24 août 2003

Je n'avais pas pensé qu'elle devait quand même passer au bureau pour remplir quelques formalités administratives car c'était la fin de son contrat. Je l'ai vu quand je suis passé en face des bureaux de l'administration en fin de journée vendredi. Mais elle ne m'a pas vu.

Et je ne suis pas allé lui parler. C'est plus facile ainsi. Pour elle, mais surtout pour moi.

La fin de semaine que nous venons de passer m'a donné un mauvais avant-goût de l'automne. Je sais que l'été tire à sa fin, mais je ne veux pas y penser. C'est beaucoup trop tôt pour commencer ma dépression saisonnière. Dans les montagnes, si on cherche bien et qu'on regarde attentivement, on peut tout juste commencer à deviner, par endroit, d'imperceptibles teintes de jaune et d'orangé.

Et je me demande pourquoi je fais tant d'effort pour chercher à voir ça. Ça viendra bien assez vite. On dirait que je cours après la déprime.

N'empêche que même s'il faisait frais, le soleil d'aujourd'hui m'a remonté le moral. J'ai dû travaillé tout l'après-midi sur ma voiture pour réparer une gaffe que j'avais faite en fin de semaine dernière. Je suis passé sur une roche immense et j'ai enfoncé le support de la boîte de transfert de plusieurs centimètres. Cet après-midi j'ai dévissé cette plaque et je l'ai redressé tant bien que mal en frappant dessus à coup de masse. Très artisanal comme travail, mais ça défoule. Et le pire, c'est que le résultat final est remarquablement acceptable. En remettant le support en place, tous les trous pour les boulons d'alignaient parfaitement, et la boîte de transfert reposait maintenant correctement à sa place. Je suis allé rouler quelques kilomètres par la suite et ma voiture avait retrouvé toute sa stabilité et sa douceur de roulement. Alors j'étais plutôt fier de moi. Finalement, je crois bien que je peux réparer n'importe quoi.

Une chose est sûre: les forgerons devaient être une catégorie de gens qui n'accumulaient pas beaucoup de frustrations.

Pendant que je travaillais cet après-midi, j'ai entendu les huards crier sur le lac. Je suis allé voir et j'ai constaté qu'ils étaient deux à se donner la réplique. Je ne m'habitue jamais à entendre ce chant presque mystique.

Leurs rejetons sont grands, et ils se préparent maintenant pour la longue migration qu'ils entreprendront en octobre. D'ici là, ils se réuniront en grands groupes sur les lacs les plus poissonneux pour se gaver afin de refaire leurs forces et récupérer d'avoir passé une saison entière à remplir des petits estomacs insatiables.

Puis, avant que les lacs ne gèlent, ils partiront. Et la nature s'endormira pour un autre hiver.


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