18 juillet 2008

Longue randonnée pédestre avec la collègue avec qui je m'entend si bien hier. Superbe journée. Magnifique journée. Même si nous nous connaissons depuis six ans, ce n'était que la deuxième fois que nous faisions une activité ensemble. Incroyable, n'est-ce pas ?

C'est fou comme nous nous entendons bien. Je sais que je reviens souvent là dessus, mais ce n'est pas pour rien que je lui ai donné ce pseudonyme. C'est vraiment ce qui décrit le mieux notre relation. Nous nous entendons bien. Nous sommes sur la même longueur d'onde, nous avons les mêmes valeurs, la même vision du monde. Et nous apprécions sincèrement notre compagnie mutuelle. De retour à la voiture vers la fin de la journée, nous nous sommes assis ensemble pour nous reposer un peu, admirer le paysage qui nous entourait, et jaser encore un peu avant de prendre le chemin du retour. Il y avait vraiment une belle énergie, une énergie très positive entre nous. Nous venions réellement de passer une journée comme nous les adorons tous les deux, et nous faisions déjà des projets pour notre prochaine randonnée.

Mais malgré cette grande compatibilité et le nombre d'années depuis lequel nous nous connaissons, elle a toujours maintenu une certaine barrière, une certaine distance entre elle et moi. Cependant, depuis les quelques derniers mois, j'ai senti venant d'elle un désir d'abaisser ses défenses, d'entrouvrir un peu plus la porte. Elle a toujours fait montre d'une grande ouverture avec moi chaque fois qu'il était question de toutes sortes de sujets qui n'avaient pas directement de rapport avec notre relation. Mais ces derniers temps, en particulier à partir du moment où elle commençait elle aussi à prendre conscience de mon départ imminent, du fait que je prenais réellement ma retraite et que j'allais quitter le bureau, elle s'avançait davantage quand il était temps de dire ou faire des choses qui me montrait son appréciation pour moi. Le simple fait qu'elle m'ait clairement et sans ambigüité exprimé le désir que nous soyons assis ensemble au resto, où qu'elle m'ait demandé si nous allions pouvoir nous voir cet été et faire des activités ensemble. Pour elle, c'était un grand pas à franchir, ça lui demandait réellement un effort, ça la mettait en position de vulnérabilité envers moi.

Point culminant de notre randonnée: sur le chemin du retour, alors que je marchais devant elle dans un section étroite du sentier, je regardais par derrière pour lui parler au moment où j'entendis un bruit de pas dans le sous-bois venant de la direction vers laquelle nous marchions. Je me retournai pour regarder devant moi, m'attendant à apercevoir d'autre randonneurs et à devoir m'écarter pour leur céder le passage. Que vis-je devant moi, à quelques mètres à peine ?

Une magnifique femelle orignal, avec son veau, juste derrière elle.

Je lui ai parlé avec une voix douce, pas pour la calmer, mais pour lui montrer que j'étais moi-même calme et détendu. Lorsqu'un prédateur s'apprête à attaquer une proie, il ne fait évidemment aucun bruit. Le simple fait de m'entendre parler lui indiquait clairement que je n'étais pas un prédateur. Elle s'était immobilisé elle aussi, son veau derrière elle, et nous regardait, simplement. Aucune dilatation des pupilles (oui, nous étions assez près d'elle pour voir ce détail), aucune respiration haletante, aucune dilatation des narines. Il était très clair qu'elle n'avait pas peur. Elle était curieuse, tout simplement, et nous observait de la même façon que nous l'observions, avec intérêt et fascination.

Nous l'avons observé ainsi pendant de longues minutes, tout en continuant à parler ensemble, avec des voix douces mais d'un ton normal. Étrangement, c'est son veau qui a commencé à montrer des signes évidents de nervosité. Il s'est mis à reculer puis à descendre lentement la pente pour se placer davantage derrière sa mère. Cette dernière, pour la première fois, a commencé à détacher son regard de nous pour tourner la tête et regarder où se trouvait son petit et ce qu'il faisait. C'est alors que j'ai dit à la collègue avec qui je m'entend si bien qu'il était temps de continuer notre chemin pour ne pas abuser de la situation. Lorsqu'une rencontre de ce genre se produit, il est temps d'y mettre fin à partir du moment où, pour l'un des êtres impliqués dans cette rencontre, celle-ci n'est plus agréable.

Les deux orignaux n'étaient pas dans le sentier lui même, mais à quelques mètres à côté de celui-ci. Nous avons donc recommencer à marcher lentement et sommes passés à côté de nos deux visiteurs. La mère a simplement continué à nous suivre du regard. Comme preuve supplémentaire qu'elle n'était pas inquiétée outre mesure par notre rencontre, nous nous sommes retournées après avoir marché plusieurs dizaines de mètres, pour constater qu'elle était encore à la même place et continuait à nous observer.

J'aime quand je fais ce genre de rencontre dans la nature. Et je suis d'autant plus heureux de l'avoir partagé avec la collègue avec qui je m'entend si bien, avec cette femme qui, plus que toute autre, sait comprendre et apprécier ma passion pour la nature, la vie, et les merveilles de cette planète.

À la fin de la randonnée, je commençais à avoir mal aux genoux et aux pieds. Après tout, c'était ma première vrai randonnée de l'année. Un coup d'oeil sur la carte topo à mon retour ici m'a permis d'estimer que nous avions marché une vingtaine de kilomètres. La collègue avec qui je m'entend si bien, elle, se sentait très bien, mais il faut préciser qu'elle avait déjà fait quelques randonnées cet été, plus quelques sorties en vélo de montagne.

Encore ce matin, mes jambes étaient un peu ankylosées, mais je m'adapte très vite et très bien. Encore une ou deux sorties de ce genre et je serai en pleine forme.


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