1 avril 2004

Cette semaine, pour la première fois de l'année, j'ai entendu les carouges chanter en partant travailler le matin. La neige sur le lac commence enfin à ressembler à une marre détrempée. Quant à la neige sur ma toiture, elle disparaît à vue d'oeil. Lorsque je quitte le travail en fin d'après-midi, le soleil est encore haut dans le ciel. Le soir, lorsque j'écoute au loin, j'entend couler les sources dans les montagnes.

Et en fin de semaine passée, j'ai vu un papillon. Un beau papillon orange, noir et blanc.

Tout cela devrait me remplir le coeur d'allégresse et me faire trépigner d'impatience.

D'impatience, je trépigne, mais pas pour ces raisons.

Parce que, parallèlement à tout ça, et contrairement à la magnificence de la nature qui s'éveille lentement d'un long sommeil, il y a des choses qui empirent de jour en jour.

Et non, je ne parle pas de ma santé. Ça, ça s'améliore progressivement. Ce qui m'étonne d'ailleurs. Parce que si mes problèmes de santé venaient effectivement du stress, ils devraient s'aggraver de plus en plus, car le stress auquel je suis exposé, lui, s'aggrave.

En fait, je parle de mon travail. Ça va de plus en plus mal. Il y en a deux qui s'endurent de moins en moins. Les prises de bec et les engueulades sont de plus en plus nombreuses, ce qui affecte l'ambiance de travail pour tout le monde. Tout le monde est démotivé, écoeuré, et moi le premier. Et ça c'est juste à court terme, parce qu'à long terme, en ce qui me concerne, ça ne s'annonce guerre mieux.

Mes pauses étaient les seuls moments de la journée où je pouvais oublier un peu, et fraterniser avec les quelques personnes que j'appréciais, faire le peu de "social" qui existe dans ma vie. Mais au cours de la dernière année, la présence de plus en plus emmerdante d'un de nos collègues a fait fuir progressivement tous les autres. Et moi, je viens tout juste de réaliser qu'il m'emmerde. Royalement. Il prend tout le plancher, ne laisse jamais parler personne, a toujours raison et nous coupe la parole continuellement si on essaie d'argumenter ou de défendre notre point de vue. De plus, ses seules sujets de conversations sont exactement toutes les choses que je déteste et dont je ne veux plus entendre parler.

Pour faire une histoire courte: je me fais chier à partir travailler tous les matins. Et je me fais chier à revenir ici seul tous les soirs.

J'ai besoin d'un changement, d'un très gros changement dans ma vie.

Mais il y a quand même quelque chose de positif dans tout ça. Les émotions que je ressens s'apparentent à l'écoeurement, à l'ennuie, à l'exaspération, à l'impatience. Mais il n'y a aucune trace de déprime, de découragement ou d'angoisse. Au contraire, je sens monter en moi une motivation nouvelle, une énergie qui se bâtit progressivement et qui me permettra peut-être, qui sait, de faire le grand saut qui est sans doute nécessaire à ce moment de ma vie.

J'ai parlé de mon projet d'exil à la collègue avec qui je m'entend si bien. Comme je m'y attendais, elle m'a tout de suite compris. Avec ce projet, plein de rêves naissent dans ma tête. Tant de possibilités, tant d'espoir. Espoir d'une vie qui me ressemblerait vraiment, d'une vie que j'aurais dû vivre depuis toujours.

Pour l'instant, je vais continuer à rêver.


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