9 mai 2007

Hier soir, première sortie en kayak de l'année. Naturellement je me suis immédiatement dirigé vers le marais. En route, je croise un huard solitaire. Je suis passé assez loin de lui pour ne pas l'effrayer. Il était probablement en train d'attendre l'arrivée de son/sa partenaire. Les huards s'accouplent pour la vie, et reviennent toujours sur le même lac d'année en année, en autant que ce soit possible.

Quelques canards, de même qu'un magnifique héron, s'envolèrent à mon arrivée. J'entendais également les piaillements d'un martin pêcheur. Le soleil était caché derrière la montagne, et le ciel bleu se reflétait dans l'eau, rendant impossible de voir sous la surface du lac, même directement sous mon embarcation. Je ne peux donc pas dire ce qu'étaient ces "choses" qui fuyaient devant moi juste sous la surface de l'eau en soulevant de petites ondes devant elles.

Avec la lumière qui faiblissait, les grenouilles commençaient à se faire entendre. Cependant, il n'y avait aucun insecte piqueur, rendant la promenade très agréable. Je suis allé voir les huttes de castor qui sont restées abandonnées toute l'année dernière. J'ai été agréablement surpris de constater que les deux huttes avaient été complètement rénovées. Dans la plus grosse, en faisant attention, je pouvais clairement entendre au moins un locataire qui vaquait à ses occupations. Aucun son ne provenait de la deuxième, même si elle aussi avait de toute évidence été réparée et réaménagée pour la rendre habitable.

J'ai encore essayé d'écouter l'activité à l'intérieur de la première hutte, mais j'ai été confronté à l'une des raisons pour lesquelles je sens le besoin de m'éloigner encore davantage de la civilisation, malgré le fait que plusieurs qualifieraient mon petit coin de véritable paradis: Chaque fois que je croyais entendre un son bien précis provenant de la hutte et que j'étais sur le point de l'identifier, le bruit d'un véhicule provenant de la route m'empêchait de le faire. Puis, quelqu'un de l'autre côté du lac s'est mis à faire marcher une quelconque putain de machine à essence qui enterrait presque le chant des grenouilles. Imaginez, la saison commence à peine.

J'ai donc continué ma promenade dans le marais. Peu de sauvagine cette année. Beaucoup moins que l'an passé à pareille date en tout cas. Quelques carouges à épaulette mâles qui se promenaient d'arbuste en arbuste, se laçant des cris territoriaux les uns aux autres et, pour la plupart, m'ignorant complètement.

Puis, devant moi, qu'ai-je vu à une dizaine de mètres, émergeant à peine de la surface de l'eau ? la tête d'un gros rat à queue plate ! Au début il restait immobile, mais à mon approche il a glissé doucement sous la surface de l'eau, sans faire de bruit, ce qui n'est pas dans leurs habitudes. Puis, j'en ai vu un autre, quelques mètres plus loin. Celui-là a été fidèle aux comportements de son espèce en disparaissant sous l'eau dans un fracas d'éclaboussures. J'en ai vu un troisième encore plus loin. Si on compte celui que j'ai entendu dans la hutte, ça fait au moins quatre castors. Deux couples, deux huttes, le compte est bon.

Sur le chemin du retour, j'ai encore croisé le huard. Je m'en suis rapproché davantage cette fois, en évitant de pointer directement dans sa direction et en feignant l'indifférence pour ne pas l'effrayer. Je suis passé assez près de lui pour voir le rouge de ses yeux, sans qu'il plonge sous l'eau. Si c'est vraiment le même huard qui revient depuis plusieurs années, il doit être relativement habitué à la présence humaine. Sur un petit lac comme le mien, il est rare qu'un couple de huard ait beaucoup de compétition de la part de leurs semblables. Il est donc rare de les entendre chanter, ce qui est un peu triste. Depuis que je vis ici, il y a eu des années où je savais pertinemment qu'il y avait un couple sur le lac, mais je ne les ai jamais entendu chanter une seule fois.

Quand je suis revenu chez moi, les grenouilles, elles, chantaient à plein régime.

Aujourd'hui, débourrage. On pouvait voir la différence entre ce matin et ce soir. Encore quelques journées de chaleur comme ça, et le jeune feuillage sera résistant à un gel tardif.

Encore ce soir, les grenouilles sont déchaînées. Je vais bien dormir cette nuit. :)


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