5 février 2003

Ça m'avait manqué.

Une de ces classiques conversations de corridor avec la collègue avec qui je m'entend si bien. Une de ces conversations où nous nous faisons face, adossés chacun à un mur, obligeant ainsi les gens à passer entre nous, certains mal à l'aise, d'autres profitant de l'occasion pour nous interrompre avec une remarque humoristique et/ou suggestive, ou simplement un regard lourd de sous-entendus. Une de ces conversations que tout le monde des bureaux avoisinants peut entendre mais dont personne n'ose se plaindre.

Une de ces conversations qui nous permet, du coin de l'oeil, de saisir dans les regards et les expressions de ceux et celles qui nous observent et nous écoutent de loin toutes les interrogations et suppositions possibles à notre endroit.

Une conversation qui ne pus se prolonger autant qu'à l'habitude, car la pauvre demoiselle fatiguait de plus en plus, perchée sur une seule jambe et ses béquilles.

Voilà qu'elle veut me faire cadeau d'une plante maintenant. C'est gentil, non ?


Et puis il y a l'autre, la nouvelle collègue. J'avais cru comprendre qu'elle ne partait que pour une semaine, mais elle n'est pas encore revenue au bureau. Je ne sais sérieusement pas quelle attitude adopter à son retour.

Qui vivra verra.


Ce congrès commence à avoir raison de nous. Je me suis lancé, avec une des secrétaires avec laquelle je travaille beaucoup ces temps-ci, dans une longue conversation philosophique sur l'existence ou la non existence du hasard et du destin. Nous nous penchions sur des questions du genre "Si nous sommes seuls maîtres de notre destin, se peut-il que ceux qui meurent de faim ou de maladie dans des pays ravagés par la famine et la guerre aient choisi cette existence ?", sans en trouver la réponse.

Des concepts comme l'injustice ou la cruauté de l'existence ne sont-ils pas dû simplement à notre perception limitée du monde ? Même une personne menant une vie pleine de joie et de bonheur connaît aussi ses moments de tristesse. Quel serait notre jugement de cette vie si on ne nous en offrait qu'un de ces moments sombres avant de nous en demander notre opinion ? Ne portons-nous pas le même genre de jugement face à notre existence terrestre ? Qui nous dit que notre bref passage sur cette terre ne constitue pas qu'une fraction infinitésimale d'un long voyage à travers une multitude de réalités dont nous ne soupçonnons même pas l'existence ?

Il est si présomptueux de notre part de croire que la réalité se limite à ce que peuvent nous en renvoyer nos cinq sens, alors que la durée de notre existence en tant qu'espèce n'est qu'une fraction infinitésimale de celle de l'univers, et qu'à toute fin pratique, l'évolution vient à peine de commencer à nous équiper des outils nécessaires pour percevoir et comprendre le monde qui nous entoure.

L'univers n'a pas été fait pour nous.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]