6 mai 2003

Cette nuit, à minuit et cinq minutes très précisément, j'ai entendu par ma fenêtre ouverte ma toute première grenouille de l'année.

Plus tard dans la nuit, aux environs de cinq heures du matin, je me suis levé pour fermer ma fenêtre et prendre deux (oui deux !) tylenols (régulières, quand même) pour tenter de me débarrasser du mal de bloc qui me réveillait continuellement. L'avantage de ne pas prendre souvent de médicaments, c'est que notre corps ne s'y habitue pas et qu'ils sont ainsi très efficace. Après une quinzaine de minutes, j'ai finalement pu oublier la douleur et prendre au moins deux heures de vrai sommeil. Ce n'était pas l'idéal, mais c'était mieux que rien.

Je suis allé au cinéma ce soir. Pendant deux heures, j'ai décroché de ma vie. Je n'avais plus mal à la tête. Les palpitations cardiaques que je ressentais étaient dues à l'excitation du film et non au stress de mon quotidien. C'est drôle, je me suis toujours plains que je me sentais toujours trop spectateur de ma vie. Ce soir, c'est exactement ce que je recherchais pourtant: être spectateur. N'avoir aucun choix à faire, aucune décision à prendre. Simplement regarder, être témoin de l'existence d'êtres imaginaires vivant des aventures déjà décidées d'avance par d'autres.

Ce soir, à mon retour chez moi, quelques grenouilles chantaient timidement.

Certains se fient sur les hirondelles, d'autres sur les corneilles pour décider que le printemps est arrivé. Chacun a ses propres critères.

Moi, c'est les grenouilles. Il est totalement impossible à un cerveau humain normalement constitué d'associer hiver et grenouilles. Lorsque je commence à entendre leurs chants, les derniers relents de l'hiver sont définitivement effacés de mon cerveau.

Alors pour moi, en ce jour, le printemps est définitivement arrivé.


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