14 septembre 2006

Et dire que tout le monde me demande tout le temps pourquoi je veux partir vivre en forêt loin de la civilisation...

Je parle bien sûr de ce qui s'est passé hier au collège Dawson.

Moi aussi, j'écris un journal en ligne dans lequel je fais souvent part de mon dégoût et de mon mépris pour l'humanité. Pourtant, est-ce que je commettrais un geste pareil ? Bien sûr que non. Pourquoi ? Parce que, contrairement au taré d'hier, j'ai toute ma tête. En fait, c'est cette tête qui m'a sauvé la vie plus d'une fois.

Le cas d'hier est un parfait exemple de tout ce qui peut aller de travers dans un cerveau humain. C'est complexe, un cerveau humain. Et plus c'est complexe, plus ça peut chier de façon spectaculaire.

Je vous entend déjà me dire que tout le monde n'est pas comme ça, que c'est un cas très rare, que ça a à peine une chance sur un million d'arriver. Les arguments classiques, quoi.

Une chance sur un million ? Nous sommes SIX MILLIARDS sur cette putain de planète ! Ça veut dire qu'à l'heure où l'on se parle, il y a SIX MILLE de ces désaxés, de ces bombes à retardement en liberté de par le monde ! Vous pensez que c'était un cas isolé ? Allez voir sur le site qu'il fréquentait les commentaires qui ont été laissé depuis cet évènement. Il y en a qui le félicite de son geste ! Seulement quelques uns dites-vous ? Mais bordel de merde, qu'est-ce que ça change, qu'il y en ait 100% ou 1% ? Un seul c'est déjà totalement inacceptable et inexcusable ! Combien pensez-vous que ça en prend pour poser un autre geste semblable ?

Le simple fait qu'il soit possible qu'un cerveau humain se dérègle à ce point ne fait que confirmer ce que je pense déjà, à savoir que l'espèce humaine est fondamentalement défectueuse. Jamais elle ne réussira à se survivre à elle-même.

Et dites-vous bien que ce qui s'est passé hier n'est que l'oeuvre d'un détraqué, d'un pauvre looser probablement génétiquement défectueux depuis sa naissance qui a finalement pété une coche. Imaginez les abominables atrocités que peuvent commettre des êtres froids et rationnels mais qui, comme ce détraqué, n'ont pas la moindre trace de compassion et d'empathie au fond d'eux-mêmes. L'histoire est pleine de monstres comme ça. Il y en a eu légion au fil des siècles. Et il y en aura d'autres. Et D'autres. Et d'autres. Et ça n'arrêtera jamais.

Je suis incapable de faire comme 99% des gens et de me détacher, de m'endurcir. Je ne veux pas m'endurcir. Je ne veux pas devenir insensible à toute cette horreur, à toute cette souffrance, à toute cette folie. Je veux continuer à rager, à pester et à pleurer chaque fois que je suis témoin d'actes aussi immondes. C'est cette empathie, cette compassion qui fait toute la différence entre moi et l'un ou l'autre de ces monstres. Et c'est elle qui nous empêche tous de devenir l'un d'eux, l'une de ces abominations froide et déshumanisée. Et paradoxalement, c'est cette même empathie qui me pousse à fuir, à me barricader, à me couper de toute cette souffrance humaine que je ne peux plus, et ne veux plus, supporter.

Je suis un humain moi aussi. Je blague souvent avec mes histoires de mutant, et c'est souvent ainsi que je me sens, mais je suis parfaitement conscient du fait que très peu de choses nous distinguent, vous et moi, de ce genre de tarés qui ont complètement perdus la carte, et de tous ces autres tarés qui eux, nous paraissent parfaitement normaux et équilibrés, et qui contrôlent notre monde et l'entraîne inexorablement vers sa perte.

Je ne suis pas et ne serai jamais l'un d'eux.

Et c'est cela, par dessus tout, que je considère comme le plus grand accomplissement de ma vie. Je suis l'homme que j'ai envie d'être. Et malheureusement, c'est aussi cela qui est la cause de ma souffrance, parce que je n'accepterai jamais de cesser d'être révolté par toutes ces choses que la majorité des gens finissent par banaliser, par considérer comme inévitable et faisant partie de la vie.


[jour précédent] [retour] [jour suivant]