13 septembre 2003

Deux !

J'ai vu deux hérons bleus ensemble cet après-midi, vraisemblablement un couple, alors que je faisais du kayak sur mon lac. Leurs petits doivent avoir quitté le nid maintenant, mais ils resteront probablement ensemble jusqu'au retour des grands froids, où ils entreprendront leur migration vers le sud.

J'ai vraiment eu une bonne idée de m'acheter un kayak. J'adore vraiment ça. On est beaucoup plus confortable que dans un canot, et le mouvement de pagayage est beaucoup plus naturel. On n'y pense même plus après un certain temps. La seule chose qui m'enrage c'est que je ne peux plus l'apporter nulle part maintenant, je dois rester ici. Aussi, je n'ose pas amener ma petite voiture de location qui ne m'appartient pas dans les routes gravelées et chemins forestiers où je vais d'habitude. Alors je me sens encore un peu prisonnier ici, et ce même si j'ai une voiture.

Cette petite recrudescence inespérée de temps doux était une occasion trop belle pour la laisser passer. Jeudi soir, je suis sorti au milieu de la nuit pour aller faire un tour de kayak sur le lac à la lumière de la pleine lune. La nuit était suffisamment douce pour que je sorte vêtu uniquement de ma veste de flottaison. j'aurais bien aimé être complètement nu, mais j'étais seul, en pleine nuit, dans une petite embarcation sur un plan d'eau de dimension non négligeable, et ne pas porter de veste de flottaison aurait été imprudent.

j'avais à peine commencé à traverser le lac que je me suis aperçu que j'étais entouré d'au moins une douzaine de chauve-souris qui virevoltaient en tout sens, de façon totalement silencieuse. Si elles n'avaient été révélée par la lumière de la lune, elles auraient pu passer totalement inaperçues.

Au milieu du lac, une petite brise fraîche soufflait et j'étais heureux même du peu de protection que ma veste me procurait. J'avais la lune face à moi, et cette brise produisait de petites rides sur l'eau, qui reflétaient sa lumière comme des milliers d'étoiles scintillantes. Alors que j'approchais de la rive opposée, la vue de la silhouette des arbres contrastant sur le ciel laiteux était vraiment merveilleuse. La légère brume qui flottait à la surface de l'eau complétait le mystère de cette atmosphère féerique. Soudain, à ma gauche, un bruit; le claquement sourd de la queue d'un castor dans l'eau.

J'ai pagayé lentement, longeant la rive nord du lac sur presque toute sa longueur. Les arbres bloquaient le vent maintenant, et j'étais vraiment confortable. J'aurais pu rester ainsi des heures et des heures. Malheureusement, on ne peut échapper à la triste réalité de la vie moderne. Je savais que je travaillais le lendemain, et qui plus est, je recevais l'enquêteur de ma compagnie d'assurance à propos de mon vol de voiture. Je dus donc m'astreindre à être raisonnable. Sur l'autre rive, je savais que l'une de ces petites lumières était ma maison, et j'entrepris donc à nouveau la traversée du lac. À mi-chemin, la petite brise soufflait toujours, mais cette fois j'étais un peu plus habitué au froid.

Avant d'arriver chez moi, j'ai effrayé plusieurs canards qui s'envolaient bruyamment dans toutes les directions en nasillant. À en juger par le boucan qu'ils faisaient, ils devaient être une bonne cinquantaine, ce qui m'a surpris car je n'ai jamais vu autant de canards sur le lac en plein jour.

Même après avoir tiré mon embarcation sur la rive et retiré ma veste, je suis resté encore quelques minutes nu, debout sur le bord de l'eau, à admirer la lune dans le ciel, à écouter le chants des grillons qui tentaient timidement de remplir le silence de la nuit.  Et encore une fois, je me suis dit que j'aurais bien aimé avoir quelqu'un avec qui partager ce moment magique.

Dans un autre ordre d'idée, il y a de ces choses qui, lorsqu'on en est témoin, ne peuvent faire autrement que de nous accrocher un sourire au visage pour le reste de la journée. :-)


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