9 juin 2007

Chaque année c'est la même chose. Lorsque la chaleur revient, lorsque les feuilles reverdissent les arbres et que la vie renait partout autour de moi, c'est toujours le même émerveillement, le même bien être. Alors même que j'écris ces lignes, je vois par la fenêtre de petites lumières qui dansent dans la nuit. Les lucioles sont tôt cette année. Elles n'apparaissent pas avant la fin du mois de juin d'habitude.

Plus les jours rallongent, plus les grenouilles commencent à chanter tard. Mais ça ne les empêche pas d'être déchainées la nuit venue. Surtout par de belles nuits chaudes comme celle ci.

Et puis c'est un véritable plaisir de passer du temps dehors cette année, autant durant le jour qu'après le souper: il n'y a pratiquement aucun insecte piqueur, sans doute une conséquence du mois de mai très sec que nous avons eu. Ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre. Normalement, à cette date, il devrait être presque impossible de sortir le soir passé vingt heures sans se faire harceler par une horde de ces petits vampires diaboliques. Et pourtant, cette année, je peux passer des heures dehors avant qu'un seul de ces petits monstres viennent m'emmerder.

Saucette dans le lac aux premières heures ce matin. Un voilier d'outardes, peut-être une trentaine, m'y attendait. Elles avaient passé la nuit sur le lac. Mon arrivée a provoqué un certain malaise au sein du groupe bien sûr, mais pas suffisamment pour les faire fuir. Elles se sont simplement éloignées un peu, nonchalamment.

Depuis l'été passé, il y a un trou dans ma cour. Quelque chose, je ne sais quoi, y a fait un trou. Au début, j'ai tout de suite éliminé la marmotte. Le trou était trop petit, du moins à mon avis. Cette année, à la fonte de la neige, le trou était toujours là, mais je ne pouvais dire s'il était encore "actif" ou non. Je l'ai donc rebouché, juste pour voir. Je n'ai pensé à aller y jeter un coup d'oeil que deux jours plus tard. Il avait été dégagé. Donc, de toute évidence, quoi que ce soit qui l'avait creusé s'en occupait encore.

Parlant de marmotte, elle est très active ces temps-ci. Je la vois tout le temps dans ma cours et dans celle de mes voisins en train de se repaître de feuilles de pissenlit. Je vous jure, je l'ai bien observée, et elle ne mange que ça. Fouillant dans la pelouse et ne choisissant que les feuilles de pissenlit qu'elle coupe d'un coup de dent près de la base, mais sans les arracher. Elle semble relativement habituée à ma présence maintenant. Bien sûr, si j'ouvre soudainement la porte de la maison alors qu'elle n'en est qu'à quelques mètres, elle se précipite sous la galerie de mes voisins, mais à part les fois où je la prend par surprise, elle semble relativement indifférente à ma présence lorsque je vaque à mes occupations dans la cour.

Je voulais tondre la pelouse aujourd'hui. J'ai donc rebouché le trou dans ma cour, car le petit monticule de terre qui se trouve à côté est rempli de petits cailloux qui peuvent devenir dangereux lorsque frappés par les lames d'une tondeuse. Une fois le tout bien rempli et bien égalisé, j'ai donc commencé à tondre ma pelouse de l'autre côté du terrain, comme je le fais d'habitude. Quelle ne fut pas ma surprise, une fois revenu vis-à-vis le trou, de constater que celui-ci avait déjà été débouché, à peine une demi-heure plus tard. Mais cette fois, le coupable avait laissé des indices qui ne laissaient aucun doute quant à son identité: de belles empreintes dans la terre fraîchement déplacée. Et comme j'aurais dû m'y attendre, il s'agissait bien d'empreintes de marmotte.

Le huard chante cette année. Il m'est arrivé quelques nuits à date de me réveiller et de l'entendre. Je ne m'en lasserai jamais. Hier soir, il m'a fait l'honneur de m'offrir son chant mystique juste après le souper. Je suis allé sur le bord du lac pour voir si je ne le verrais pas, et pourtant non. Mon lac n'est pourtant pas si grand, et si le huard s'y était trouvé, je l'aurais vu. J'en ai donc conclu qu'il devait se trouver dans le marais, là où lui et sa conjointe ont probablement fait leur nid.

Le huard chantait, les grenouilles aussi, mais malheureusement tout ça était gâché par le bruit infernal d'une putain de tondeuse à gazon. Bordel de merde, je sais que les gens travaillent la semaine, mais ça n'est pas une raison pour écoeurer le peuple le soir venu.

C'est ce genre de détail dont je suis de moins en moins capable (ou désireux ?) de faire abstraction. Je veux la paix, la sainte paix. Je veux un endroit à moi où je ne serai plus obligé de supporter la présence humaine si je ne le désire pas.

Mais rien de cela ce soir. La nuit est chaude et douce, et aucun son parasite ne vient gâcher le chant des grenouilles. Une fois que ce billet aura été mis en ligne, je vais sûrement aller passé un peu de temps dehors avant d'aller faire dodo.


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