23 octobre 2008

Elle est encore là. Ça fait combien de jours maintenant, dix-sept ?

Jusqu'à tout récemment je pensais que si j'avais tant de difficulté avec la solitude, c'est que j'avais peur de rester seul avec mes pensées. Mais aujourd'hui j'ai réalisé que ça ne pouvait pas être le cas. Oui, quand je suis seul ici et que je m'ennuie, mes pensées me font peur. Mais quand je fais des randonnées pédestres, ou que je roule de longues heures dans ma voiture sans musique ni radio, ou quand je me couche seul le soir dans le silence de la nuit, ou même quand je prend un bain ou une douche, je ne fais que ça, penser. Et ça ne me dérange pas du tout.

C'est parce que quand je fais une de ces choses, je suis bien. Et quand je suis bien, mes pensées ne me terrifient aucunement. C'est quand je suis mal qu'elles me dérangent. Autrement dit, le fait que mes pensées me fassent peur ou non n'est pas le cause des moments où je me sens bien ou mal, c'est le contraire.

Quand je m'ennuie, quand je me sens mal, alors mes pensées bifurquent vers toutes sortes de scénarios sombres et terrifiant: Ma vie n'a pas de sens, la vie n'a pas de sens, je vais rester seul toute ma vie, celle-ci n'étant plus qu'une succession de jours interminables où je serai contraint de chercher à occuper mon temps chaque minute de chaque heure jusqu'à la fin de la journée, etc.

Quand je fais quelque chose que j'aime, quand je me sens bien, alors les mêmes pensées, les mêmes constations, font naître en moi des réaction émotionnelles complètement différentes: La vie n'a pas de sens ? So what ?!

C'est un problème inhérent à l'espèce humaine, un défaut de fabrication. Ou plutôt non, une conséquence inéluctable de l'intelligence, et indissociable de la conscience d'exister.

Si il y a une chose qui est constante parmi tous les animaux, c'est qu'ils ne vivent ni dans le passé, ni dans l'avenir. Il n'y a que le présent qui existe. Un chien au bout de sa laisse, laissé seul chez lui et qui s'ennuie pendant que son maître est au travail, est malheureux maintenant. Mais dès que son maître rentre à la maison, il saute de joie, il est heureux, il est comblé. Rien de viendra gâcher ce bonheur du moment. Il ne pense pas au lendemain, ou au surlendemain, où ce scénario se répétera. Il est bien maintenant, et il le restera tant que son maître ne repartira pas le jour suivant en le laissant seul à nouveau. Il ne déprime pas, ne fait pas de crise d'angoisse en pensant que, en toute vraisemblance, tous les jours de sa vie ne seront qu'une succession de jours comme celui qu'il vient de vivre.

Pour l'humain, c'est tout à fait différent. À partir du moment où, dans l'évolution, son cerveau est devenu assez complexe pour prendre conscience de sa propre existence, cette complexité lui a aussitôt conféré la capacité de réaliser non seulement la futilité de cette existence, mais aussi sa finalité. De plus, l'humain peut vivre non seulement dans le présent, mais aussi dans le passé et dans l'avenir. Et dans les deux derniers cas, les réactions émotionnelles, agréables ou désagréables, entraînées par ces pensées sont exactement les mêmes que si elles étaient le résultat du moment présent.

La conscience du présent est indissociable de celle du passé et de l'avenir. Cela peut-être une bonne chose. S'évader dans ce qui fut, ou ce qui pourrait être, peut-être une bonne façon de trouver la force de survivre à un moment présent souffrant.

Mais cela peut aussi être une malédiction. Revivre continuellement un passé douloureux, ou se projeter dans un avenir sombre et désespérant, sont deux façons infaillibles de gâcher un moment qui autrement pourrait être très agréable.

C'est compliqué tout ça, n'est-ce pas ? Le pire, c'est que je ne sais pas exactement où je veux en venir au juste. Enfin. Je ne fais probablement que lancer pêle-mêle toutes mes réflexions ici, comme je le fais depuis plus de huit ans.

Quand mes pensées seront plus claires dans ma tête, je me ferai un plaisir de débroussailler tout ça pour vous. En attendant, en lisant ces lignes, vous devrez faire avec la même frustration que je ressens en les écrivant.


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