10 juillet 2008

Plus revu les marmottes depuis la dernière fois que j'ai parlé d'elles. Cependant, un soir où j'étais sorti prendre l'air, j'ai entendu de loin ma deuxième voisine qui parlait avec son mari, et je l'ai distinctement entendu parler de bébés marmottes. Il semblerait donc que maman ait décidé de déménager toute sa porté dans le nouveau terrier qu'elle s'est creusé l'an passé, et dont j'ignore toujours l'emplacement exact, mais qui doit sûrement se trouver quelque part de l'autre côté de la maison de mes voisins, puisque cette fois, c'est mes deuxièmes voisins qui ont le plaisir de la compagnie des petites boules de poil.

Et hier après-midi, à ma grande surprise, je me suis mis à entendre par ma fenêtre ouverte, entre deux averses, un concert de huards qui se donnaient la réplique. Un petit tour sur le bord du lac m'a confirmé la présence de deux de ces magnifiques oiseaux, un couple sans doute, qui nageaient l'un à côté de l'autre, lançant à tour de rôle leur trémolo si enchanteur. Puis ils se taisaient, allaient sans doute se pêcher quelques poissons, pour recommencer leur manège quelque temps plus tard. Ils ont fait ça une bonne partie de l'après-midi, et quelques fois en soirée aussi. Ce matin, à mon réveil, j'en ai encore entendu un lancer sa longue complainte mystique, mais depuis, plus rien.

Je crois bien qu'il s'agissait d'un couple en transit, un couple sans rejetons ou dont la couvée a avorté cette année, et qui ont fait une escale de quelques jours sur le lac. Je ne crois pas qu'il y ait un couple résidant cette année. Toutes les années où il y en a eu un, même si je ne les entendais jamais chanter, je voyais toujours occasionnellement l'un ou l'autre des oiseaux sur le lac. Mais rien cette année.

Et puis je souffre de la solitude. Pas d'angoisse, pas d'anxiété, juste la solitude. C'était prévisible, je m'y attendais. J'ai bien reçu la visite d'une ex-collègue il y a quelques jours, ainsi qu'échangé quelques courriels avec la collègue avec qui je m'entend si bien, mais au fond, malgré ma misanthropie, j'ai toujours été une personne très sociable. Lorsque je fais des découvertes, des expériences, ou que je vis des choses, j'ai envie de les partager avec quelqu'un. Et ces temps-ci, plein de choses me reste au fond de la gorge. C'est une conséquence inévitable du choix de vie que j'ai fais. Et le fait que je me sente prisonnier chez moi, dans mon quartier, que je ne me sente pas libre de m'approprier celui-ci, n'aide pas les choses. Peu importe à quel point mon quartier est agréable et mon environnement naturel et apaisant, il faut que je parte. Il faut que je me trouve un milieu où je me sentirai vraiment libre. Je dois accepter le fait que la prochaine année sera une année de transition. J'aurai beaucoup de choses à faire qui ne me motivent pas vraiment, et je devrai aussi remettre à plus tard un tas de choses dont j'aurais le goût maintenant et que j'attend depuis déjà plusieurs années.

Mais malgré tout ça, je ne regrette rien. Je sais au fond de moi que j'ai fais le bon choix. Je n'ai jamais, de toute ma vie, autant su qui j'étais et quel genre de vie j'ai envie de vivre. Le simple fait que mon sentiment de solitude et d'isolement ne dégénère pas instantanément en crise d'angoisse est un signe indéniable qu'une transformation a déjà commencé à s'opérer en moi. Une très bonne transformation.


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