9 avril 2008

Enfin le printemps !

Depuis une semaine, j'ai perdu un bon 50 cm de neige dans ma cour. Mon foyer, dont je ne voyais que le bout de la cheminée au début du mois, commence maintenant à émerger de la couverture blanche. J'ai eu la confirmation définitive que j'avais fait une excellent travail avec ma nouvelle toiture: pas la moindre trace d'infiltration d'eau dans mon entretoit malgré la fonte abondante des derniers jours.

La neige sur le lac commence enfin à apparaître toute détrempée. Jeudi dernier, j'ai entendu pour la première fois un carouge à épaulettes chanter en quittant pour le bureau. Ce matin, j'ai vu mon premier merle. Les écureuils de toutes espèces se poursuivent allègrement dans la cour depuis quelques semaines déjà. Je crois d'ailleurs avoir vu mon squatteur monter dans l'entretoit tout à l'heure. C'est un petit écureuil roux. Enfin, je dis "petit", mais il me semblait bien dodu pour une petite bête qui vient de passer à travers l'hiver le plus long et le plus neigeux jamais enregistré. Malgré tout ce qu'on peut penser, la vie n'est pas dure dans mon coin de pays, ni pour les animaux ni pour les humains.

N'empêche qu'il va quand même bien falloir que je le foute à la porte un de ces quatre. Faudrait pas qu'il parte une famille là-haut, car chacun sait à quel point les écureuils peuvent vous ruiner une charpente lorsqu'ils s'y mettent.

Et moi dans tout ça ? Et bien je ne me "peux plus", comme on dit ici. La fébrilité me ronge, je m'ennuie du bois. J'ai hâte que les chemins forestiers soient fondus et de nouveau praticables. J'ai hâte de retrouver la forêt boréale, de voir et d'entendre l'eau libre couler dans les rivières méandreuses, de sentir la mousse sous mes pas, de voir la silhouette des épinettes se découper sur le bleu immaculé d'un ciel sans nuage, de sentir la caresse des chauds rayons du soleil sur mon visage, d'entendre tous les sons de la forêts et de humer tous ses parfums.

Mais encore plus que tout, j'ai hâte à la semaine prochaine, car c'est là que le compte à rebours commence: dix semaines. Il ne me restera plus que dix semaines avant d'être enfin libre. Plus de travail, plus de clients. Fini de travailler pour rembourser à la société une dette dont elle m'a affublé dès ma naissance. Plus de responsabilité et d'obligation envers personne d'autre que moi-même. Mais en attendant, je trouve chaque semaine, chaque jour, chaque heure de plus en plus pénible, d'autant plus qu'au fur et à mesure que le temps passe, les tâches qui me restent à accomplir sont de plus en plus emmerdantes. C'est normal, ça fait des années que je les remet toujours à plus tard. Mais que voulez-vous, le transfert de connaissances et la documentation de systèmes, faut bien que ça se fasse un jour, surtout lorsqu'on s'en va et qu'on passe le flambeau à quelqu'un d'autre.

Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point j'ai hâte: hâte de ne plus voir un seul putain de centimètre carré de marde blanche nulle part; hâte de plonger dans l'eau de mon lac, de le parcourir en kayak, et de m'étendre nu au soleil dans ma pelouse. Hâte à ce tout dernier départ du bureau qui, cette fois, ne sera plus jamais suivi d'un retour au travail, et ce, pour le restant de ma vie.


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