8 janvier 2004

Moins on écrit, moins on a le goût d'écrire. Ce qui explique mon absence des dernières semaines. Ça et le fait que je ne me suis tout simplement pas laissé le temps d'écrire. Durant les trois dernières semaines de l'année, j'ai consacré chaque parcelle de temps libre à mes travaux sur mon sauna.

D'abord et avant tout: Bonne et Heureuse Année à vous tous et toutes.

Si l'heure était au bilan, je dirais que malgré ma solitude et mon isolement, malgré mes problèmes de santé reliés au stress et à l'angoisse, malgré ces travaux sur mon sauna que je traînais comme un boulet, et malgré le fait que je me sois fait voler ma voiture, 2003 fut une bonne année pour moi. Enfin, meilleure que les années précédentes. Si j'avais été avec mon ancien groupe d'amis et que c'aurait été à mon tour de faire le bilan de mon année, cette fois, je n'aurais pas passé la bougie au suivant sans dire mot.

Une bonne année parce que, globalement, je suis plus heureux que je l'étais l'an passé. Une bonne année, parce que je crois avoir trouvé, en la personne de la collègue avec qui je m'entend si bien, une bonne amie. Elle garde encore une distance entre elle et moi, mais cette fois elle l'admet elle-même. Et le problème ne vient pas de moi. Elle a ses raisons que je comprend. Mais je suis patient. Rien ne presse de toute façon.

Une bonne année parce que j'ai compris des choses, parce que mes craintes et angoisses ont pris une toute autre saveur, une saveur presque normale. Autrement dit, mes angoisses elles-mêmes ne m'angoissent plus. Une bonne année parce que j'ai découvert que le genre de personne avec lequel j'ai envie d'être existe. Je le sais maintenant.

Et surtout, surtout, une bonne année parce que deux cent dix minutes avant qu'elle ne se termine, j'ai TERMINÉ MON PUTAIN DE SAUNA !!!!

Et oui. Je n'ose y croire moi-même. Ça me paraît si irréel.

Le 31 décembre au soir, au douzième coup de minuit, moi et Copine étions dans mon sauna. Dans ce sauna auquel j'ai consacré tant d'énergie depuis presque deux ans. Il faisait chaud, ça sentait bon le cèdre, nous étions nus, nous étions bien. Le reste de l'univers n'existait pas. Nous nous sommes fait la bise et nous sommes souhaité la bonne année, puis nous sommes sortis pour jouer nus dans la neige, brièvement bien sûr. Je peux dire que j'ai franchis le cap de la nouvelle année comme je l'avais souhaité.

J'ai passé un beau réveillon de Noël aussi. Depuis plusieurs jours, la collègue avec qui je m'entend si bien ne manquait pas de me mentionner régulièrement qu'elle aussi allait passer le réveillon seule, car son conjoint était parti passé une partie du temps des fêtes dans sa famille, en Abitibi. Elle n'a pas voulu le suivre, car elle ne se voyait pas passer plus d'une semaine parmi ce qu'elle considère comme des étrangers, des gens qu'elle ne voit pratiquement jamais et avec qui elle ne se sent pas à l'aise. Encore une fois, je la comprenais très bien, elle n'a pas eu à me faire un dessin.

Lors de notre dernier jour de travail, je l'ai invitée à venir passer le réveillon chez moi, en ma compagnie.

Elle a accepté. Depuis que nous nous connaissons, plus de trois ans, c'est la première fois qu'elle acceptait une de mes invitations.

Nous avons jasé jusqu'à trois heure du matin. Elle s'est ouverte à moi un peu plus qu'à l'habitude. Un petit pas pour elle, un grand pas pour notre relation. C'est avec des petits pas qu'on fait des voyages. Comme je l'ai dit plus haut, je suis patient. Rien ne presse.

En conclusion, l'année s'est bien terminée. Et ma nouvelle année a bien commencé.

Mais tout n'est pas rose, bien sûr. Au fil des mois, j'étais motivé et stimulé par un projet: celui de mon sauna. Je n'ai pu m'empêcher de me faire toutes sortes d'illusions, de me projeter dans l'avenir, de m'imaginer qu'une fois ce projet terminé, j'allais pouvoir recommencer à vivre, à avoir une vie sociale, j'allais y inviter plein de gens, pour partager ma passion.

La réalité, bien sûr, est toute autre. Et maintenant, en particulier ces derniers jours à cause de la pleine lune, j'ai senti comme un manque, un vide, une sorte de dégonflement émotionnel.

Il reste encore beaucoup à faire.

Mais je crois que, cette fois, je suis sur la bonne voie.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]