9 février 2003

Bon. Disons que je n'ai pas passé la meilleure fin de semaine de ma vie. Rien de dramatique. C'est juste une question d'état d'esprit. C'est le genre de fin de semaine où convergent toutes les angoisses qui s'empilent sur mon dos depuis plusieurs semaines.

Contrairement à la fin de semaine dernière, où mes travaux au sous-sol avançaient rondement et m'insufflaient une énergie nouvelle, rien n'allait cette fois. Je suis au prise avec un paquet de problèmes de logistique qui me bloquent, ce qui fait que je n'ai pratiquement pas avancé depuis deux jours. En fait, tant que je n'ai pas mon putain de poêle en main, je ne peux plus continuer à construire les renforts de charpente pour mes bancs, parce que je ne peux pas savoir exactement quelle configuration donner à ces derniers. Un sauna est un endroit où l'espace est restreint, et doit être optimisé au maximum. Tout espace de plancher est un espace inutile, et on veut maximiser l'espace alloué aux bancs. Par contre, il y a les codes de la construction à respecter, et ces codes exigent des gardes à une distance minimum autour du poêle. Et j'ai besoin d'avoir les dimensions exactes de ce dernier, au centimètre près. Non seulement la hauteur, largeur et longueur, mais aussi l'espacement entre les braquettes de fixation, leur hauteur par rapport au corps du poêle, et même la position des trous de vis. Bref, j'ai besoin de l'avoir en main.

En plus, je dois faire du ménage, je dois faire la vaisselle, je dois me faire à manger, je dois faire l'épicerie car mon réfrigérateur est vide. Je dois, je dois, je dois. Et encore une fois, je me sens coupable de n'avoir rien fait de tout ça. Coupable d'avoir dit non à l'invitation de Copine d'aller faire un tour chez elle car elle part en voyage pour trois semaines dans quelques jours, coupable d'avoir plutôt passé une bonne partie de la fin de semaine à travailler sur mon ordinateur, ce qui est la seule chose que j'avais vraiment envie de faire, coupable de ne pas avoir profité du soleil et du temps doux que nous avons eu pour aller jouer dehors. Coupable, coupable, coupable. Et pour couronner le tout, je suis écoeuré de travailler depuis des mois sur ce sauna qui avance à pas de tortue, écoeuré de ce congrès qui m'accapare tellement que je n'ai plus de temps à consacrer à mes autres fonctions, écoeuré d'un de mes clients qui me harcèle parce qu'ils ont justement choisi, pour déménager leurs bureaux, la période où j'ai le moins de temps à leur consacrer, écoeuré que tout le monde subitement se mette à me faire toutes sortes d'invitations justement dans une période où je n'ai pas le temps de les accepter, alors que personne ne me donne signe de vie durant les périodes où je m'emmerde royalement, écoeuré de l'hiver, écoeuré de ce mal de bloc qui ne me lâche pas depuis deux jours. Écoeuré, écoeuré, écoeuré.

Dois, dois, dois. Coupable, coupable, coupable. Écoeuré, écoeuré, écoeuré. Ça résume assez bien mon état d'esprit actuel.

Maintenant, si ça ne vous fait rien, je vais vous quitter. Je dois aller me faire à manger car je suis écoeuré d'avoir faim. Sinon, je vais encore me sentir coupable...


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