25 octobre 2008

Dix-neuf jours, maintenant.

Je suis tiraillé entre le désir de profiter de cette période de douceur relative pour la mettre dehors afin qu'elle puisse se préparer à hiberner, et la curiosité de voir si elle va réellement passer tout l'hiver là, immobile, au même endroit.

Je parlais de vivre dans le présent dans mon billet précédent. Difficile de trouver meilleur exemple que ça.


Elle n'est plus là !

J'ai écrit le paragraphe qui précède vers la fin de l'après-midi, et je le relisais avant de continuer cette page, tout en regardant au plafond pour voir si la petite bête à huit pattes était toujours là, et elle est partie ! Je ne la vois nulle part en ce moment, mais je suis persuadé que je vais la retrouver demain à la lumière du jour. Cette fois c'est décidé, elle va aller dehors, dans son milieu naturel.

Parlant de milieu naturel, je suis surpris de voir à quel point il reste encore beaucoup d'insectes dehors même en cette période de l'année. Les montréalais qui lisent ceci trouveront sans doute ce commentaire étrange, mais croyez-moi, ici, ça fait belle lurette qu'il n'y a plus une seule feuille dans les arbres. Il ne manque plus que la neige.

Vous vous seriez sans doute attendu à ce qu'un habitué du plein air comme moi ne s'étonne guerre de ce genre de constatation, mais dans les faits, il y a des années que je ne suis plus qu'un amateur d'été. Dès que les feuilles étaient tombées et que j'avais recommencé à travailler, je ne mettais pratiquement plus le nez dehors jusqu'au printemps. Alors je ne remarquais jamais ce genre de chose. Cet après-midi, alors que j'étais sur mon toit en train de finaliser quelques détails avant de commencer à démonter mon échafaudage, je voyais quelques libellules rouges qui voletaient un peu partout, et elles me paraissaient aussi nombreuses que durant les plus beaux jours de l'été. Aussi, on pouvait très bien voir une multitude de petits insectes volant un peu partout dans le ciel. Cette année, je n'ai jamais passé autant de temps dehors si tard en saison. Si je n'avais pas fait cette crise d'angoisse au début du mois, j'aurais probablement fait cette année encore ce que j'ai fait durant au moins les quinze années précédentes, c'est à dire m'enfermer à l'intérieur dès la fin des jours chauds et ne remettre le nez dehors qu'au printemps. Cette crise aura finalement eu quelque chose de positif, puisqu'elle m'a forcé à élargir mes horizons.

Même si je n'ai plus ressenti ce désespoir paniquant depuis un bon bout de temps maintenant, je passais quand même presque toutes mes journées avec une espèce de boule dans la gorge, ou plutôt une sensation dans la mâchoire, difficile à décrire, mais qui s'apparente à ce qu'on ressent quand on est juste sur le point d'éclater en sanglot. C'était désagréable mais j'essayais de ne pas en tenir compte. Aujourd'hui et hier ont été les deux premiers jours où je me suis senti parfaitement bien, tant mentalement que physiquement, du matin jusqu'au soir. Mon état s'améliore progressivement, de jour en jour. C'est encourageant.

N'empêche que je me sens comme si tous les progrès que j'avais fait sur moi-même depuis des années avaient été balayés d'un seul coup. Je me sens exactement comme ce que j'écrivais il y a cinq ou six ans et, honnêtement, c'est plutôt décourageant. Encore aujourd'hui je déprimais un peu parce que j'ai écrit à Alegria ainsi qu'à la collègue avec qui je m'entend si bien il y a plus d'une semaine maintenant et qu'aucune d'entre elles ne m'a encore répondu. Et ça m'écoeure de me sentir ainsi. Ça m'écoeure de me faire encore une fois une montagne dans ma tête avec quelque chose qui est probablement tout à fait anodin. Ça m'écoeure de jouer encore une fois le rôle de téteux en manque d'attention. Et je sais parfaitement bien que ça doit être lourd à porter pour les personnes à qui je quête cette attention comme un mendiant, personnes qui ont des vies bien à elles et qui ont bien d'autres chats à fouetter plutôt que d'être toujours disponibles pour moi.

Mais je ne voudrais pas non plus vous donner l'impression de me sentir plus mal que je ne me sens en réalité. Comme je l'ai dis plus haut, je vais bien maintenant. J'ai les émotions suffisamment replacées et les idées suffisamment claires pour prendre de nouvelles décisions et faire de nouveaux projets. Pour l'instant, j'ai décidé de me dénicher une petite terre à bois à au plus une heure et demi d'ici. Ça me permettra de me créer un petit environnement à mon goût, sans trop m'éloigner du peu de proches que j'ai encore. Je pourrai m'y construire une petite maison à mon goût. Je pourrais alors vendre celle que j'habite en ce moment et, si mes finances me le permettent (ce qui, selon mes calculs, devrait être le cas), m'acheter en plus un petit camp de chasse qui, lui, serait exactement dans le genre d'environnement que je recherche (seul sur le bord d'un lac au milieu de la forêt boréale) et où je pourrais passer du temps durant l'été. Et il n'est pas dit que je ne pourrais pas éventuellement le rendre habitable à l'année et aller y vivre à temps plein un jour. Seul ? Peut-être. Mais ça me parait moins certain maintenant. Je l'ai dit et je le répète: Ma vie prend tout son sens dans le partage.


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