14 octobre 2003

Pourquoi est-ce que la saleté s'accumule toujours aussi vite ?

Pourquoi est-ce que le réfrigérateur se vide toujours aussi vite ?

Pourquoi faut-il toujours refaire le ménage, les courses, la vaisselle, la bouffe ?

J'ai fait un gros effort aujourd'hui. J'ai acheté suffisamment de bouffe pour au moins deux semaines. Simplement de prendre la décision de tourner vers mon supermarché au lieu de prendre directement la route vers chez moi m'a demandé un effort surhumain.

Et puis pourquoi est-ce que ces putains de plantes ont toujours besoin d'eau ? Je devrais n'avoir que des cactus chez moi.

Tout le monde me dit que je devrais avoir un chat, parce que j'aime les minous. Ça me tiendrait compagnie, qu'ils me disent.

C'est pas tout ça, d'aimer les minous. Il faut s'en occuper des minous. Ça bouffe, ces bibittes là. Et puis ça chie. Faut changer la litière. Et puis ça crache des boules de poils. Faut les ramasser les maudites boules de poils. Et parlons-en du poil. La poussière s'accumule déjà assez vite comme ça chez moi, vous imaginez ça avec du poil de minou en plus ? Achètes-toi un chat nu, qu'y disent, ça irait bien avec toi de toute façon. Ha ha ha très drôle je me tord de rire.

Je deviens de plus en plus lâche, de plus en plus paresseux, de plus en plus dépourvu de la moindre de parcelle de volonté pour accomplir les tâches quotidienne. Ce n'est pourtant pas que je manque d'énergie, c'est juste que j'ai seulement le goût d'être dehors, à la chaleur, au soleil, de me baigner, de faire du kayak, de la randonnée, de faire des feux en écoutant les sons de la nuit.

Avec les années je décroche de plus en plus de la vie civilisée. L'humanité me semble de plus en plus intolérable. Vous avez vu ce meurtre gratuit hier, à un guichet automatique ? Vous voyez ce qui s'est passé à Montréal cette nuit ? C'est pas en Irak ça, ni en Afghanistan, de l'autre côté de l'océan. C'est juste à côté de nous. La folie nous rejoindra partout, éventuellement, où que nous soyons. Oui, je sais, vous allez me dire que je suis victime de la psychose médiatique. N'empêche que, même sans être sociologue, il faut avoir les yeux bandés pour ne pas reconnaître les symptômes de la décadence d'une civilisation. Notre civilisation.

Nous avons besoin d'un grand ménage. Pas de retourner à l'âge de pierre, mais de faire un tri dans toute ce fouillis que notre société a pondu depuis quelques siècles. Fouiller dans la science, les arts, la philosophie, en extraire l'essence, et brûler tout le reste dans un grand feu de joie.

Me trouver un beau coin tranquille, quelque part dans les montagnes. Vivre dans une petite maison sobre, autosuffisante au niveau de l'eau et de l'énergie. Y inviter une jeune femme qui voit la vie comme moi pour y passer ensemble le reste de nos jours.

On peut toujours rêver.


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