15 juin 2008

Il y a une chose que je ne comprend vraiment pas. Le genre de chose qui me convainc plus que jamais que je ne suis vraiment pas de la même espèce que la vaste majorité des bipèdes qui m'entourent. J'essais pourtant de mettre mon chapeau d'anthropologue, de prendre du recul et de regarder les choses de la façon la plus détachée, la plus objective possible, mais malgré tout, il y a des comportements humains qui m'échappent complètement et dont je n'arrive même pas à me faire l'ombre du début d'une hypothèse d'explication.

Je parle des émissions de télévision du genre "Vision mondiale" (ou "World vision" en anglais). Je comprend très bien que ce genre d'organisation se paye de la publicité de temps à autre pour attirer l'attention sur leurs oeuvres, ce qu'ils essaient d'accomplir dans le monde, et solliciter des dons. Il est logique que ces pubs soient diffusées de façon aléatoire sur différentes chaines et à différentes heures, pour essayer de rejoindre le plus large public possible.

Mais c'est quoi cette idée totalement saugrenue de faire des espèces d'infopublicités d'une heure, diffusées à heure fixe certains jours de la semaine, comme une émission de télévision conventionnelle ? Et je ne parle pas du concept général des infopublicités. Je trouve plutôt pathétique que certaines personnes choisissent certains jours de se planter devant leur téléviseur et de se faire parler d'un quelconque produit de consommation tellement inutile que ça prend une heure pour leur expliquer à quoi ça sert et comment ça peut enrichir leur misérable existence. Certains se servent de ces infopubs comme bruit de fond, d'autres se marrent juste à en écouter la traduction pitoyable, d'autres, finalement, semblent authentiquement intéressés à découvrir de quel nouveau produit palpitant ils vont se faire parler cette semaine. Bref, en forçant un peu, on peut trouver certaines raisons plus ou moins rationnelles pour expliquer l'intérêt que certaines personnes portent à ce type d'émission.

Mais "Vison mondiale" ? Y a-t-il vraiment des gens qui choisissent de s'assoir devant leur téléviseur à un moment précis pour se faire montrer la misère humaine pendant une heure complète ? Y en a-t-il vraiment qui se disent: "Heille, c'est Vision mondiale dans dix minutes, faut pas que je manque ça cette semaine !". Existe-t-il vraiment des individus si totalement fuckés, si complètement screwed up entre leurs deux oreilles qu'ils considèrent comme un divertissement de regarder pendant une heure, à chaque semaine, des enfants pauvres, malades, sous-alimentés et avec des mouches bourrées de maladies qui leur marchent dans les yeux et la bouches, se vautrer pieds nus dans la boue, regarder la caméra avec leur regard livide, et boire de l'eau qu'ils ont trimballé pendant cinquante kilomètres dans une cruche sur leur tête après être allé la récolter dans un égout à ciel ouvert ? Comment est-il possible, dans un monde qu'on dit normal, qu'une telle émission de télévision puisse avoir une cote d'écoute significativement supérieure à zéro ?


Une autre vieille connaissance a refait surface la semaine dernière, de l'espèce humaine celle là. En fait c'est une personne dont je ne m'attendais pas à jamais ravoir de nouvelles un jour: Salma !

Pour ceux qui veulent pas se taper la lecture de mon journal d'il y a sept ans, Salma est l'une des cinq demoiselles avec qui je suis allé en vacances à Cayo Largo. Quand j'ai entendu sa voix au téléphone, je ne l'ai absolument pas reconnue. Probablement parce que cela faisait des années que je n'avais pas eu de nouvelles d'elle, mais surtout parce que je n'avais jamais encore entendu sa voix au téléphone. En effet, j'ai été d'autant plus surpris de recevoir un appel d'elle que nous n'avons jamais vraiment été proches. Salma était davantage une amie de Lolita et de Copine, les trois ayant fait plusieurs voyages ensemble. Nous nous entendions quand même bien, et avons continué à nous voir par le groupe avec qui nous avons fait différentes activités après le voyage, et ce jusqu'au déménagement de Lolita, ce qui a plus ou moins sonné le glas de notre petite gang. Mais les choses ne sont jamais allés plus loin que ça.

Quand elle m'a téléphoné, elle venait juste de laisser Copine à laquelle elle a continué à donner des nouvelles au moins une fois par année. C'est alors qu'elle a appris la mort de sa mère, qu'elle connaissait quand même bien à une certaine époque. Elle m'a dit que cette nouvelle l'avait assez perturbé, et qu'elle a alors senti le besoin de m'appeler moi. Pourquoi moi ? Je n'en ai aucune idée.

Nous avons quand même jasé une bonne heure ensemble. Je lui ai parlé de mon projet, qu'elle a trouvé absolument génial. Elle aussi a toujours eu beaucoup de difficulté à trouver sa place dans notre société contemporaine, alors nous nous comprenons quand même sur ce point.

Nous nous sommes promis de trouver une occasion de nous voir cet été, peut-être avec Copine, pour se remémorer des bons souvenirs. Elle a aussi envie d'essayer mon sauna. On verra bien si ça se concrétisera. Les gens se disent souvent "on s'appelle et on déjeune", mais cela ressemble plus souvent à une simple formule de politesse qui se concrétise rarement.


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