15 octobre 2008

Ben non ! Elle était bien vivante, finalement !

Je lui ai à peine effleuré une patte, et elle s'est immédiatement laissée tomber le long d'un fil de soie. Quelques minutes plus tard, elle remontait lentement le long de ce fil pour reprendre sa place. Je la regarde en ce moment même, toujours accrochée au plafond, exactement au même endroit qu'elle occupe depuis maintenant neuf jours. Connaissant les araignées, elle pourrait bien passer tout l'hiver là, sans bouger, impassible, attendant une éventuelle proie qui ne viendra sans doute jamais.

Je l'envie quelques fois. Elle n'a aucun problème avec l'ennui, elle. Ou la solitude.

Quoi qu'il en soit, je vais soit la descendre dans mon sous-sol (où elle a beaucoup plus de chance de trouver de la bouffe), soit la sortir dehors pour lui permettre de se préparer à hiberner.

Hiberner. Voilà une bonne idée tiens. J'aimerais bien ça pouvoir hiberner moi aussi. Ça me simplifierait tellement la vie. C'est pas pour rien que tant d'animaux le font. Il y a tellement rien à foutre en hiver.

Comme je l'écrivais en répondant à la collègue avec qui je m'entend si bien tout à l'heure, ça va me prendre encore quelque temps pour terminer mon "sevrage" de mon ancienne vie, et créer une nouvelle routine avec ma nouvelle vie. À partir de ce moment là, tout ira bien, et je pourrai me replonger pleinement dans mes projets. Ils auront peut-être légèrement changé d'ici là, mais au fond, quelle importance ? La seule chose qui compte, c'est qu'ils correspondent à mes désirs. Et je peux désirer ce que je veux maintenant, je suis libre. Il est temps que je commence à réellement apprécier cette liberté dont je rêve depuis si longtemps.

Copine m'a appelé cet avant-midi. Elle a attrapé un gros rhume en fin de semaine et a décidé de rester à la maison pour ne pas contaminer tous ses collègues de travail. Elle est en train de se magasiner une voiture et avait besoin de mes conseils. Je m'étais levé ce matin avec une légère rechute de mon état d'âme des derniers jours (je blâme la pleine lune pour ça), et ce téléphone m'a fait me sentir moins seul, moins isolé, comme s'il me rappelait qu'il y a d'autres gens qui ont une vie en dehors du travail.

Et puis cet après-midi, juste avant que je me prépare à sortir pour travailler sur la maison, la vie m'a offert un beau cadeau. Ma petite bombe d'énergie Alegria m'a donné un coup de fil, pour me remonter le moral et me faire profiter de ce positivisme qui lui sort par les oreilles. Elle m'avait écrit plus tôt cette semaine mais je ne m'attendais pas à recevoir son appel durant la journée. Quoi qu'il en soit ça m'a fait plaisir d'avoir de ses nouvelles, d'entendre à nouveau cette petite voix enjouée. Elle ne fait que confirmer ce que je pensais déjà: il y a vraiment des gens génétiquement prédisposés au bonheur. Pas que je veuille dire par là que des gens comme moi sont prédisposés au malheur. Simplement que pour d'autres, le bonheur ne vient pas aussi facilement, aussi spontanément. Mais je crois qu'il est encore possible, même pour des vieux cyniques misanthropes comme moi.

Je relativise beaucoup plus ce que j'ai vécu ces deux dernières semaines. En fait, si j'étais allé consulter un psy pour ça, il aurait sans doute dû déployer un effort de volonté incroyable pour ne pas bailler aux corneilles en m'entendant me lamenter. Ce qui m'est arrivé est tellement commun, tellement classique, qu'ils doivent en voir passer à la douzaine dans leur cabinet.

Pas que je rejette complètement l'idée de consulter un psy par contre. J'ai vraiment envie de comprendre. J'ai l'impression d'avoir en main toutes les pièces du puzzle, mais d'être incapable de les assembler en une image cohérente, et ce, depuis des années. Quoi qu'il en soit, il va falloir que je regarde mes finances pour ça. Parce que désormais, et ce pour le reste de ma vie, je vais devoir apprendre à vivre sur un budget. Je l'ai fait les deux premières années que j'habitais ici, mais finalement j'ai réalisé que mes dépenses étaient si faibles par rapport à mes revenus que ça ne valait tout simplement plus la peine de me casser la tête avec ça. Mais maintenant, les choses ont changé.

Alegria m'a invité à aller lui rendre une petite visite un de ces quatre, idée que je ne rejette pas, au contraire. Mais pas tout de suite. Comme je l'ai dit plus haut, je dois me consolider dans une nouvelle routine avant tout. C'est ma priorité maintenant. De par ma nature insécure et angoissée, j'ai toujours été une créature d'habitude. Une fois que je serai confortable dans mes nouvelles habitudes, cette angoisse, ce stress, disparaîtront complètement. Alors seulement pourrai-je adresser ces problèmes de solitude et d'isolement que je traine comme un boulet depuis presque toujours.

N'empêche que ces coups de fil et ces conversations d'aujourd'hui m'ont fait me sentir moins seul. Ça m'a fait du bien.


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