23 août 2004

Note: Transcription intégrale de mon texte écrit sur papier.

Camp McIntyre. C'est un camp rustique dans la réserve faunique Rouge-Matawin. Rustique, ça l'est. Éclairage au propane (que j'aime bien d'ailleurs car il émet un son reposant et sert aussi de chauffage), plancher de linoléum, murs de panneaux de copeaux pressés peint d'une couleur qui n'a de blanc que le nom, isolation en panneaux de styrofoam blanc taché de moisissure, percé de partout par des petits rongeurs et "patché" de façon artisanale avec tout ce qui tombait sous la main des occupants précédents (vieux papiers journaux, boules de papier d'aluminium, etc).

En ce moment, je joue à cache-cache avec une souris. Elle est absolument mignonne. Ces petites bêtes sont très myopes, mais leurs yeux perçoivent excessivement bien les mouvements. Lorsqu'elle se montre le nez au pas de la porte de l'autre pièce, je ne fais que tourner la tête en sa direction et elle détale aussitôt.

J'essais de deviner la provenance de chaque craquement, bruissement et frottement que j'entend à l'occasion dans la structure. Je sais déjà qu'une ou plusieurs souris en sont au moins partiellement responsables. Je sais aussi que probablement plusieurs chauve-souris y ont élu domicile. Au crépuscule, tout à l'heure, j'en ai vu une se pointer le bout du nez par un trou dans l'isolation. D'abord, j'avais peur qu'elles ne se mettent à voler partout dans le chalet, mais j'ai compris que leur cachette est ouverte vers l'extérieur et qu'elles prennent leur envol à chaque crépuscule, pour revenir au bercail au petit matin.

J'étais un peu angoissé en arrivant tout à l'heure à l'idée de passer deux jours entiers complètement seul dans ce refuge. Peur de ne pas savoir quoi faire, de m'ennuyer. Je ne suis pourtant pas étranger à la solitude. Mais dans le confort de mon chez moi, dans mon petit sanctuaire, je suis entouré de toutes ces choses avec lesquelles j'oublis mon ennui. Ici, je n'ai rien de tout cela. Seulement un peu de lecture, ce cahier et ce stylo. Et puis tout m'est inconnu ici. J'avais peur que le temps s'étire, et pourtant il est déjà passé 22h. Il faudra bien que je me décide à éteindre cet éclairage au propane dont le son réconfortant me semble déjà si familier.


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