26 mars 2004

Je passe probablement le pire mois de mars de toute ma vie. Il ne fait aucun doute que ce mois est toujours particulièrement éprouvant pour moi, mais cette année, ça dépasse les bornes. J'ai un degré de tolérance absolument nul envers toute la stupidité humaine. En plus, nous avons commencé un très gros projet au bureau et ça me stresse beaucoup.

Mais malgré tout ça, mes problèmes de santé se règlent progressivement. Cette étrange "blessure" que je semblais avoir du côté gauche de la cage thoracique semble guérie. De plus, je me trouve particulièrement bout-en-train au bureau ces temps-ci.

En fait, j'ai même lancé une idée ces derniers jours. Si je retire progressivement tous mes REER et mes autres placements, et que je vend ma maison, je pourrais partir dans l'ouest, me dénicher une belle petite vallée totalement sauvage et luxuriante quelques part sur les terres publiques dans les montagnes rocheuses, payer un loyer annuel dérisoire au gouvernement pour m'y construire une petite cabane sobre mais confortable, et y écouler des jours heureux jusqu'à la fin de mes jours, loin de la folie et de la médiocrité humaine. Fini d'entendre parler de la prostitution juvénile, du scandale des commandites, de la guerre en Irak, et des enfants de putain dépressifs qui "accepte mal leur rupture" (bandes de trou de cul) et qui tirent leur ex conjointe avant de se tirer eux-mêmes.

Plus de stress. Plus de responsabilités. Plus de frictions angoissantes au bureau. Chaque matin en ouvrant les yeux, je verrais la chaleur réconfortante du bois et d'un décor rustique. Derrière la fenêtre, je contemplerais le paysage de rêves des montagnes et de la rivière. Rien d'autre à faire à chaque jour que de partir à la pêche, à la chasse, de faire du kayak, de la randonnée pédestre, de la raquette en hivers, du camping sauvage et de la photo. Aucune autre responsabilité à part couper mon bois et entretenir mon petit domaine, mon petit jardin, mes quelques outils et la petite génératrice alimentée par l'eau de la rivière et qui me procurerait le peu d'électricité dont j'aurais besoin pour m'assurer un minimum de confort.

Plus de ville. Plus de trafic. Plus jamais je ne serais soumis à la folie humaine. Le reste du monde pourrait s'anéantir dans une guerre nucléaire, je n'en aurais que faire.

Ce serait le paradis.

Croyez-le ou non, l'idée a plu à plusieurs de mes collègues. Deux d'entre eux m'ont déjà confirmé qu'ils se joindraient à moi. On pourrait se bâtir un mini village de quelques cabanes. L'un d'entre eux, croyez-le ou non, est l'amant présumé. Quoi que dans son cas, il devrait d'abord convaincre sa conjointe, Consoeur, de l'accompagner, ce qui est une tâche impossible. Consoeur est une femme urbaine jusqu'à la moelle des os. Dans le bois comme ça, loin de toute civilisation, elle mourrait sûrement.

J'ai peut-être l'air de fantasmer comme ça, mais je vous jure, l'idée me séduit de plus en plus. Et le pire, c'est que je sais que, dans mon cas du moins, c'est financièrement et logistiquement tout à fait faisable.

Peut-être devrais-je laisser passer ce mois infernal, attendre que la neige disparaisse et que la nature renaisse, avant de prendre une décision un peu hâtive.


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