2 décembre 2006

J'ai un oeil tellement épuisé qu'il ne focalise même plus. Alors je vois une image floue superposée à une image nette. Génial. Ça a commencé hier. À cause d'un concours de circonstances (quelque chose que je tenais à finir chez moi, plus un surplus de travail au bureau), je suis rivé devant un écran d'ordinateur de façon quasi ininterrompue, sept jours sur sept, depuis plusieurs semaines. Alors mes pauvres yeux de ptit vieux commencent à avoir leur voyage. Ça allait bien ce matin, après une bonne nuit de repos, mais ça n'a pas été long que ça a recommencé dès que je me suis retrouvé à nouveau sur mon ordinateur.

La vérité, c'est que ça fait des lunes que j'aurais dû aller consulté un optométriste. J'aurais besoin de lunettes, au moins pour travailler, mais je remet toujours à plus tard.

Je devrais me discipliner à ne pas toucher à mon ordinateur de toute la journée demain. Il y a de la neige à pelleter dehors après tout.

Je sais que je n'ai pas écrit de tout le mois de novembre. Mais je hais le mois de novembre, même si c'est le mois de mon anniversaire. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle le mois de morts. Pluie, froid, vent, nuages, arbres dénudés, couleurs ternes, longues nuits. Rien de positif dans tout ça.

Et puis, vous me connaissez depuis assez longtemps pour savoir que le temps de fêtes n'est pas ma tasse de thé. Et comme cette année j'ai une raison de plus de l'haïr, inutile de rajouter que plus vite il sera passé, plus vite je serai soulagé.

Vous savez ce qu'on dit: "Si vous n'êtes pas dans l'esprit des fêtes, faites semblant". Et bien ces "on", je les emmerde.

Cette année, j'ai le goût plus que jamais de disparaître entre le 22 décembre et le 6 janvier. Mais ma famille aura besoin de moi, alors c'est hors de question. J'aurais bien aimé passer la veille du jour de l'an dans un chalet avec Lola. Mais ça aussi c'est hors de question, j'aurais pratiquement dû réserver l'an passé. Nous avons quand même loué un chalet ensemble au début de novembre et nous avons eu la chance de nous faire réveiller au milieu de la nuit par deux magnifiques orignaux, un jeune mâle et une femelle, qui sont venus flâner autour du chalet. On les distinguait très bien sous la lumière de la pleine lune. Malheureusement, l'un d'entre eux a détalé en apercevant nos mouvements derrière les châssis.

Dans la voiture, en la ramenant chez elle, je confiais à Lola qu'un chalet en automne, des randonnées pédestres dans le froid et sur un sol gelé, des arbres dénudés et sans couleur, ce n'était pas la même chose, le même feeling pour moi. Elle m'a alors demandé comment j'allais m'en sortir lorsque je vivrais seul, dans mon chalet en forêt, durant les longs mois d'hiver.

Je lui ai spontanément répondu: "Je ne sais pas, mais quoi qu'il en soit, je serai libre."

Et je n'ai pu que constater encore une fois à quelle point cette liberté, cette indépendance, cette autonomie totale était importante pour moi. Si importante que j'en suis venu à sacrifier pratiquement toutes les autres choses qui auraient pu donner un sens à ma vie: relations, amours, enfants, etc, parce qu'elles représentaient une forme d'engagement ou de responsabilité.

Pourtant, quand je suis avec Lola, je ne me sens pas restreint, engagé, ou pris au piège de quelque façon que ce soit. Ça doit être ça, la véritable amitié. Et je suppose que le véritable amour, c'est un peu la même chose. Au moins, si j'ai la chance de le rencontrer un jour, je saurai le reconnaître. Peut-être.

Mais c'est très improbable de toute façon.


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