18 avril 2009

J'ai encore laissé trop de temps passer et j'ai peur encore une fois de laisser passer des choses. Ma tête marche à cent à l'heure ces temps-ci. J'essaierai donc d'être bref.

Ce que j'essayais de vous dire dans mon dernier billet, à propos de la raison pour laquelle je prend mes distances des personnes qui m'entourent dès que je me sens bien, c'est que ces personnes, chacune à leur façon, m'apportent toutes une certaine part d'inconfort, de malaise, en plus du bien qu'ils me font. L'un ne va pas sans l'autre, me direz-vous, mais quand on en vient à ressentir certaines de nos relations comme un "mal nécessaire", vous conviendrez avec moi qu'il y a un problème.

D'abord, ma famille. Le décès de ma mère m'a amené à une réalisation qui ne me quitte plus depuis, qui refait surface dans mon esprit régulièrement. Ce que j'ai vécu à ce moment là, cette souffrance, je vais la revivre, encore et encore. Je suis le plus jeune de la famille, et donc, statistiquement, j'ai de bonnes chances de voir disparaître mon père, puis ma soeur, puis mon frère, et de revivre ça à chaque fois. Le sens commun semblerait alors dicter de profiter pleinement des membres de ma famille pendant qu'ils sont toujours avec moi, de vivre pleinement l'instant présent. Mais ma réaction à moi, c'est de me dire que si au contraire je prend mes distances, je m'éloigne, je me détache progressivement d'eux, alors quand arrivera l'inévitable moment de les perdre, le deuil me sera rendu plus tolérable.

C'est le cas classique de ne pas aimer pour ne pas souffrir.

Quant à mes amies, la situation est un peu différente. Comme vous le savez déjà, à toute fin pratique toutes mes amies sont des femmes. Des femmes que j'ai toutes désirées à un moment ou à un autre. Des femmes qui sans exception, pour des raisons différentes, m'ont toutes rejeté. Je sais, je sais, vous allez me dire qu'elles ne m'ont pas vraiment rejeté, qu'elles ont toutes choisi de m'offrir leur amitié, même une amitié indéfectible dans certains cas. Et vous avez raison, et n'allez pas croire que je n'en suis pas conscient et que je ne l'apprécie pas.

Mais le fait demeure qu'à l'origine, ce n'était pas l'amitié qui m'intéressait chez ces femmes. Je voulais plus. Et je ne parle pas seulement de sexe, mais bien d'attachement, d'amour; je parle d'une relation homme-femme.

La réalité c'est que chacune de ces femmes, malgré toutes les bonnes choses qu'elle m'apporte, représente aussi, pour une partie de moi, un échec. Un échec qui m'est ramené à l'esprit chaque fois que je suis en face de l'une d'elle.

Chaque fois que je suis avec une de ces femmes, je me fais rappeler que je suis un homme, à l'aube de la cinquantaine, qui jamais une crisse d'ostie de fois dans sa putain de vie n'a réussi à intéresser une femme ne serait-ce qu'à essayer de partager sa vie avec lui.

Est-ce vraiment surprenant alors que, si j'en avais la possibilité, je choisirais de ne plus jamais avoir besoin de personne et de m'isoler pour toujours au fond de ma forêt qui, elle, me procure tant de plaisir, tant de satisfaction, sans jamais jamais jamais me faire me sentir comme un "looser" ?


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