5 novembre 2008

J'avais raison à propos du castor l'autre jour. Il est bel et bien revenu sur ma rive après la poursuite. Vous savez ce qu'il a fait le petit salaud ? Il a coupé un arbre, un seul. Mais pas n'importe lequel. Il n'a pas touché aux autres arbres qu'il avait commencé à gruger la veille. Il n'a pas non plus fini de ramasser les branches de ceux qu'il avait complètement abattu les jours précédents.

Non, rien de tout ça. Il a coupé l'unique arbre qui se trouve juste à côté de l'endroit où je range mon kayak, et l'a fait tombé dessus.

Sale bête. On oserait presque croire qu'il savait exactement ce qu'il faisait.

Aujourd'hui, j'ai finalement terminé les petites choses qui me restaient à faire sur mon toit. Je vais enfin pouvoir démonter mon échafaudage. Ça va faire du bien de ne plus voir ça devant mes fenêtres. Je vais probablement faire ça demain, vu qu'ils annoncent encore une belle journée. Ça fait vraiment drôle de sortir dehors et de sentir la température douce, alors qu'il n'y a plus une seule feuille dans les arbres et que le soleil est si bas sur l'horizon qu'on se croirait en début de soirée même si on est en plein milieu de l'après-midi.

Comme il me restait du temps avant le souper et que je voulais encore profiter un peu de cette belle douceur inespérée à cette période de l'année, j'ai pris mon kayak (qui n'a pas été endommagé par la sale bête à queue plate, heureusement) et je suis parti en direction du marais, où j'ai été accueilli par les claquements de queue de quatre autres gros rats à queue plate. Ceux-là, il ne me dérangent pas. Ils sont à leur place, de l'autre côté du lac, dans un marais où ils peuvent couper tous les arbres dont ils ont envie sans emmerder personne. En plus des quatre qui nageaient nerveusement autour de mon embarcation, je pouvais en entendre d'autres qui couinaient à l'intérieur de la hutte. Je ne sais pas combien il y en avait, peut-être deux, peut-être un seul.

Pas la moindre brise ne soufflait. Heureusement car le fond de l'air était très humide et me faisait frissonner de temps en temps. Mais pas assez pour rendre la promenade désagréable. J'étais complètement seul sur le lac, et encore une fois, j'avais de la difficulté à comprendre comment il est possible qu'avec toutes les personnes qui habitent sur ses berges, je sois presque toujours le seul à en profiter. Le fait que nous soyons en semaine n'est pas une excuse; à l'heure qu'il était, la vaste majorité des gens sont de retour du travail.

Ces derniers jours, j'ai réalisé à quel point je n'ai pas changé avec les années sur certains points. Je fais encore montre du même perfectionnisme maladif en ce qui a trait à mes recherches pour une terre à bois. Je suis méthodique, systématique, à m'en rendre malade. Je fais des recherches sur tous les sites d'annonces classées ainsi que sur tous les sites des principales agences immobilières. J'essais d'optimiser au maximum les caractéristiques des terrains qui retiennent mon attention, de trouver le meilleur compromis possible entre taille de la terre, prix, distance, présence ou non de plan d'eau, etc. J'essais de créer une sorte d'équation mathématique qui me permettra de faire le meilleur choix possible.

Merde, Laqk ! Vas-tu finir par arrêter de faire le con ? Ne changeras-tu donc jamais ? Quand comprendras-tu que c'est ton obsession maladive de la perfection et ta peur de faire une erreur et de te retrouver "poigné" dans une situation dont tu ne pourrais plus te sortir qui t'as toujours empêché de réaliser tes rêves ? C'est juste une putain de terre à bois ! Tu as peur qu'elle ne soit pas exactement ce que tu désires, tu as peur qu'avec le temps tu réalises que tu as fais une erreur de choisir celle-là et que tu en aimerais mieux une autre ? SO WHAT ?! C'est une terre à bois, ça prend de la valeur avec les années et les aménagements que tu y auras fait entretemps en auront accru la valeur encore davantage ! Dans le pire des cas, tu n'auras qu'à la vendre, à encaisser le profit et à t'en trouver une autre !

Toujours les mêmes crisses de peurs. Peur de ne pas avoir fait le meilleur deal. Peur de ne pas avoir choisi le bon secteur. Peur de ci, peur de ça. J'ai toujours été pareil avec tout: Mes amis, mes études, mes blondes. C'est un miracle que j'aie réussi à acheter la maison ici.

Y en a marre !

En regardant les annonces classées aujourd'hui, j'ai vu une belle terre à bois à vendre. Deux cent acres (oui oui, vous avez bien lu: deux cent !), avec un petit chalet dans lequel je pourrais emménager immédiatement, ce qui me permettrait de mettre la maison en vente au plus vite. Bien sûr, c'est un peu loin, presque deux heures de route de la ville. Mais... c'est deux cent acres ! Quatre-vingt hectares ! Vous vous rendez compte ? Vous imaginez le fun que je pourrais me faire ? Merde, la terre est plus grande que le village en entier qui se trouve juste à côté ! C'est deux fois plus grand que la terre de Cousine ! Je pourrais prendre une marche d'une demi-heure, allez retour, sans jamais être sorti de chez moi ! Et tout ça pour un prix égal à la moitié de la valeur de ma maison actuelle !

C'est un deal trop bon pour laisser passer. Le vendeur ne donne pas beaucoup de détails dans son annonce, il va donc me falloir le contacter pour en apprendre davantage. Il spécifie "acheteur sérieux seulement" dans son annonce. Oh, je suis sérieux mon cher ami, on ne peut plus sérieux ! Il va aussi me falloir contacter la municipalité pour éclaircir quelques points. Et bien sûr, visiter. En m'arrangeant préalablement avec le propriétaire bien sûr car c'est la saison de la chasse au chevreuil et je ne veux pas me faire tirer dessus.

Le seul problème, c'est que je n'ai pas la liquidité nécessaire pour l'achat. Mais il y a dans ma maison beaucoup plus que la valeur nécessaire, et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas m'arranger avec mon institution financière pour un prêt à court terme. Encore une fois, je cherche des poux. Je vois un problème là où il n'y en a pas.

Si tu niaises encore Laqk, cette occasion inespérée va te passer sous le nez, encore une fois.


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