14 mars 2003
J'ai un cactus de Noël, juste sur le coin de mon bureau, depuis de nombreuses années.
Il m'a été offert en cadeau par une collègue de travail. Je l'ai gardé longtemps au bureau, mais il ne s'y plaisait pas. Le manque de lumière naturelle, je suppose. Il est devenu tout rouge.
Je l'ai donc amené chez moi et l'ai placé sur le bord d'une fenêtre, en plein soleil. Le phénomène de rougissement s'est arrêté, mais ne s'est pas renversé. De plus, il a cessé de pousser. Plus aucune nouvelle pousse depuis des années.
Mais au moins, à chaque automne, il me donnait quelques belles fleurs. Alors je me disais que je l'avais sauvé de justesse, qu'il ne retrouverait probablement jamais sa vigueur d'antan, mais qu'il pourrait quand même fleurir chaque année pour agrémenter mes automnes tristes.
Cet automne, il n'a pas fleuri.
Ça m'a déçu beaucoup. De toute évidence son dépérissement, bien que lent, se continuait.
Il y a trois semaines, comme ça, sur un coup de tête, je me suis dit que c'était assez.
Je l'ai sorti du petit pot dans lequel il vivotait depuis trop longtemps. Il n'y avait pratiquement plus de terre, ce n'était qu'une motte de racines, que j'ai plongé dans un bocal d'eau pendant plusieurs minutes pour bien les imbiber, pendant que je préparais un pot plus grand et du bon terreau tout neuf. J'ai tout fait selon les règles de l'art. J'ai fait quelques coupes longitudinales dans les racines pour aider celles-ci à se redéployer, j'ai rempoté le tout en prenant soin de tasser la terre juste comme il faut, j'ai bien arroser le tout, mais sans exagérer, puis je l'ai remis à sa place, sur le coin de mon bureau.
Et j'ai attendu.
Aujourd'hui, trois semaines plus tard, trois belles fleurs sont sur le point de s'épanouir.
Et sur les tiges les plus saines, le vert est en train de remplacer la couleur rouge qui s'y était installée depuis des années. Et tout à l'heure, en regardant attentivement, j'ai remarqué que, partout le long des tiges les plus vigoureuses, de petits bourgeons commencent à apparaître.
Finalement, il avait besoin de si peu de choses.
Pourquoi l'ai-je fait attendre si longtemps ?
Pourquoi fais-je la même chose avec moi même ?