10 octobre 2008

Je n'ose me permettre de croire que mon humeur se stabilise depuis deux ou trois jours. Hier, par exemple, mon avant-midi et le début de l'après-midi se sont passés dans un état similaire à celui des jours précédents. Mais lorsque le ciel s'est éclairci en milieu d'après-midi, je suis sorti faire un tour de kayak sur le lac. Presque par miracle, à mon retour, je me sentais parfaitement bien, comme si je n'avais eu aucun problème, et ce bien-être s'est prolongé jusqu'à l'heure d'aller dormir.

Ce matin en ouvrant les yeux, je me sentais remarquablement bien, à un point tel que j'envisageais sans appréhension la possibilité de passer tout mon avant-midi bien relax devant la télé, alors que depuis une semaine, la seule idée de passer ne serait-ce qu'une demi-journée seul ici me plonge dans une angoisse insupportable. J'ai commencé à pas trop filer au début de l'après-midi, mais j'en ai profité pour passer au guichet automatique puis à la quincaillerie pour commander quelques matériaux qui me manque pour finaliser les derniers détails sur la toiture. Je me sentais bien en fin d'après-midi.

Donc oui, mes pensées s'éclaircissent. Malheureusement, comme après le passage d'un tsunami, il reste beaucoup de cochonneries sur la plage. Et des cochonneries très révélatrices. Des choses que je ne voulais plus voir depuis plusieurs années.

En particulier, et c'est ce que je trouve le plus difficile à m'avouer à moi-même: Je ne suis absolument plus certain si je voudrais/pourrais vivre une vie dans la solitude. Et je déteste au plus haut point cette possibilité. Inutile de me mentir à moi-même maintenant: Je suis une personne très sociable. Tout le monde me le dit, et j'ai déjà dit très souvent ici que l'un de mes désirs les plus profond avait toujours été de partager mes découvertes et mes expériences de vie. Et c'est pas évident de partager quand on est seul.

Je croyais avoir fait la paix avec l'idée de la solitude pour le reste de ma vie. Je le croyais sincèrement. Le problème, c'est que j'avais phénoménalement sous-estimé l'impact que la solitude allait avoir sur moi. Parce que je n'ai jamais vraiment connu la solitude, la vrai, sur une longue période de temps. Tout ce journal témoigne que je me suis toujours senti comme si ma vie sociale n'était jamais tout à fait assez riche à mon goût, mais d'un autre côté je n'étais jamais tout à fait privé de contacts humains durant une longue période, ne serait-ce qu'à cause de mon travail qui, comme je l'ai écrit hier, a été une constante dans ma vie durant près d'un quart de siècle.

Donc, je n'aime pas envisager la possibilité que je ne puisse pas vivre seul. Je n'aime pas ça parce que ça me rend dépendant de quelqu'un d'autre. Ça m'incite à aller vers quelqu'un d'autre pas par plaisir, mais par nécessité. Ça ne me rend pas très différent de la très vaste majorité des gens, me direz-vous. Vous avez sans doute raison, mais je m'en fout. Je n'ai pas à être comme la majorité des gens.

En fait, ça ne fait que me créer un autre dilemme: Je suis un homme social, mais qui a toujours souffert d'anxiété sociale. La belle affaire, hein ?

Et en plus, ça fout complètement en l'air le projet qui était mon oxygène et me nourrissait depuis des années.

C'est vrai finalement que certaines personnes naissent avec les gènes disposés d'une façon qui les rend moins susceptibles au bonheur que d'autres. J'ai déjà eu cette conversation avec Lola d'ailleurs, il y a quelques années.

Je suis une personne angoissée et insécure qui a peur des autres, mais qui a besoin d'eux. De plus, je suis une personne qui désire la liberté plus que tout, mais qui est terrifiée par les responsabilités que cette liberté entraîne.

La bonheur pour moi ne sera jamais simple. Jamais. Ça ne veut pas dire qu'il sera impossible, mais je ne réussirai jamais à l'atteindre sans un énorme travail sur moi, et ma vie ne sera jamais rien d'autre qu'un ensemble de compromis plus ou moins satisfaisants.

Je vais quand même laisser encore un peu de temps passer avant de prendre des décisions définitives. Je ne retrouve ma lucidité que de façon sporadique, et si je me fis à mes deux "dépressions" passées, ça risque de prendre encore quelques semaines avant que je ne la retrouve complètement. D'ici là, je ne peux être sûr de rien de ce qui se passe entre mes deux oreilles, tant que mes neurotransmetteurs cérébraux ne se seront pas rééquilibrés.


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