27 juin 2007

Je l'ai encore fait.

Je suis resté longtemps sans écrire, même si j'avais des choses à dire. Alors un soir j'ai voulu écrire, mais je ne savais pas par où commencer, alors je me suis découragé et j'ai remis à plus tard. Et alors j'ai eu d'autres choses à dire, mais je ne savais toujours pas par où commencer, et ainsi de suite.

Il n'y a pas cinquante-six façons de se sortir de ce vicieux petit cercle. Il faut casser la glace.

Je suis en vacance depuis vendredi dernier. Pour tout l'été, comme l'an passé. Pour l'instant, ça ne fait pas encore assez longtemps pour que je le réalise pleinement. Ou plutôt oui, il y a une chose que je réalise: Je ne suis pas au bureau, et ça me fait un bien fou. Bien sûr, il va falloir me faire à l'idée que je n'aurai aucune vie sociale pour les deux prochains mois. Mais c'est la troisième année que je fais ça, et je m'en sors très bien.

Il y a une luciole dans ma fenêtre. Elle clignote. C'est rigolo. Et ça me distrait.

Depuis la semaine dernière, le bord du lac est comme un arbre de Noël. Il y a des lucioles partout. Difficile de croire qu'il y a sur cette terre des gens que ce genre de spectacle laisse totalement indifférent.

Beaucoup de balades en kayak ces derniers jours. Une fois, j'ai même eu de la compagnie. Une petite couleuvre qui avait décidé d'y élire domicile pour la journée et qui, en me voyant, s'est cachée sous mon banc en refusant obstinément d'en sortir. Je n'ai eu d'autre choix que de l'amener avec moi en balade. Du début à la fin, elle est restée sagement cachée juste sous mes fesses.

Il y a quelques jours j'ai été fixé quant au sexe de la marmotte qui vit sous la galerie de mes voisins. C'est une femelle.

Vendredi dernier, que ne vois-je pas folâtrer sur la galerie ? Deux mini marmottes, à peine de la taille d'un rat. Puis maman est venue les rejoindre. C'était rigolo de les voir grimper sur le dos de leur mère ou lui lécher le museau. Le lendemain, j'ai vu qu'il y en avait plus que deux. En fait, elles sont six.

Elles sortent tous les jours, se promenant dans la pelouse en grignotant de la verdure. Comme pour leur mère, elles semblent préférer les feuilles de pissenlit. Elles sont remarquablement indifférentes à ma présence, cela étant probablement dû au fait que leur mère n'ait jamais lancé de cri d'alarme à mon arrivée. Cependant, si je m'approche trop près d'elles ou fait des gestes trop brusques, elles se figent sur place, allant même quelques fois jusqu'à se dresser le plus haut possible sur leurs petites pattes, s'arrondir le dos et se hérisser les poils pour se faire grosses et intimidantes. Puis, dès que je m'installe quelque part, étendu dans l'herbe par exemple, elles profitent du premier moment où j'ai le dos tourné pour s'éclipser en douce.

Au début, elles ne faisaient que deux ou trois sorties d'à peine une heure par jour, et ne s'éloignaient jamais beaucoup du terrier de leur mère. Maintenant, elles sont beaucoup plus autonomes et audacieuses, passant régulièrement de longues heures à brouter dans ma cours, même en ma présence. Hier après-midi, je suis resté surpris en en voyant deux juste sur le bord du lac. Surpris, mais pas autant qu'elles, bien sûr. Elles se sont précipités sous mon canot, pour ensuite s'enfuir en courant jusque sous les jupes de maman. Aujourd'hui, toute la famille, incluant maman, broutait un peu partout sur mon terrain.

Si je suis tranquille et que je fais mes affaires sans m'occuper d'elles, elles peuvent faire preuve d'une grande curiosité à mon endroit et s'approcher beaucoup. À deux reprises ces derniers jours, l'une d'entre elles est venue si près de moi que j'aurais aisément pu la prendre dans mes mains. L'une est même venue me sentir de si près qu'elle a posé son petit nez humide sur mon orteil.

J'ai observé tellement de comportements en seulement six jours que je pourrais vous en parler pendant des heures et des heures. Mais d'un autre côté, je vis un dilemme. Parce que je suis en train de leur apprendre à ne pas craindre l'être humain, ce qui n'est pas un service à leur rendre. Une jour, elles quitteront le terrier (deux d'entre elles semblent d'ailleurs déjà avoir adopté le trou que leur mère a creusé dans ma cours) et devront se trouver un nouveau territoire qui leur sera propre. Et il y a de bonnes chances pour que le premier humain autre que moi dont elles essaieront de s'approcher les tuera. Parce que les humains sont comme ça. C'est une belle race d'enfants de chienne et de salauds qui ne pensent qu'à tuer tout ce qui ne fait pas leur affaire.

Enfin. Si je me fis à leur mère, elles devraient quand même garder une certaine méfiance envers les humains. Mais je crains que ce ne soit pas suffisant.

Parce que c'est ça le pire: On s'attache à ces petites choses là. Et je sais fort bien qu'elles sont six en ce moment, mais qu'elles ne resteront pas six éternellement. Même si on fait abstraction des humains, elles ont quand même des ennemis naturels. Il y a des chats dans le quartier. Ils ne viennent pas souvent chez moi, mais ça arrive quand même quelques fois. Et même si leur mère n'a probablement plus rien à craindre d'un chat, une petite marmotte, elle, fait une proie irrésistible. Et je ne parle pas des rapaces, des chouettes et hiboux, et ainsi de suite.

Combien d'entre elles survivront à leur première année ? Je ne saurais le dire, mais je peux cependant affirmer avec certitude qu'à moins d'un miracle, ça ne sera pas six. J'ai peur du moment durant l'été où je réaliserai qu'elles ne seront plus que cinq, ou quatre, ou trois... ou du moment où j'en trouverai une morte sur la route, écrasée par une voiture, comme on en voit tant.

Penser à tout ça me rend triste. De quoi nous enlever le goût de s'attacher à quoi que ce soit, ou qui que ce soit.


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