7 août 2007

Vous avez déjà essayé de monter seul un panneau d'OSB 5/8" de 4' par 8' dans un échafaudage de 10 pieds de haut ?

Ça fait quatre jours que je travaille sur ma toiture, avec une petite pause hier à cause de la pluie. L'arrachage des bardeaux et des solins s'est fait sans problème. C'était long, il faisait chaud, j'ai failli me donner un coup de chaleur, mais je me suis repris et depuis j'ingurgite des gallons d'eau chaque jour, que je transpire presqu'aussitôt d'ailleurs. Mais ce n'est pas grave, ça me permet de supporter la chaleur sans problème. Faut dire que les années d'entraînement dans le sauna aident aussi.

Après le travail de préparation, le jour est arrivé où il a bien fallu commencer à remplacer le revêtement du toit.

Parenthèse: Les menuisiers qui ont construit ma maison ont travaillé comme des deux de piques. Fin de la parenthèse.

Après avoir arraché une première rangée du vieux revêtement de contreplaqué, il a fallu monter le premier panneau d'OSB. Ça ne doit pas être si difficile, me suis-je dit. Après tout, j'ai bien manipulé des panneaux de béton de même dimension quand j'ai fait le coin douche de mon sauna, et ils sont beaucoup plus lourd que de l'OSB. Ça devrait être un jeu d'enfant.

Erreur.

Je ne sais pas par quel miracle j'ai réussi à monter le premier panneau sur l'échafaudage. C'était une expérience mystique. J'étais là, en train de le regarder, en me disant qu'il fallait en plus que je le soulève pour le mettre en place sur les chevrons. En effectuant l'opération, j'ai failli être précipité en bas de l'échafaudage quand le panneau a basculé. Sérieusement, et pour une des rares fois de ma vie, j'ai eu vraiment peur de me casser la gueule. À force d'effort et de pure obstination, j'ai fini par le mettre en place et le clouer, mais j'avais l'impression de m'être fait passer sur le corps par un camion. Putain que c'est merdique de ne plus être en forme. Où alors c'est l'âge et je ne veux pas me l'admettre. Avec toutes les complications que j'ai eu à cause que mes chevrons sont inégaux (voir mon commentaire sur les menuisiers plus haut) et d'autres problèmes. Ça m'a pris un avant-midi au complet juste pour mettre en place un seul putain de panneau. Pas pire, un de réglé, plus que vingt-cinq autres à faire.

De retour sur le plancher des vaches, il avait fier allure mon panneau. Coup de pied au cul, j'en ai trois autres à monter pour finir ma première rangée. En essayant de monter le deuxième, je me tord un orteil du pied. Ça a fait très mal et j'ai entendu un craquement. Merde de merde ! Je suis pas pour me blesser en commençant ! La douleur est intense, mais elle ne m'empêche pas de marcher. Je fini par monter le deuxième panneau, et en voulant le basculer sur les chevrons, j'en perd le contrôle et me vois dans l'obligation de le lâcher avant qu'il ne m'entraine avec lui dans la mort. Une chance que mes voisins travaillent car ils n'auraient pas apprécié mon discours.

Pas le choix. Je redescend ramasser l'ostie de panneau, et je me fais encore mal au même putain d'orteil en le remontant sur l'échafaudage. J'en suis quitte pour une petite danse de la pluie et un chapelet de jurons. Pour le monter sur les chevrons, je m'y prend différemment cette fois. Ça semble marcher au début, quoi qu'en basculant il me frappe le tibia. Je dis encore la messe, mais au moins le panneau est en place. Je tourne les yeux deux secondes, histoire de ramasser mon marteau, et voilà ti pas que l'ostie de panneau décide de faire une ballade. Il m'érafle une fesse en passant et se ramasse encore en bas.

Je suis resté debout sur l'échafaudage, comme figé, à regarder en bas. Et c'est alors que cette vague, ce raz-de-marée, ce tsunami de découragement a déferlé sur moi. J'en suis presque venu les larmes aux yeux. Tout à coup, je me suis senti nul, bon à rien, complètement impuissant. Soudainement, c'était tout mon rêve qui s'effondrait sous mes yeux. Comment pouvais-je envisager de construire ma future maison de mes propres mains si je n'étais même pas foutu de manipuler correctement de simples panneaux d'OSB ? Y a des choses dix fois plus compliquées que ça à manipuler dans la construction d'une maison !

Ça a duré un bon dix minutes, mais j'ai repris sur moi, me suis donné un autre bon coup de pied au cul, et la troisième fois fut la bonne.

Bilan de la première journée de travail: Une seule rangée de panneaux, même pas complète, avec en prime une entorse à un orteil, plus de bleus et d'éraflures sur mon tibia que de panneaux sur le toit, et deux ampoules aux mains. Le soir dans mon lit, endolori de partout, épuisé et découragé, je me demandais si, à ce rythme là, ça n'allait pas me prendre tout le reste de mes vacances juste pour faire ce putain de toit.

Mais l'histoire fini bien. Encore une fois, j'ai sous-estimé la capacité d'adaptation de l'être humain. Vous voulez savoir le bilan de ma journée d'aujourd'hui ? Trois rangées complètes de vieux panneaux d'arrachés, cinq panneaux complets d'OSB montés et mis en place, plus une demi-douzaine de panneaux partiels, deux rangées complètes de terminées et une troisième de commencée. À ce rythme, j'aurai fini dans deux jours. Je me promène comme un singe de haut en bas de l'échafaudage, j'y monte les panneaux avec aisance maintenant, et je maîtrise parfaitement la technique pour les mettre en place. Je ne me suis fait aucune autre blessure durant les quatre derniers jours. J'ai retrouvé le plaisir de travailler de mes mains, tout en me servant de ma tête pour contourner les problèmes que m'ont laissés les anciens constructeurs de la maison.

Finalement, je crois bien que, quand j'en serai rendu là, me construire ma propre maison sera une expérience fort agréable et enrichissante. :)


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