercher mardi pour que je puisse aller m'acheter une courroie de rechange. Mais une fois de retour chez moi, j'ai eu toutes les misères du monde à dévisser les boulons de l'alternateur et de la pompe de la direction assistée. De plus, je devais souvent m'interrompre à cause de la pluie.

Après plusieurs heures infructueuses réparties sur plusieurs jours, j'en suis finalement arrivé à la conclusion que je n'y arriverais pas sans une clé de 12 mm que, pour mal faire, je n'avais pas (je me suis fait voler mon coffre à outils l'an passé, vous vous rappelez ?). C'est finalement Copine qui est venue me chercher jeudi soir. À part un certain nombre d'outils qui me manquaient pour compléter mon coffre, nous avons aussi profité de l'occasion pour faire d'autres achats.

Copine a perdu une de ses amies qui est morte du cancer en fin de semaine dernière. Alors elle n'en menait pas large. Elle avait besoin de se faire changer les idées. Et comme de raison, comme je le fais toujours dans ce genre de situation, je ne lui ai pas été d'un grand secours. Je trouve toujours moyen de dire ce qu'il ne fallait pas dire au plus mauvais moment, et je blesse ceux que j'aime.

Toujours le bon vieil éléphant dans une boutique de porcelaine.

Heureusement, Copine me connaît bien et n'en a pas trop fait de cas.

N'empêche que j'aimerais bien que mes amis arrêtent de perdre des êtres chers. Ce serait si simple si on pouvait reprogrammer la réalité comme on reprogramme un ordinateur. Quand le monde est en décadence et que la civilisation est dominée par la haine et le chaos, on n'a qu'à "backuper" nos données, on efface le disque dur au complet, une petite réinstallation complète du système, on restaure les données et hop ! Tout est beau ! L'Univers marche à nouveau comme sur des roulettes.

Mais bien sûr, même si tout cela était possible, ça ne servirait à rien. Parce que l'Univers marche déjà comme sur des roulettes. Ça ne fait pas toujours notre affaire, c'est tout.

Ce qui faisait mon affaire, par contre, c'est la température d'aujourd'hui. Ça faisait du bien d'enfin voir le soleil trôner dans un beau ciel bleu. J'ai apporté mon kayak à un endroit que j'ai eu envie de naviguer depuis que j'ai déménagé dans le secteur il y a onze ans. C'est une belle petite rivière à l'eau claire et au fond sableux, tranquille et ondulante, coulant à travers une petite forêt. Au détour de presque chaque méandre, une belle petite plage de sable invitait à la baignade et à la relaxation. Mais ce qui m'étonnait le plus, c'est que chacun de ces petits paradis était vide. Inhabité. Pourtant, cette rivière est loin d'être totalement isolée, elle est même assez bien connue et fréquentée dans le coin. J'ai même croisé plusieurs embarcations durant l'après-midi.

Et pourtant, personne ne semblait prendre la peine de s'arrêter et de jouir de ces petites plages. Pour moi, c'est quelque chose de totalement incompréhensible. Mais ce n'est pas la première fois que je pense de façon totalement différente de la majorité des gens.

J'ai d'abord remonté cette rivière aussi haut que le relief et le fond me le permettait, ce qui n'était pas évident considérant le fait que le courant était quand même assez gonflé par les pluies des derniers jours (derniers jours ? Que dis-je ! Dernières semaines !).

(Je m'attend d'ailleurs à souffrir des bras et du dos demain matin... que voulez-vous... manque de pratique. Mais c'est une bonne souffrance ;-) )

J'avais l'intention de profiter des plages de sable sur le chemin du retour, alors que je me laissais paresseusement glisser avec le courant. Mais quand je suis arrivé à celle que j'avais choisi en remontant la rivière, quelle ne fut pas surprise de constater qu'elle était déjà occupée ! Deux hommes, arrivés en vélo par un petit sentier, s'y étaient déjà installé et s'étaient déjà complètement dévêtus pour profiter de l'eau et du soleil. Je les ai salué en passant, content de voir qu'il existe quelque part sur terre quelques autres personnes comme moi qui savent vraiment comment profiter pleinement d'une belle journée pareille. Je ne me suis pas arrêté cependant, la place disponible étant quand même assez limité.

J'avais l'intention de m'installer sur une plage un peu plus loin, lorsque j'ai croisé un autre kayak qui remontait le courant. Juste après avoir salué son propriétaire, quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'il s'agissait de mon patron ! C'est un amateur de plein air lui aussi et je savais déjà qu'il faisait du kayak. Il a semblé encore plus surpris que moi de me voir, car bien qu'il savait que je parlais depuis un certain temps de m'acheter ce genre d'embarcation, il n'avait pas imaginé que je profiterais de mes vacances pour passer à l'acte. Finalement, nous nous sommes accostés quelque part et avons jasé pendant près d'une heure.

L'après-midi étant maintenant assez avancé, j'ai préféré revenir chez moi et faire saucette dans mon lac. De toute façon, plus rien ne m'empêche maintenant de retourner à cette rivière aussi souvent que j'en ai envie. J'avais déjà parlé de cet endroit à la collègue avec qui je m'entend si bien, et il n'est pas impossible que je l'y amène la semaine prochaine.

On va se croiser les doigts pour avoir encore du beau temps, même si à date la météo n'est pas très encourageante.


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