19 janvier 2003

Petit avant-midi dans les grandes surfaces aujourd'hui. Je crois bien avoir pris une décision en ce qui concerne ma céramique, et je voulais que Copine me donne son avis. Elle et moi n'avons pas exactement les mêmes goûts en terme de décoration, mais je sais qu'elle me connaît suffisamment bien pour m'aider dans mes choix. Cela m'a d'ailleurs été confirmé quand elle m'a dit, après quelques minutes de discussion: "Ce n'est pas vraiment dans mes goûts, mais par contre, c'est tout à fait toi".

Chaque fois que je passe un peu de temps avec Copine, je réalise la qualité et la profondeur de notre amitié. Il y a longtemps que je cherche les bons mots pour la décrire, pour en expliquer la couleur et la tonalité exacte. Cet après-midi, ça m'est venu comme ça: le lien qui nous uni est "filial". C'est une espèce d'inconditionnalité, de "cela va de soi" tout à fait naturel. C'est comme si il était évident que, peu importe ce qui puisse arriver entre nous, nous serons toujours amis, de la même façon qu'un frère et une soeur seront toujours frère et soeur, car ce lien est intrinsèque à ce qu'ils sont, il ne dépend pas d'une volonté, ou d'une absence de volonté, d'un côté comme de l'autre, d'entretenir ce lien.

Avec elle, je n'ai pas à être autre chose que ce que je suis, je n'ai pas à continuellement chercher à lui prouver, ou à me prouver, quoi que ce soit. Je suis aussi à l'aise avec elle que lorsque je déconne seul chez moi. Il est arrivé à plusieurs reprises depuis que l'on se connaît que, alors que je lui parlais de mon côté bilieux et de mon sale caractère, elle me fasse remarquer qu'elle n'avait jamais été témoin de mes soi disantes crises de colère. Et le fait est qu'elle a raison. En fait, il n'y a tout simplement rien en elle qui fasse ressortir ce côté "noir" de ma personnalité. Elle ne m'inspire tout simplement pas cela. Pas qu'elle ne m'irrite jamais (je crois que la personne qui ne m'irritera jamais n'est pas encore née), mais rien en elle ne touche en moi ces cordes sensibles qui me font grimper aux rideaux.

Quand je prend un peu de recul et que je mets temporairement sur la glace toutes mes petites frustrations et mes angoisses existentielles, je réalise davantage la valeur intrinsèque d'une telle amitié.

Mais amitié elle est, et amitié elle restera. Jamais elle ne pourrait se muer en quelque chose de plus amoureux, justement à cause de sa nature quasi filiale. Nous avons été amants durant une courte période, mais cela ne changeait rien à la couleur de notre relation.

Cependant, lorsqu'on vit une telle symbiose entre deux êtres, difficile de faire le choix de se contenter de moins dans une éventuelle relation amoureuse. Alors ça met invariablement la barre encore plus haute, elle qui était déjà à peu près hors de portée...

Il y a du bon et du mauvais dans tout ça. La mauvaise, c'est que ce genre de compatibilité entre deux personnes est très rare, ce qui rend sa quête d'autant plus décourageante, voire démoralisante. La bonne, c'est que cela se "sent" presque tout de suite, du moins si je me fis à ma propre expérience. Le temps n'a pas grand chose à voir dans tout ça. Je peux aisément affirmer que j'étais aussi à l'aise avec Copine après les cinq premières minutes de notre première conversation que je le suis aujourd'hui, plusieurs années plus tard.

De telles amitiés sont trop rares et précieuses pour se permettre de les négliger comme je l'ai fait ces dernières années.


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